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lundi 27 juin 2022 |
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Arbre et pirogue
Tout homme est tiraillé entre deux besoins, le besoin de la
Pirogue, c’est-à-dire du voyage, de l’arrachement à soi-même, et
le besoin de l’Arbre, c’est à dire de l’enracinement, de
l’identité, et les hommes errent constamment entre ces deux
besoins en cédant tantôt à l’un, tantôt à l’autre ; jusqu’au
jour où ils comprennent que c’est avec l’Arbre qu’on fabrique la
Pirogue.
Mythe Mélanésien de l’île du Vanuatu
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Rencontre E.C.O. Ecoute
à Coeur Ouvert du Mardi 8 février 2022
La perception me permet
d'être en contact avec la réalité.
Avec moi, avec l'autre,
avec la nature.
Le bonheur est unité.
Unité avec soi-même (cœur,
corps, esprit),
et unité avec l'extérieur
(l'autre et la création).
Pour réaliser cette unité
:
J'essaie d'être Présent à
moi-même, présent au monde; je communie ...
Et le bonheur durable
s'appuie sur l'intérieur :
Le paradis est là où je
suis.
La source ultime est à
l'intérieur.
Pour développer cette
source intérieure, indépendante de l'extérieur, je médite :
Tout est atteint ici et
maintenant.
https://www.spiritualite-laique.com
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Par
Jean-Etienne de Linarès –
Faire la guerre a toujours
signifié tuer des hommes et faire pleurer des mères.
Rien de nouveau depuis l’invention de la massue.
Mais aujourd’hui, près de 90% des victimes d’un
conflit sont des civils et les crimes de guerre –
nettoyages ethniques, génocides, disparitions
forcées, viols systématiques…- sont devenus le lot
de tous les conflits. Et parmi eux, l’usage massif
de la torture.
Si la torture se pratique en dehors des conflits
armés, la guerre lui offre un champ particulièrement
favorable pour se développer parce qu’alors elle
devient légitime dans l’esprit des protagonistes et
parce que les bourreaux savent qu’ils ne risquent
pas grand-chose (part tomber dans les mains de
l’ennemi).
La Gestapo, les paras en Algérie ou les
Britanniques en Irlande du Nord ont d’abord torturé
pour obtenir des renseignements (prétendaient-ils) ;
les Russes en Tchétchénie, les services secrets
israéliens ou les Américains à Abou Ghraïb ou
Guantanamo ont repris le flambeau. Le prétexte est
toujours le même : sauver des vies. Ben voyons,
comme si la vie était un épisode de 24 heures.
On torture ensuite par vengeance. Vos copains se
sont fait tuer. Vous avez retrouvé leurs cadavres
émasculés. Vos familles ont été massacrées. Alors
tout devient permis. Même si vous avez commencé la
guerre sans être trop hostile à ceux de l’autre
camp, vous en venez à penser qu’ils n’ont plus rien
d’humain. Alors pourquoi se gêner ? Ils sont
communistes, chrétiens, noirs, tutsis, laquais de
l’impérialisme, juifs, bosniaques… la liste est
longue. C’est des qualificatifs qui exacerbent
l’ardeur guerrière et vous autorisent à commettre
les pires crimes contre ces sous-hommes. Et puis il
faut bien que les copains ne soient pas morts pour
rien.
On torture enfin, surtout, pour terroriser. Pour
interdire toute velléité de révolte. On ne torture
pas pour faire parler, on torture pour faire taire.
Pour humilier, pour écraser. Si le torturé est nu,
violé, si ses organes génitaux sont frappés, ce
n’est pas seulement pour la douleur physique
occasionnée, c’est pour détruire l’autre bien plus
que dans sa chair : dans son âme. Lui et tous ceux
que l’on prétend asservir.
La torture est-elle le pire des crimes de
guerre ? Peu importe. Retenons seulement qu’il
n’existe pas de guerre sans torture et que les
destructions qu’elle engendre sont plus profondes
encore que celles causées par les bombes.
Jean-Etienne de Linarès, l’ACAT-France
PS Cet ancien article, extrait de la revue
« Parvis » n°38, est bien antérieur à la guerre
d’Ukraine et c’est pourquoi elle n’est pas relevée !
Mais le drame de la guerre reste toujours aussi vif
… et -hélas- actuel !
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Choisir d’apprendre à vivre ? 05
2022
Depuis que nous sommes tout petits, nous sommes allés à
l’école et nous avons dû apprendre. Des leçons, des poésies,
des verbes irréguliers, des cartes de géographie et des
théorèmes de maths. Apprendre, c’était obligatoire. Nous
n’avions pas vraiment le choix. Nous avons fait de notre
mieux ou pas, selon notre caractère et nos aptitudes mais
aussi les enseignants que nous avons croisés. Etudiants,
nous nous sommes formés pour exercer un métier. Là encore,
ce n’est pas toujours un choix ; il faut bien travailler
pour gagner sa vie.
Mais aujourd’hui que nous sommes adultes, que faisons-nous
pour apprendre à vivre ? Pour nous connaître davantage, pour
mieux nous comprendre, pour mieux communiquer avec nos
proches et pour prendre des décisions plus ajustées ? C’est
une question qui peut paraître saugrenue car personne ne
nous y oblige ! Aucun examen, aucun diplôme ne sanctionne
notre manière de vivre notre vie personnelle. Nous pouvons
choisir d’appliquer les principes qu’on nous a transmis, de
respecter des règles auxquelles nous croyons. Mais en nous,
la vie bouge. Elle vient sans cesse remettre en cause nos
certitudes, nos croyances et parfois nos choix. Alors que
faire ? Comment réagir pour que ce qui nous bouscule soit
une occasion de devenir meilleur ?
C’est d’abord une question de choix. Un choix intime, que
personne ne peut forcer. Certaines personnes ne se laissent
pas remettre en cause. Elles ne le veulent ou ne le peuvent
pas, peu importe. Et il n’y a aucun jugement à porter sur
cela. D’autres ont envie d’avancer. Parce qu’elles croient
qu’il n’y a pas de fatalité, qu’un changement est possible,
qu’on peut évoluer à tout âge et apprendre de ses
expériences, de ses succès comme de ses échecs. Parce
qu’elles ressentent en elles une force, une dynamique qui
les pousse en avant et les invite, au plus intime
d’elles-mêmes, à se mettre en mouvement pour aller mieux ou
se réaliser.
Pour ces personnes qui cherchent, les moyens sont nombreux.
Thérapies, méthodes de développement personnel, méditation.
Lectures, stages… Approches corporelles ou intellectuelles.
Le choix est si vaste ! A chacun de chercher ce qui lui
correspond le mieux, à un moment donné de sa vie. Et ce qui
est aidant à une période ne le sera peut-être plus quelques
années plus tard.
Mais quelle que soit l’approche choisie, le changement ne se
fait pas tout seul. Il va falloir se retrousser les manches
! Accepter de se remettre en cause, de questionner nos
certitudes, de se heurter, encore et encore, à de vieilles
habitudes longues à défaire bien qu’elles ne nous
conviennent plus. Accepter de ne plus avoir de repères
parfois. Accepter que la liberté et le bonheur sont longs à
conquérir, et qu’il nous faut une détermination tenace pour
nous en approcher.
Le chemin est long, mais on y trouve très vite des motifs de
satisfaction. Que de joies en effet à mieux se comprendre, à
observer que l’on évolue, à oser poser des actes qui
paraissaient impossibles, à se sentir « mieux dans sa peau
», à améliorer ses relations… Ce chemin vaut la peine, pour
les multiples avancées qu’il permet, au fur et à mesure.
A toutes ces personnes qui cherchent, j’ai envie de dire
courage ! Vous n’êtes pas seuls. Nous sommes tout un peuple
d’hommes et de femmes motivés à devenir plus humains.
Déterminés à devenir qui nous sommes vraiment, au fond de
nous, parce que c’est le meilleur moyen de donner le
meilleur de nous à notre monde et de contribuer à le
transformer. C’est long, laborieux parfois, mais n’est-ce
pas la plus belle manière de donner sens à notre vie ?
Marie-Pierre Ledru - Mardi 1er mars 2022
PRH France
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SANTE
et DEMOCRATIE
;
Réactions de lecteurs
Vaccination,
J'ai été déclaré positif dès le 14
décembre 2021, point de départ d'une mésaventure de 3
semaines qui m'a conduit à l'hôpital du 24 au 30/12. Cette
période ne change pas le regard que je porte humblement sur
la période Covid et le danger qu'il y a à diviser la
population puis à stigmatiser et caricaturer la minorité en
l'excluant du groupe (tout en excitant la majorité qui se
sent soudain investie d'une mission et du pouvoir de
juger...). La dernière sortie de notre Président venant
finalement illustrer parfaitement la situation.
Il est frappant de voir avec un peu
de recul comment il a suffi de quelques saillies médiatiques
du gouvernement pour que toute la presse dans un silence
assourdissant et la grande majorité de la classe politique
suive comme un seul homme sans se poser plus de questions.
Cela explique sans doute quelques heures sombres de notre
histoire ...
Sur le fond il y aurait matière à
débattre sur les causes de ce fiasco démocratique mais
finalement ces évènements sont révélateurs sur le fait que
notre fonctionnement et notre organisation ne tolère
finalement que très peu (pas ?) de contre-pouvoirs des
citoyens et de la société civile. Particulièrement et
paradoxalement, en temps de crise, le pouvoir central
entouré de quelques conseils décide du dogme à imposer à la
population (dans son intérêt bien évidemment). Ensuite, un
discours est construit pour le vendre coûte que coûte quel
qu'en soit le prix (y compris si nécessaire la manipulation,
le mensonge, la dissimulation) car seuls eux savent ce qui
est bon pour nous. Et si la vente ne marche pas, il y a
recours à l'autorité. Bien entendu, aucune remise en
question du dogme n'est envisageable en cours de route.
Dans ce mode de fonctionnement, la
contradiction, le débat, la réflexion, le questionnement
n'ont pas leur place. La minorité doit plier, point
barre. Par exemple, est-il possible de se poser la question
de l'impact sur le système immunitaire de 3 injections de
vaccin par an pendant XXX mois et donc de l'évolution de son
rapport coût/bénéfice, en particulier pour les jeunes pour
lesquels le risque covid est quasi nul ? Apparemment non.
Jamais un journaliste ne posera cette question sur un
plateau télé.
Tout cela devrait montrer l'urgence
d'une réforme de notre belle démocratie vers une version
plus mature, plus adulte, plus transparente avec des
instances citoyennes ou le pouvoir élu ne serait pas sur un
piédestal mais devrait rendre des comptes en permanence et
pas seulement tous les 5 ans. Mais, à la lumière de ces
derniers mois, je me demande si cette opinion n'est pas
finalement très minoritaire (encore !), la majorité des
personnes qui m'entourent préférant finalement un système
centralisé autoritaire plus rassurant qui évite de se poser
des questions...
Alain Brosseau
-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-
La bagarre continue !
À ma droite, largement majoritaires,
les provax (par raison, par crainte, par soumission ?) ; à
ma gauche,
minoritaires, les antivax (par raison, par crainte, par
complotisme ?). Entre les deux, les indécis perplexes
et les nombreux vaccinés à contre-cœur (pour ne pas perdre
leur travail, pour vivre une vie un peu normale). Les
premiers accusent les seconds d’imprudence, d’incivisme,
d’être des dangers pour eux-mêmes et pour la société et d’engorger les hôpitaux.
Les seconds accusent les premiers d’imprudence et de
crédulité, d’intolérance et de dictature ! Peut-on se parler
en frères, discuter au lieu de s’invectiver ?
Trois remarques pour peut-être
relativiser.
1. Si la stratégie du tout vaccin
montre ses limites et entraîne, à ce que je vois autour de
moi, plus de séquelles graves qu’on ne le dit, on ne peut
cependant pas nier son efficacité, particulièrement pour
les personnes à risques (âge, comorbidités). Il semble aussi
que soigner plus précocement (grâce aux tests) sauverait
bien des vies.
2. Si l’on veut traquer ceux qui
engorgent les hôpitaux, il faut aussitôt interdire le tabac,
sevrer de force les fumeurs et les alcooliques, car leur
comportement fait beaucoup, beaucoup plus de dégâts que la
Covid.
3. Enfin (je m’efforce d’être
impartial), on peut comprendre les réticences devant des
vaccins dont personne ne connaît les effets à long terme,
puisqu’il faudrait un recul de 10 ans. C’est au bout de
plusieurs années que Distilbène, thalidomide ou Mediator ont
révélé leur nocivité.
Comparaison n’est pas raison, et
j’espère bien que nos vaccins ne sont pas des bombes à
retardement. Mais ne peut-on accepter, au bénéfice du doute,
des choix différents, sans diaboliser ni violenter personne
? Hélas, on n’en prend pas le chemin !
Alain
C aburet
-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-
Je ne suis pas du tout antivax d'une manière
générale, je suis simplement non "vacciné" covid (ce n'est
pas un vaccin au sens habituel) avec mes raisons construites
avec mes appréciations de ce qui s'est passé depuis 2 ans.
Au tout début de l'enthousiasme d'un "vaccin " miracle qui a
fait grimpé le CAC 40, j'ai eu des doutes sur le sérieux de
l'affaire. Je me suis renseigné auprès de médecins
scientifiques indépendants de haut niveau comme par exemple
le docteur Michel de Lorgeril reconnu au niveau
international par ses travaux.
Pour faire court, ce "vaccin "n'est surtout pas solidaire,
il suffit d'ouvrir les yeux sur la réalité
: étant vacciné on peut prendre le covid et le transmettre à
d'autres !!!!
Protège t'il la personne
? Il n'y a aucune preuve probante ( les courbes
de personnes décédées ou en soins intensifs sur la base des
données officielles dans différents pays plus ou moins
"vaccinées" sont analogues...).
Les nombres de personnes contaminées ne
représentent pas du tout la réalité : il suffit de faire
peur ou d'imposer des tests pour faire augmenter le chiffre
qui ne représente pas la dangerosité de l'épidémie. C'est
pourtant sur ce critère que le pouvoir se base pour imposer
des contraintes insupportables (notamment pour les enfants).
Enfin, ces "vaccins " ont été appliqués à des
centaines de millions de personnes à travers le monde alors
que les essais cliniques ont été bradés en ne pratiquant pas
le double aveugle correctement, comme tous les médicaments
doivent être testés. Par conséquent ces essais n'ont aucune
valeur et donc les effets secondaires inconnus. Aujourd'hui
on sait officiellement qu'ils battent les records de leurs
prédécesseurs....mais on en parle pas!
La publicité vaccinale est répercutée en boucle
(un peu moins maintenant) sur tous les grands médias à coup
de slogans et d'ordres sans justifications scientifiques
solides.
J'ai 77 ans et j'ai "survécu" au
covid sans problème à part une perte de goût de 2 mois...
Jean
Pétition
demandant la création d’une commission d’enquête sénatoriale
sur les effets secondaires des vaccins contre le covid-19.
Rendez-vous sur la
plateforme e-pétitions du Sénat français :
https://petitions.senat.fr/initiatives/i-917
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"Agir,
grandir et son âme embellir"
par Van de Woestyne
C'est quoi une vie pour finir ?
Naitre, grandir, devenir.
Espérer, vouloir, tendre vers l'avenir.
Ne pas croire que le meilleur est à venir.
Parfois le meilleur est là, mais nous évitons
de le cueillir,
la tête penchée sur nos pas, à toujours vouloir
courir.
Vivre, ce n'est jamais se dire que tout est
acquis, sans coup férir.
L'amour d'une femme ou son sourire.
Le bonheur des enfants, dès leur premier
soupir.
L'envol des ados et leurs premiers délires.
Que serions-nous sans la jeunesse pour nous
éblouir ?
Sans elle, nous laisserions la Terre
s'anéantir,
les espèces dépérir, les jours roussir,
l'avenir s'assombrir.
Vivre, c'est toucher le bonheur, essayer de le
contenir.
Le cultiver, le laisser fleurir.
Vivre, c'est réussir sans se durcir.
Construire une famille, l'agrandir.
Apprendre à donner, à offrir.
Tenir, oui tenir, sans trop dépérir.
Subir des accrocs, des drames, douter et malgré
tout, sourire.
Souffrir, parfois en silence, sans rien dire.
Mais aussi se lâcher, pleurer, décompresser, se
souvenir sans rougir.
Vivre, c'est apprendre, surtout, à aimer,
parfois jusqu'au délire.
S'émouvoir, trembler, serrer jusqu'à faire
pâlir.
Vivre, c'est aider ceux d'ici, que l'on veut
chérir.
Mais aussi tendre la main, à l'étranger, venu
sur un navire.
L'écouter, ne pas le juger, l'aider à rebondir.
En un mot, l'accueillir et sa vie, l'adoucir.
Vivre, c'est se chercher, se trouver,
s'épanouir,
que déjà, c'est si court, il faut partir.
Non pas maintenant, encore trop de choses à
découvrir.
Le temps n'est pas encore venu de fléchir.
Mais bien de continuer à s'épanouir.
Et savourer tout ce qui dans la vie nous fait
encore frémir.
Car chaque jour, l'objectif demeure : agir,
grandir et son âme embellir.
Joyeux Noël. Faites de 202*, un saphir.
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Silence et parole
Enzo Bianchi
... Le
silence est l'absence de bruits et de mots, mais, tu le
sais, il recouvre une réalité plurielle : le silence peut
être exigé dans certains lieux en certaines circonstances...
Si certains silences sont lourds, d'autres sont nécessaires
et fonctionnels. En effet, par bonheur, il existe des
silences positifs, auxquels on ne saurait renoncer : le
silence de respect devant la parole de l'autre; le silence
que l'on choisit, car il est "un temps pour parler et un
temps pour se taire" (Qo 3,7); le silence de l'amitié et de
l'amour, où le langage non verbal permet au silence de
devenir parole; le silence de la présence et de la
plénitude, lorsqu'on est bien ensemble et que cela suffit;
le silence qui est écoute amoureuse, attentive,
contemplative, recueillie; le silence "d'une brise légère",
qui se fait voix ténue comme pour Elie sur le mont Horeb
(1R19, 12-13); et puis, il y a le silence intérieur, qui
habite le cœur de chacun de nous, qui permet de faire place
à la présence des autres et de Dieu...
Mais
pourquoi faire silence, pourquoi apprendre progressivement
le silence ? Avant tout parce que dans le silence nous
faisons l'expérience d'énergies qui génèrent une activité
intellectuelle plus féconde : le silence stimule notre
mémoire, il affine nos facultés de raisonnement et
d'imagination. Oui, dans le silence, nous devenons plus
réceptifs aux impressions transmises par nos sens : nous
voyons, nous écoutons, nous sentons, nous touchons mieux !
Ainsi, lorsque nous voulons faire une caresse -ou la
recevoir- le silence se fait tout naturel ...
Tu peux
tenter l'expérience de la solitude. Tu verras que les heures
durant lesquelles tu ne parles pas et n'écoutes ni mots, ni
bruits te rendent différent ; elles t'aident à écouter ce
qui t'habite au plus profond de toi.
Ainsi,
nous prenons peu à peu conscience des raisons qui nous font
parler. Nous faisons connaissance de réalités insoupçonnées
: nos mots sont souvent des instruments de conquête ou de
séduction, qui permettent à notre "moi" de gagner en
puissance, d'acquérir un certain succès. Nous nous
apercevons que nos paroles sont agressives ou intéressées,
qu'elles visent un but non déclaré, qu'elles sont des outils
de manipulation. Alors, dans le silence, nous apprenons à
parler, à veiller toujours plus attentivement sur le style
de notre communication afin que, dans le dialogue, nos mots
soient toujours davantage source de communion et de paix...
Enzo Bianchi
(Panorama)
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Entre présence et absence, entre
engagement et lâcher-prise, entre disponibilité et veille
Jean-Claude
Devèze
Dans notre monde encombré, la recherche
d’intériorité inspirant des implications responsables exige de trouver
les bons équilibres entre le trop plein et le vide, entre une pleine
présence à autrui dans la rencontre et une absence permettant de nourrir
une vie intérieure ; cette dernière peut être porteuse d’une attention
renouvelée à l’autre comme d’une ouverture à des voies nouvelles à
explorer. Alors qu’il est souvent difficile de se consacrer à
l’essentiel vu les tentations et les pressions d’une société qui nous
harcèle, comment être à la fois disponible pour coconstruire la société
fraternelle à laquelle nous aspirons et prendre le temps indispensable
pour discerner la voie à suivre et nourrir notre vocation ?
Dans nos débats sur la vie démocratique de nos
mouvements, une nouvelle approche est souvent privilégiée, celle du
« centre vide » qui permettrait à chacun d’avoir sa part de pouvoir.
Inexorablement, pourtant, se posent les problèmes de la façon de faire
vivre une organisation, de l’animer et de la gérer comme de déterminer
ses priorités ; lors de la création d’un mouvement, il est certes
souhaitable d’autogérer le processus de création permettant de dégager
des finalités partagées et un socle commun de convictions, mais il est
ensuite nécessaire de se fixer des règles communes et de désigner des
responsables acceptant de se mettre au service du groupe pour permettre
leur mise en œuvre et leur adaptation à la vie de l’organisation.
Comment concilier un engagement de tous permettant d’avancer ensemble et
un lâcher-prise de chacun quand il faut laisser mûrir les décisions et
se développer les initiatives ?
Dans nos vies collectives à réguler, on a besoin de
personnes pleinement présentes à autrui, mais aussi capables de prendre
de la distance pour se ressourcer comme pour laisser chacun cheminer
sans le retenir dans des filets bridant sa créativité. Comment allier
disponibilité empathique et retrait vigilant ?
Nous avons besoin de nous recentrer sur l’essentiel
pour parler vrai comme pour écouter pleinement ceux qui nous
interpellent et nous dérangent, le pape François comme Marion
Muller-Collard nous proposant de « se réduire » pour laisser la place à
l’autre. Une voie à explorer est de développer une présence
contemplative, source de recréation et de renouveau.
https://www.democratieetspiritualite.org
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Pourquoi
écris-tu de la poésie ?
par Abdellatif Laâbi
31
août 2015
-
Pourquoi écris-tu de la poésie ? Peux-tu nous le dire ?
- Va
savoir pourquoi l'abeille butine l'hymen des fleurs,
pourquoi le soleil fait don gratuitement de sa lumière,
pourquoi l'homme et la femme sentent monter en eux au même
moment le fluide de la reconnaissance et de la fusion,
pourquoi le nouveau-né sourit pour la première fois alors
que ses yeux distinguent à peine ce qui l'entoure. Sans
parler du pourquoi de ces pourquoi. Qui, quoi parle en nous
cet idiome intérieur venu du continent intérieur et qui
n'est d'abord traduisible dans aucune langue reconnue car
poussée vitale dont on ne peut happer avec les mots que la
partie infime, quelques ruisselets participant modestement
du fleuve caché de sa houle ?
19
mai 2016
J'atteste qu'il n'y a d'Être humain que Celui dont le coeur
tremble d'amour pour tous ses frères en humanité
Celui
qui désire ardemment plus pour eux que pour lui-même liberté
paix dignité
Celui
qui considère que la Vie est encore plus sacrée que ses
croyances et ses divinités
J'atteste qu'il n'y a d'Être humain que Celui qui combat
sans relâche la Haine en lui et autour de lui
Celui
qui dès qu'il ouvre les yeux au matin se pose la question :
Que
vais-je faire aujourd'hui pour ne pas perdre ma qualité et
ma fierté d'être homme ?
Abdellatif
Laâbi
né en 1942 à Fès, est un poète, écrivain et traducteur
marocain. Il a fondé en 1966 la revue Souffles
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S’approprier le
silence
par
Jacques Musset
Le silence est le lieu par excellence de retrouvailles
avec soi-même. Silence et recueillement ne sont pas pour
autant des valeurs spontanément reconnues comme
capitales, et cependant sans elles nous risquons de
traverser la vie comme des girouettes, des somnambules,
des automates et des caméléons. Occupés et suroccupés
du matin au soir, nous courons de la maison au travail,
du travail aux loisirs, des loisirs aux réunions, et des
réunions chez le médecin qui diagnostique un stress
prononcé. Nous nous activons, mais quel sens a cette
agitation qui nous mène, dont nous nous plaignons mais
dont nous ne pouvons nous passer, comme le drogué qui
aime sa dépendance. Est-il possible d’avoir prise sur
cette course incessante et d’y trouver des espaces de
silence où reprendre souffle, mettre à distance ce que
nous vivons et la manière dont nous le vivons ?
La question est sacrilège pour certains qui verront dans
ces moments d’arrêt un luxe pour gens désoeuvrés, une
introspection malsaine qui coupe les cheveux en
quatre, un examen de conscience culpabilisant et
démobilisateur, un gaspillage de temps précieux, une
focalisation sur son nombril. Ceux-là n’ont pas le temps
de se poser. Ils foncent, foncent et se retrouvent au
bout du compte face à un précipice, à un vide
existentiel quand les enfants ont quitté la maison,
quand ils sont privés, au temps de la retraite, de leurs
bouillonnantes activités professionnelles, ou plus tard
quand les infirmités les réduisent à l’inactivité ou à
des maladies invalidantes. C’est le désastre ! C’est
cependant pour certains l’occasion pour la première fois
de s’interroger sur la signification de leur existence
et le début d’un chemin d’appropriation de leur vie.
Heureux dépouillement qui les conduit à revenir à
eux-mêmes. Il n’est jamais trop tard pour le faire.
Certains êtres après une vie d’insouciance et de
divertissement (au sens pascalien du terme) - y compris
dans le domaine religieux, car on peut « fonctionner »
dans ce secteur d’existence comme dans tous les autres -
s’éveillent sur le tard à leur humanité. Ils constatent
alors, faute d’avoir pris le recul nécessaire au temps
opportun, que dans leurs activités - vécues pourtant
avec assiduité et rigueur - ils ont été plus vécus que
vivants, manipulés, entraînés inconsciemment à dire, à
croire et à faire des choses qui leur paraissent
désormais bien superficielles et factices. Tant mieux
pour quiconque a eu cette chance avant de mourir.
A voir, par contre, des vies qui se terminent dans une
sorte de regard négatif sur leur itinéraire qu’elles
jugent raté et qui les conduit à une passivité
résignée, à une amertume rentrée, à un désintérêt pour
tout, à un mutisme glacé, à une rancœur et une critique
acerbe contre le monde entier, on peut se dire qu’il
n’est pas inutile et qu’il est même essentiel, au long
des années, de s’interroger sur le sens de son
existence. Les moyens ne manquent pas et parmi eux
l’expérience du silence et du recueillement. Prendre le
temps de s’arrêter, de faire une pose dans ses activités
quotidiennes, quelle meilleure pratique pour faire la
vérité sur soi-même, laisser tomber l’agitation
intérieure, relativiser ce qui prend parfois dans sa vie
des proportions exagérées, calmer ses émotions, ne pas
se laisser envahir ni emprisonner par les soucis
immédiats, décanter en soi ce qui est artificiel,
mondain, superficiel, débusquer ses illusions, se
dépouiller de ses masques, prendre conscience de ses
réactions récurrentes, héritées de ses parents ou de
son milieu, qui brouillent ses relations avec autrui,
bref à travers tout cela être conscient de la manière
dont on conduit son existence. Mais cette décantation si
nécessaire, ce travail de décapage intime si capital,
cette lucidité portée sans concession sur soi n’ont pour
but que de nous permettre de réajuster sans cesse notre
vie sur ce qui nous semble l’essentiel, c'est-à-dire ce
qui apparaît la voie de la vérité à chacun de nous. Car
ce chemin n’est pas identique pour deux personnes ; il
est original pour l’une et l’autre qui s’essaient
cependant en même temps d’être fidèles à la voix
intérieure qui les sollicite au plus intime. Ainsi, le
silence est-il un espace privilégié pour naître à son
humanité.
On peut trouver le silence intérieur partout si nous le
cherchons : sous un abri bus en attendant le tramway ;
dans un transport en commun ; sur les sentiers de
randonnée solitaire ; dans une pièce reculée de sa
maison ; au fond d’une église, en dehors des offices ;
dans un monastère où l’on vient passer quelques jours ;
en lisant tranquillement un livre ; dans un côte à côte
régulier et recueilli avec son conjoint ou d’autres
personnes. Il est bien sûr des endroits et des moments
plus privilégiés. A chacun de les découvrir et de se les
imposer, non comme une corvée mais comme un besoin vital
dont on a déjà expérimenté les bienfaits. Il y a certes
un acte de foi à franchir les premiers pas, mais si l’on
y consent, n’est-ce pas parce qu’on est secrètement en
attente de ce ressourcement ? Tout vient à son heure
pour qui n’a pas verrouillé les portes de
l’interrogation sur soi-même. Mais cette dernière
hypothèse existe-t-elle dans la mesure où à maintes
reprises dans l’histoire des êtres apparemment
« bétonnés » spirituellement se sont réveillés
soudainement à la faveur d’un événement qui remettait en
cause les sécurités dans lesquelles ils s’étaient
douillettement enfermés ? François d’Assise, Ignace de
Loyola, l’abbé de Rancé, Charles de Foucault, qui ne
rêvaient que de vie facile ou de prouesses guerrières ne
témoignent-ils pas que tout homme est habité au plus
intime par l’interrogation essentielle : « Que
fais-je de ma vie ? » même si le questionnement est
recouvert d’une épaisse couche de scories qui empêchent
la Voix de se faire entendre. Il suffit d’un tremblement
de terre intérieur, d’une déflagration intime, pour que
le murmure de la Voix se faufile à travers le sol
fissuré et parle au coeur de l’intéressé. Là se joue sa
liberté de tendre l’oreille et de commencer un
cheminement dont il ne peut prévoir jusqu’où il le
conduira.
Toutes les traditions spirituelles qui proposent aux
humains des chemins pour naître à eux - mêmes invitent à
faire l’expérience du silence. On comprend que ce n’est
pas sans raison. Dans la tradition bouddhiste, vieille
de 2600 ans, le recueillement est particulièrement à
l’honneur. Il ne s’agit pas, comme on le prétend parfois
à tort, d’une fuite du monde et d’une recherche
égocentrique de sérénité. Le moine ou le laïc qui
s’adonne au silence et à méditation, seul ou avec
d’autres, s’efforce de prendre conscience de tous les
obstacles qui l’empêchent de vivre en vérité, des
illusions qui l’emprisonnent dans une façade sociale,
des attachements, certains très subtils, qui le
maintiennent esclave et lui barrent la route de la vraie
liberté. Ces prises de conscience sont capitales pour se
débarrasser de ces chancres de la vie spirituelle et
pour avancer dans la pratique d’une unité intérieure.
Dans la tradition juive, le silence qui rime avec désert
est tout aussi présent que la parole et est même une
condition pour une parole authentique. « Il y a un
temps pour se taire et un temps pour parler », écrit
un sage. L’expérience du désert est fondatrice du
peuple de la Bible. Espace dépouillé de tout ce qui peut
captiver et retenir l’attention, où le peuple, sorti de
captivité, ne dispose plus de ses appuis habituels, de
son relatif confort, de ses repères, où l’horizon qui
se perd à l’infini peut inspirer la crainte de se
perdre, où la vie quotidienne est rude, la nourriture
frugale et l’eau rare, le désert est dans la
spiritualité juive le lieu par excellence du
ressourcement. Le cœur et l’âme sont mis à nu pour
devenir disponibles à l’essentiel. L’épreuve est très
rude. De terribles tentations se font jour : le désir de
revenir à la case départ, le doute de s’être fourvoyé,
la tentative de se raccrocher aux fausses sécurités
d’antan, la plainte et la récrimination permanente. Mais
la traversée du désert est aussi chemin de libération.
Peu à peu, le peuple nomade fait l’expérience dans la
précarité de sa véritable identité. La voix qui l’a
conduit au désert ne lui a pas menti : sa vocation est
d’être un peuple libre et fraternel. Il jure qu’il lui
sera fidèle. Mais devenu sédentaire, il oubliera souvent
cet appel : il recourra de nouveau aux vieilles lunes
et pratiquera sans vergogne l’injustice. L’un des
premiers prophètes, Elie, incompris, persécuté et au
bord du découragement s’enfuira au désert retrouver
souffle et revenir dire ses quatre vérités à son peuple
infidèle. Les siècles passant, il faudra pourtant une
thérapie de choc. Le retour au désert qui prendra la
forme d’une effroyable déportation en terre étrangère au
6ème siècle avant notre ère sera
paradoxalement le creuset d’un réveil spirituel
extraordinaire. Merveilleux malheur ! selon la belle
formule du psychiatre Boris Cyrulnik, qui exprime par
là la capacité des êtres humains à rebondir dans
l’existence … Pareil approfondissement et maturation
auraient-ils été possibles sans ce dépouillement qui a
contraint le peuple non seulement à revenir à ses
sources vives mais à en faire jaillir des enseignements
inédits ? Aujourd’hui, la rumination silencieuse de la
Thora pour en tirer des sens toujours nouveaux précède
l’exercice communautaire de débat où chacun fait part de
sa lecture méditative…
La tradition chrétienne est l’héritière de la tradition
juive. Pour elle également l’expérience du silence est
essentielle pour « aimer Dieu de tout son cœur, de toute
son âme et de tout son esprit et son prochain comme
soi-même », ces trois composantes du même commandement,
selon Jésus. Les évangiles témoignent de l’importance du
silence dans le cheminement du Nazaréen. Lui aussi s’est
retiré de temps à autre et jusqu’à ses heures ultimes
dans des lieux déserts pour se ressourcer solitairement.
Moments de décantation d’une vie quotidienne surchargée,
temps d’écoute de la Voix intérieure, consentement aux
exigences intimes perçues dans ces instants de lucidité
et d’authenticité. On comprend qu’il invite ses
disciples à faire de même : « Quand tu veux prier,
entre dans ta chambre la plus retirée, verrouille ta
porte et adresse ta prière à ton Père qui est là dans le
secret…Quand vous priez ne rabâchez pas… Votre Père sait
ce dont vous avez besoin » (Mt 6, 6-7). Etre là,
silencieux, disponible, présent à soi-même et à Dieu, et
d’abord à soi-même n’est-ce pas cela la prière
chrétienne, car comme le dit très justement Marcel
Légaut, « c’est par le plus intime de nous-même que
passe le chemin qui nous conduit à Dieu ». Qu’on
soit moine, au fond de son monastère, père et mère de
famille veillant aux soins des enfants et à l’entretien
de la maison, patron d’une entreprise soucieux du carnet
de commandes, délégué syndical attentif au respect des
conditions de travail, ou député travaillant
d’arrache-pied à une législation plus juste, si l’on se
dit disciple de Jésus, c’est à chacun de trouver les
voies et les moyens de se recueillir pour naître à son
humanité. Dans les communautés de l’Arche fondées par
Lanza del Vasto, il est une habitude dont beaucoup de
chrétiens pourraient s’inspirer. Toutes les heures, la
cloche sonne et, pendant quelques brèves minutes,
chacun, là où se trouve, arrête ses occupations et fait
silence. Cette exigence, librement consentie, favorise à
la longue la présence à soi-même, à autrui et à la
Source intime qui ne se fait entendre que dans le
murmure d’une légère brise.
L’Islam dans sa veine la plus pure promeut aussi le
silence comme lieu de rencontre avec soi-même et avec
Dieu. C’est dans la solitude des montagnes que Mahomet a
pris conscience de la grandeur du Dieu unique, de sa
transcendance et même temps que de sa miséricorde. C’est
dans ces solitudes inhabitées qu’il a compris par
contraste l’inanité des représentations grossières du
divin en vogue dans sa société. C’est de cette
expérience première qu’est née la religion dont il est
le fondateur. Le reste est second, ajouté et surajouté
au fil des années dans un contexte historique dont on
peut parfaitement rendre compte aujourd’hui. L’intuition
fondamentale à laquelle tentent de revenir un certain
nombre de musulmans aujourd’hui au-delà des lois et
prescriptions socialement datées concernant la morale et
la politique est cette révélation intime que le prophète
a connue à la mesure de son attente intérieure. C’est,
me semble-t-il, le fond même de la foi des grands
mystiques musulmans, dont les confréries soufies
réparties à travers le monde sont les héritiers. Un
islam qui invite à l’ouverture du cœur et qui prêche la
fraternité universelle. Les relations étroites qui ont
lié la communauté monastique des trappistes de Tibhirine
en Algérie et celle des soufis des environs sont le
signe de leur connivence profonde, enracinée dans une
approche respectueuse du Mystère secret et indicible qui
les animait tous. Qu’adviendra-t-il lorsque les diverses
traditions, décantées de leurs éléments secondaires et
recentrées sur leur essentiel originel, grâce à un
travail courageux de réinterprétation - chantier
toujours à poursuivre - se rencontreront pour partager
ce qui les fait vivre ? Peut-être que par-delà les mots
employés -nécessaires mais jamais totalement adéquats -,
la communion s’établira dans le silence.
Naître à soi dans toutes ses dimensions ne peut donc
vraiment advenir qu’en empruntant les voies du silence
et en acceptant de s’y enfouir. Il est une expérience à
la portée de tous qui en est pour moi un vivant
symbole. L’hiver est la saison des longues et
imperceptibles gestations. Regardez les arbres dénudés.
On les croirait morts. En réalité, ils portent des
bourgeons minuscules, promesses de feuilles printanières
et de fruits savoureux pour les saisons d’été et
d’automne. Soyez aussi attentifs aux jardiniers : ils
enterrent dans leurs jardins des oignons de tulipes, de
narcisses, de jacinthes et de muscaris qui fleuriront
quelques mois plus tard. Quand les premières chaleurs
d’avril et de mai caresseront la terre, ils
ensemenceront le potager de graines de radis, de salade,
de persil, de carottes, de betteraves rouges et ils
planteront des pommes de terre. Le long séjour dans le
silence de l’humus conditionne l’avènement de toutes
les merveilles qui par la suite enchanteront nos yeux et
régaleront nos palais. Alors pourquoi en serait-il
autrement dans la vie spirituelle qui est, elle aussi,
un patient enfantement de soi-même ? Si vous n’avez pas
de jardin, n’hésitez pas à semer dans un pot sur le
rebord de votre fenêtre quelques graines de persil. En
voyant le miracle s’accomplir, vous vous rappellerez
qu’aucune vie ne pousse hors du lent travail silencieux
des profondeurs. Et peut-être que devant vos quelques
centimètres carrés de terre nue et face aux premières
apparitions de verdure, vous vous souviendrez que
pareillement votre humanité ne peut croître que dans le
mystérieux et silencieux engendrement qui n’a jamais de
fin.
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« La tendresse pour
tout bagage »
Denis LEDOGAR
Tout marin, tout passager qui
monte dans un bateau attend et espère une traversée sans histoire. Ainsi
étaient les apôtres… ainsi chacun de nous attend et espère une traversée
paisible de la vie. Mais voilà… Il n’y a pas de vie sans tempête, sans
orage. Qui n’a pas failli chavirer sous les rafales de la douleur, du
désespoir, de la révolte, des questions sans réponses ? Oh ! non, il n’y
a pas de vie sans tempête. Mais il y a des barques plus fragiles et des
tempêtes plus violentes que d’autres. Comme cette tempête de douleur
qu’est la disparition d’un être cher. Confronté à la plus grande des
souffrances, on a envie de hurler, on a envie de cogner, simplement
parce qu’on n’a pas pu empêcher ce qui est arrivé, parce qu’on se
découvre impuissant face à des forces déchainées et implacables qui
bousculent nos convictions, et qui arrachent sur leur passage nos
ultimes certitudes. Alors seulement on fait la tragique expérience de la
plus radicale pauvreté, car la mort d’un proche nous dépouille de nos
mots, de nos fondements intimes, de notre courage, de nos rêves… Emporté
dans la tempête, comme les apôtres, oui on a peur : on a peur
d’aujourd’hui et peur de demain, peur du jour qui se lève, peur de la
nuit qui va tomber ; on a peur de la solitude, peur de ne pas pouvoir y
arriver seul ; on a peur des autres et de soi-même
Passage
page 17
tiré du livre
Editions Pocket
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Recueil
de témoignages
en souvenir de Jean
SULIVAN
Jean
Sulivan est mort accidentellement le 16 février 1980.
Quarante ans après sa mort, les éditions
"L’enfance des arbres"
lui rendent hommage à travers ce recueil de témoignages. Le
journal Le Monde a autorisé la publication des articles
chaleureux ayant accompagné la sortie de ses livres.
Soixante lectrices et lecteurs ont accepté de dire en quoi
cette écriture était restée pour eux chant et source, parole
essentielle.
AUTEURS :
Jean Sulivan - Bernard Feillet - Henri Guillemin - Jacques Madaule - Jean
Onimus - Jacqueline Piatier - Pierre-Henri Simon
PAROLES D’AMIS
:
Jean Debruynne - Jean Lemonnier - Allessandro Pronzatto - Joseph Guillot
TÉMOIGNAGES :
Charles Austin - Yolande Barbedette - Maria Antonietta la
Barbera - Jacques-Yves Bellay - Geneviève Berthezène -
Dominique Boidin - Jacques Bonnadier - Marie Botturi -
Brigitte Brender - Arnaud Choutet - Anne Chupin - Michel
Cool - Dominique Collin - Guy Coq - Dominique Dao Hu Bao -
Françoise Derouet - Rouillé - Vincent Doulain - Lise -
Simone Gendrot - Patrick Gormally - Claude Goure - Christine
Guenanten - JeanClaude Guillebaud - Gilles Herlédan - Marie-
Laure Herlédan - Christiane Keller – Corinne Kitous - Bruno
Lalonde - Bernard Lamy - Rémi Landais - Martin G. Laramée -
Jean Lavoué - Malou Le Bars - Marc Leboucher - Paul Legavre
- Guy Legrand - René Lemay - Eamon Maher - Jean Marichez -
Robert Migliorini - Hélène Mora - Jacques Musset - Colette
Nys- Mazure - Frédéric Pagès - René Poujol - Anne Prouteau -
Bertrand Révillion - Gabriel Ringlet - Patrice Saliot -
Bernard- Joseph Samain - Robert Scholtus - Anne Sigier -
Geneviève de Simone-Cornet - Pierre Tanguy - Joseph Thomas -
Myriam Tonus - Gérard Vincent - Marie-Thérèse Weisse
La parole, c’est ce « Lève-toi et marche », qui n’en finit
pas d’être dit et de nous créer. Un jour j’ai résolu de
faire confiance à cette parole-là, non assurée, peu
glorieuse, joyeuse cependant dans la pauvreté d’un doute
actif et passionnel. J’ai appris à vivre presque serein dans
le buisson d’épines des questions. Je me suis aperçu que les
questions éternelles se jouaient au niveau de la terre, dans
l’expérience humaine, dans la chair, dans le souffle. Pour
moi, tout a changé. Finalement, nous ne sommes tous que des
passants. – En marche vers l’éternité ! – Déjà dans
l’éternité. L’instant c’est l’éternité.
Jean Sulivan
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La vie n’est pour personne un « long chemin
tranquille ». Comment utiliser
alors
ses
propres
difficultés, ses limites, ses fragilités, ses
expériences comme
de véritables
tremplins ? Comment peuvent-elles mêmes devenir des
forces nouvelles ? C’est ce que Jacques nous précise
dans son témoignage par le « consentement au réel
»
…
et
se l’approprier
par Jacques Musset
Ces mots-là me sont
extrêmement précieux, ils ont acquis à mes yeux un poids
très lourd de signification, mais au terme de quel
cheminement malaisé ! Quel travail intérieur m’a-t-il
fallu en effet pour parvenir peu à peu au consentement
de ce qui s’est imposé à moi d’une façon inévitable et à
en faire un tremplin de maturation humaine ?
Pourquoi le consentement
ne va-t-il pas de soi ? C’est que les obstacles ne
manquent pas qui nous font renâcler, maugréer, nous
esquiver, nous encolérer, déprimer face au réel
incontournable de nos existences : notre hérédité, nos
héritages parentaux, notre formation intellectuelle,
notre éducation, nos limites, notre tempérament avec ses
tics et ses aspérités, notre appartenance à une
histoire, les événements auxquels nous sommes confrontés
et, notamment, ceux qui nous « tombent » dessus d’une
manière imprévue comme les maladies sévères, les
handicaps de toutes sortes. Ils nous mettent en face de
nos impuissances, de notre finitude et au bout du compte
de la mort. … C’est vrai, il est difficile et éprouvant
de renoncer spontanément à maîtriser notre destin.
Chacun avance à son rythme.
Pour ma part, j’ai eu à consentir non sans peine à la
mère qui était la mienne. Directive et inquisitrice,
elle m’a souvent fatiguée et agacée durant mon enfance,
mon adolescence et ma jeunesse avec ses questions, ses
recommandations, ses conseils, ses mises en garde, son
attitude de surprotection. J’ai souffert de cette
situation qui m’a absorbé des énergies et les a rendus
indisponibles pour d’autres investissements. J’ai rêvé
maintes fois d’avoir une autre mère, idéale celle-là,
qui aurait à mon égard une relation plus respectueuse.
Ce malaise a duré trente-trois ans jusqu’au jour où,
grâce à une psychothérapie de quelques mois, j’ai
réellement consenti intérieurement à la réalité : ma
mère était ma mère et il me fallait l’accepter. Ma terre
originelle étant ce qu’elle était, c’était sur cette
terre que je devais bâtir mon existence. A partir de là,
j’ai adopté réellement celle qui m’avait donné le jour
et au lieu de demeurer indéfiniment frustré de ce
qu’elle ne m’avait pas apporté, au lieu d’entretenir en
moi l’amertume, la révolte et la révolte, j’ai fini par
« capituler », ne plus vivre dans le rêve mais dans la
réalité. J’ai pris avec plus d’aisance mon existence en
main. Depuis ce jour, mon regard a changé. J’ai décelé
les causes du comportement de ma mère liée à une enfance
éprouvée et humiliée. Je suis devenu indulgent envers
elle et je lui ai pardonné volontiers ses comportements
outranciers, sans en avoir peur. J’ai commencé à
découvrir également ses richesses.
Vis-à-vis
de mon éducation religieuse dogmatique et moralisante,
il m’a fallu du temps pour y consentir. Certains amis
continuent de réagir violemment contre la leur. « On
nous a eus », répètent-ils et ils distillent de la
hargne contre le catéchisme, leur confesseur, leur curé,
leurs enseignants, les évêques et le pape…
Personnellement, je suis conscient de l’endoctrinement
dont les petits ruraux de ma génération ont été l’objet
dans leurs paroisses
...
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Croire ou savoir
Les biologistes ont découvert chez l'homme des
particularités physiologiques qui n'existaient au mieux que
d'une façon rudimentaire chez les mammifères dits
supérieurs. Dès les années 30, Mac Lean avait découvert
trois niveaux du cerveau humain, dont celui qu'il a appelé
"Cortex" de l'épaisseur d'une membrane chez les animaux,
mais qui avait une consistance bien réelle chez l'homme. En
même temps, il a pu déterminer les rôles respectifs de
chacun d'eux.
Le cerveau "reptilien" se charge des fonctions instinctives,
le cerveau "Limbique" de la mémoire, et le "cortex"
constitue la zone de calcul, réflexion, comparaison ..., un
peu comme le microprocesseur d'un ordinateur manipule les
données contenues en mémoire dans le disque dur (limbique).
C'est ce qui fait que l'homme a de tout temps observé,
corrigé, amélioré tout ce qui était son quotidien. Depuis
qu'il est chasseur cueilleur, et surement bien avant,
jusqu'aujourd'hui, il a un fonctionnement caractérisé par un
"perfectionnement continu", aussi appelé "toujours plus".
On peut dire, sans se reporter à aucune croyance, que
l'homme se perfectionne depuis la nuit des temps, et qu'il
rêve de quelque chose qui soit parfait. A cet égard, on peut
regarder la perspective de son évolution pour mesurer le
chemin parcouru.
Il a vu l'extraordinaire alternance jour-nuit, le miracle du
soleil qui se lève chaque jour, avec les prodigieuses
possibilités, pour faire quand le soleil est levé, et se
reposer quand le jour est fini. Il a pu en déduire que le
soleil ferait une belle perfection et s'en est fait un Dieu.
Dans un autre temps, l’homme a constaté que le Nil irriguait
régulièrement la vallée pour en faire une terre
d'abondance... C'était un bel exemple de Dieu.
Plus généralement, il a trouvé d'autres perfections aussi
diverses que variées, de l'amour, de la guerre, de
l'agriculture,... de quoi meubler l'Olympe, les temples
aztèques, et le reste du monde, d'autant de cultes et de
religions.
On peut juste affirmer aujourd'hui que toutes ces religions
ont choisi ce qu'elles reconnaissaient comme des perfections
pour fonder leurs cultes et en faire leurs dieux.
Et lorsque dans la religion catholique on dit "Dieu s'est
fait homme pour que l'homme devienne Dieu", on confirme que
Dieu est bien un modèle de perfection.
Voilà de quoi expliquer l'avènement des religions.
Je n'entrerai pas dans le détail de ce que l'homme en a fait
: des rassemblements, des communautés reliées par leur
croyances, une concurrence entre les religions pour savoir
la quelle était vraie... les guerres de religions, les
intégrismes, les luttes de pouvoir, les hiérarchies, la
soumission, la foi, mais aussi l'émergence de civilisations
: égyptienne, grecque, latine, judéo-chrétienne, hindouiste,
islamique, et j'en passe...
Leur légitimité n'est pas plus contestable que la diversité
des pensées politiques. On ne peut que laisser à chacun le
droit de choisir de croire ou de ne pas croire, ceci plutôt
que cela. En réservant cependant les particularités
susceptibles de contrevenir à ce que l'on a appelé les
"Droits de l'homme". L'égalité homme-femme par exemple, ne
peut être contestée par aucune religion, au moins dans la
théorie.
Les "dieux" représentaient donc la perfection ou l'idéal
visé par ceux qui y adhèrent. De nombreuses religions ont
ainsi donné à leur Dieu, les attributs idéalisés de l'homme.
Ils ont littéralement "inventé" Dieu à l'image de homme (et
non l'inverse). Il est de ce fait, imprononçable et
inimaginable, invisible, supérieur, créateur, tout puissant,
chef, recours, sauveur, juge, modèle absolu... et on lui
doit amour, vénération, soumission, obéissance,
sacrifices... Plus généralement, il occupe le terrain et
tire le convoi de ses fidèles, en empêchant l'épanouissement
de "l'homme naturel", celui dont le moteur est indépendant
et à l'intérieur de lui même.
La légende de Brahma illustre un peu cette histoire de
divinité (perfection) de l'homme. Cliquer :
http://www.ecoutetpartage.fr/spiritualite.htm#Une_vieille_légende.
Après, il y a la "Nature" et le miracle continu qu'elle
donne à observer. Il n'y a rien à croire ! Juste à
regarder de l'infiniment petit à l'immensité de l'univers,
une extraordinaire perfection...
L'homme, partie intégrante de la nature, est un miracle à
lui tout seul. Je dirai un miracle dans son existence
physique, la constitution de ses organes, ses évolutions
physiologiques de la naissance à la mort. Mais c'est aussi
un miracle dans sa capacité intellectuelle et psychologique
: celle d'être capable de se considérer comme un miracle et
d'en tirer des conséquences susceptibles de donner un sens à
sa vie. Il pourrait aussi bien ne pas s'en rendre compte,
comme la plupart de ceux qui ne cherchent pas, ou qui se
contentent des solutions "révélées". En d'autres termes, il
est capable d'observer son propre fonctionnement et de se
connaître lui-même.
Oui, je crois que l'homme a une pleine conscience de son
"exception naturelle" ou de sa "nature exceptionnelle" : un
être vivant à durée limité, (qui a conscience de sa mort
inéluctable) et en même temps, un être pensant, libre et
capable de définir et choisir ses valeurs et un sens pour sa
vie.
Je laisse au mot "miracle" son caractère mystérieux et
inexpliqué. Mais il s'agit de miracles observables, sans
croyance aucune au sujet de l'auteur du miracle, mais avec
toute la magie que sous-entend le mot. Un miracle de la vie
! qui ne cesse d'émerveiller pour peu qu'on en prenne
conscience.
En effet, l'homme est doté d'un système affectif qui lui
donne la vie (confiance en soi, énergie vitale, santé). Ce
système est vital : sans amour il n'y a pas de vie. (Ceci
n'est plus à démontrer, il suffit d'écouter en ce temps de
confinement, les témoignages des personnes qui ne peuvent
accompagner leurs ainés dans les Ehpad).
L'homme éprouve des émotions, indépendantes de sa volonté,
qui assurent une fonction de régulation naturelle.
L'observation et l'analyse de ces émotions, permettent de
vérifier qu'il existe des caractéristiques spécifiques
communes à l'ensemble de l'espèce humaine (l'humanité ?).
Ainsi, tous les hommes connaissent le bien et le mal, et
sont sensibles au "beau", "bon", "vrai", à la liberté,
l'amour, la justice, et toutes ces valeurs qui fondent la
richesse de notre pensée philosophique.
On peut encore évoquer beaucoup d'autres tendances
naturelles qui portent l'homme à se surpasser. Même si le
fait n'est pas toujours conscient, on peut observer en
particulier que l'homme éprouve de la joie lorsqu'il se sent
utile ; il connaît le bonheur lorsqu'il fait le bien et son
bonheur est à la hauteur des efforts qu'il a consenti pour
cela.
Étonnant ! Non ?
A titre d'exemple, je crois que l'on peut parler ici, du
bonheur qui motive les soignants d'aujourd'hui, à travailler
sans compter ni les heures ni la fatigue, pour sauver des
vies... Dans un système de santé souffrant de pénuries de
toutes sortes et de malaises sociaux depuis des années, on
peut appeler cela un miracle. Pas un miracle de ce Dieu
derrière son nuage, mais un miracle de la nature humaine,
dans ce qu'elle a de meilleur.
Même si le meilleur côtoie parfois le pire, je ne connais
pas de perfection plus accomplie que celle-là. Elle m'apaise
et m'enchante chaque jour. Et si la Perfection s'appelle
Dieu, elle est dans la Nature et dans l'Homme, assurément.
Dieu existe, je l'ai rencontré ! Chacun peut dire cela à un
moment de sa vie.
Maître Eckart disait : "c'est l'image même que j'ai de Dieu,
qui m'empêche de le reconnaître sur mon chemin".
Alors, c'est vrai que j'ai parfois beaucoup de mal à
reconnaître Dieu dans le quotidien, surtout si j'ai
confiance et amour à l'égard de ceux qui m'ont appris le
Dieu de la religion. Je n'ai pas de rancune contre eux. Ils
ne m'ont pas trompé. Ils m'ont juste accompagné jusqu'à ce
que mes forces me laissent libre de penser par moi-même.
Je ne souhaite pas non plus, jeter ma colère sur les
religieux. Elles ont peut-être leur utilité en servant de
tuteur à ceux qui ne savent pas encore distinguer le bien du
mal.
Alors, trouver les incohérences des religions et pointer
leurs superstitions, n'est plus mon combat que je laisse à
ceux qui ont des comptes à régler ou des convictions à
défendre.
Je m'en suis libéré en butinant ici et là les travaux des
humanistes, de quelques philosophes qui m'ont inspiré, mais
surtout de ceux qui ont construit paisiblement une autre
façon de regarder le monde. Ceci n'excuse en rien les
errements du passé, ni même ceux qui sont à venir.
Je veux bien partager ma pensée avec ceux qui en sont
curieux.
J'ai l'habitude de dire que c'est ainsi que j'ai connu ma
conversion des "il faut" travailler pour vivre... en autant
de "j'ai envie" de faire ce pour quoi je suis fait.
Ne plus faire par obligation, mais entreprendre avec
enthousiasme ce qui fait sens dans ma vie, c'est un miracle
qui change tout.
Bernard Heim
Une citation :
Le mystique croit en Dieu qu’il se représente
comme un être personnel, et tire sa joie de son union à Lui,
quand le sage sait Dieu qu’il a découvert comme
la substance infinie et l’a réalisé en lui : « Tout ce qui est,
est en Dieu, et rien ne peut, sans Dieu, ni être ni être
conçu ».
Frédéric LENOIR |
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Extraits
des "Pensées
pour moi-même"
de Marc-Aurèle.
Dès l’aurore
dis-toi par avance : « Je rencontrerai un indiscret, un
ingrat, un insolent, un fourbe, un envieux, un
insociable. Tous ces défauts sont arrivés à ces hommes
par leur ignorance des biens et des maux. Pour moi,
ayant jugé que la nature du bien est le beau, que celle
du mal est le laid, et que la nature du coupable
lui-même est d’être mon parent, non par la communauté du
sang ou d’une même semence, mais par celle de
l’intelligence et d’une même parcelle de la divinité, je
ne puis éprouver du dommage de la part d’aucun d’eux,
car aucun d’eux ne peut me couvrir de laideur. Je ne
puis non plus m’irriter contre un parent, ni le prendre
en haine, car nous sommes nés pour coopérer, comme les
pieds et les mains, les paupières, les deux rangées des
dents, celle d’en haut et celle d’en bas. Se comporter
en adversaires les uns des autres est donc contre
nature, et c’est agir comme des adversaires que de
témoigner de l’animosité et de l’aversion »
Marc
Aurèle, Pensées pour moi-même, Livre
II, chapitre 1
Résumé de : les Pensées pour moi même
Marc Aurèle
Les Pensées pour moi-même ont été rédigées en grec par l’empereur
romain Marc-Aurèle, entre 170 et 180 ap. J.C., souvent
pendant ses campagnes militaires. Elles étaient à
l’origine destinées à être détruites à la mort de son
auteur. Mais elles ont dépassé le statut de simple
journal intime, pour devenir un ouvrage majeur de la
philosophie stoïcienne.
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Qu’est-ce qui différencie un croyant et un athée ?
par
Jacques
Musset
Nous partageons les mêmes valeurs
d’humanisme que nous nous efforçons tant bien que mal de
pratiquer au quotidien : nous essayons d’accueillir autrui
dans sa singularité, de l’écouter, de l’accompagner dans les
passes difficiles qu’il peut traverser. Nous acceptons de
prendre des responsabilités pour le bien commun … Bref,
notre façon d’exister humainement n’est pas bien différente.
Nous ne sommes ni plus humains ni moins humains du fait que
nous croyons ou pas en Dieu.
Au fond, ce qui nous différencie, ce
n’est pas l’ambition que nous avons les uns et les autres de
vivre une vie qui soit vraiment humaine, ni l’ardeur à la
traduire en actes au quotidien. C’est la manière dont nous
nommons ce qui nous inspire communément au plus intime. Ce
n’est pas secondaire à mes yeux, mais c’est second par
rapport à l’expérience d’humanisation vers laquelle nous
tendons tous et sur la voie de laquelle nous nous
accompagnons. Dans le respect de la manière dont chacun
donne sens à son cheminement, poursuivons ensemble la seule
aventure qui vaille : celle de grandir en humanité et de
participer à l’humanisation de notre monde.
Où est-il ton Dieu ?
par Jacques Musset
La présence
autour de moi de proches et d’amis qui pensent et vivent
paisiblement leur existence sans référence à Dieu continue
de m’interroger depuis de longues années : pourquoi
continué-je personnellement à croire en Dieu ? Avec certains
d’entre eux j’ai partagé autrefois des convictions
chrétiennes, puis ils s’en sont lentement éloignés et ils
ont tiré définitivement l’échelle. Qu’est-ce qui nous
différencie ? Nous avons le souci identique de ne pas mener
une vie de somnambule, d’automate et de girouette. Nous
partageons les mêmes valeurs d’humanisme que nous nous
efforçons tant bien que mal de pratiquer au quotidien : nous
essayons d’accueillir autrui dans sa singularité, de
l’écouter, de l’accompagner dans les passes difficiles qu’il
peut traverser. Nous acceptons de prendre des
responsabilités pour le bien commun ; ainsi, quand il y a
trois ans il a fallu dans ma commune envisager de recevoir
une famille de migrants, c’est ensemble que nous nous sommes
mobilisés pour créer de bonnes conditions d’accueil, et
cette expérience de solidarité a resserré les liens entre
nous...Bref, je suis frappé de constater que notre façon
d’exister humainement n’est pas bien différente. Nous ne
sommes ni plus humains ni moins humains du fait que nous
croyons ou pas en Dieu.
Aucun de ces
proches et amis ne m’a demandé pourquoi je continuais de
croire en Dieu. S’il leur en venait l’idée, je leur dirais à
peu près ceci.
Mes amis,
peut-être cela va-t-il vous étonner mais comme pour vous le
sens et la valeur de ma vie se jouent ici et maintenant dans
la manière dont je cherche à m’humaniser et à contribuer à
humaniser notre monde et notre société. Pour tout être
humain d’ailleurs ne doit-il pas en être ainsi dès lors
qu’il est honnête avec lui-même ? Si la démarche n’est pas
acquise d’avance - tâtonnements, fléchissements, erreurs,
épreuves la jalonnent - ne se révèle-t-elle pas une voie
féconde quand on la poursuit dans la durée ?
Mais alors,
me rétorquerez-vous, à quoi te sert de croire en Dieu ?
Qu’est-ce que ça t’apporte ?
Rien en
vérité qui me qualifie davantage en humanité. Je ne suis pas
plus que vous dispensé de chercher ma route, protégé des
inévitables épreuves de l’existence, éclairé d’emblée sur
les choix à faire. Je n’ai pas de solutions toutes faites,
je peux errer, hésiter, douter.
Je vous
entends me presser : dis-nous précisément qu’est-qui te fait
croire en Dieu ? Avant tout, je dois vous préciser à quels
Dieux je ne crois pas. Copernic, Galilée, Newton, Darwin,
Freud m’ont ouvert les yeux. Je ne crois plus en un Dieu
tout puissant, créateur du ciel et de la terre, qui ferait
la pluie et le beau temps, en un Dieu créateur de l’homme à
son image et à sa ressemblance, en un Dieu consolateur de
nos misères qu’il pourrait nous alléger dès cette terre si
nous le lui demandons, en un Dieu paratonnerre protecteur en
échange du culte qu’on lui rend, en un Dieu qui aurait
confié aux religions le soin d’interpréter ses volontés et
de les faire respecter.
Les exégètes
de même qui depuis quatre siècles décodent les vieux textes
bibliques et évangéliques m’ont eux aussi dessillé les yeux
et vacciné à tout jamais contre les lectures
fondamentalistes. Je ne crois pas au Dieu dont la voix
retentit à travers le ciel ouvert, au Dieu qui conduit en
sous-main l’histoire, je ne crois pas au Dieu qui sacrifie
son Fils bien-aimé pour que les hommes pécheurs soient
réconciliés avec lui, je ne crois pas au Dieu qui se joue
des lois qui régissent le monde et les humains... Ces
représentations de Dieu me paraissent indignes de l’homme,
car elles le déresponsabilisent et l’abêtissent.
La
représentation de Dieu qui est crédible à mes yeux, je la
tire d’un questionnement qui m’habite depuis longtemps dans
l’invention quotidienne de ma vie d’homme. Comme vous
j’essaie de la conduire en tâchant de vivre vrai, car
j’expérimente que là est la vraie vie. Mais en même temps je
n’échappe pas aux sirènes qui m’invitent à emprunter la
pente spontanée de la facilité, de l’égocentrisme, du
renoncement. Je vis un tiraillement. Ce qui m’étonne tout de
même quand j’y réfléchis – et c’est là le lieu de mon
questionnement récurrent – c’est qu’en dépit des sinuosités
de mon existence, je constate que j’ai progressé en humanité
au long des années. Mes choix fondamentaux se sont révélés
féconds, les épreuves que j’ai traversées m’ont appris non
sans douleur parfois à consentir et à m’approprier la
réalité, avec en prime une maturation inespérée ; la paix
qui m’habite en profondeur n’est pas altérée par les houles
de surface. J’en arrive à ma question permanente : comment
se fait-il que malgré tous les obstacles intérieurs et
extérieurs, j’ai pu malgré tout advenir à une qualité
d’humanité que j’ignorais il y a soixante ans ? Je reconnais
m’être efforcé vaille que vaille d’obéir à une exigence
intime d’ouverture, de dépassement, de probité, de lucidité,
de cohérence, de ressourcement. Mais d’où vient cette
inspiration parfois si pressante ?
Je fais
mienne la réponse de Marcel Légaut, mon maître spirituel. Il
appelait cette inspiration « motion intérieure » et y lisait
les traces en lui d’une « action qui n’est pas que de lui
mais qui ne saurait être menée sans lui ». Il en
concluait qu’on pouvait « appeler cette action qui opère
en soi l’action de Dieu sans nullement se donner de Dieu –
et même en s’y refusant – une représentation bien définie comme
celles dont par le passé les hommes ont usé si spontanément
et si puérilement »[1]
Bien entendu,
cette prise de position n’est en rien une preuve mais
l’interprétation croyante d’une expérience de
« transcendance » commune à tous les humains, cette capacité
qu’a l’homme de vivre à un niveau éminent de profondeur,
d’authenticité, d’ouverture à autrui, de don de soi-même.
Cette capacité, j’imagine que vous, mes amis athées,
l’expliquez par les propres ressources dont dispose l’homme,
ressources cachées et si souvent méconnues auxquelles il a
peine à croire tant elles sont peu exploitées ? Mais le
mystère demeure. Pascal en était vivement conscient :
« L’homme passe infiniment l’homme ». Comment rendre compte
de cette étonnante expérience
Suis-je
éloigné de l’expérience qu’avait Jésus de son Dieu ? Je ne
le pense pas ? Certes Jésus s’exprimait dans la culture de
son temps. Il se représentait Dieu comme un Père qui est aux
cieux, qui donne généreusement du pain à ceux qui l’en
prient, et qui est sur le point de faire advenir
définitivement son règne sur le monde en catapultant d’un
coup les forces de mort. Cette représentation ne peut être
la mienne aujourd’hui. Mais si nos représentations
divergent, nos expériences de Dieu convergent-elles ou non ?
Jésus vivait en intimité avec son Dieu en présence duquel il
aimait se recueillir solitairement. N’est-ce pas en ces
moments qu’il se ressourçait en force intérieure, en
approfondissement de ses engagements, en fidélité à sa
propre mission ? J’expérimente pareillement les bienfaits de
ces temps de recueillement tels qu’en parle Marcel Légaut :
« La parole qui s’efforce de dire exactement ce que
j’atteins de Dieu malgré une ignorance invincible de nature,
ce que j’aspire à être par le plus authentique qui s’efforce
en moi-même, ce que j’atteins de moi quand je suis à
moi-même dans la lucidité est la seule prière dans le
langage de l’homme qui soit langage pour Dieu. L’adressant à
moi-même dans le recueillement, je me tiens devant Dieu.
L’adressant à Dieu dans l’adoration, j’entre en ma présence.
Autant qu’il m’est donné, quand je me parle ainsi, Dieu
m’écoute ; quand je m’écoute ainsi, Dieu me parle. »
Par ailleurs,
le critère de fidélité de Jésus à son Dieu, c’était son
investissement dans sa pratique de libération, en paroles et
en actes, au bénéfice de ses compatriotes marginalisés,
exclus, victimes de toutes sortes de déshumanisation. Jésus
se situait ainsi vigoureusement dans la ligne des prophètes,
ses grands devanciers qui répétaient à longueur de siècles :
le vrai culte rendu à Dieu est « que le droit jaillisse
comme les eaux et la justice comme un torrent intarissable »
(Amos 5, 24-25). Jésus a poussé à l’extrême cette logique en
mettant sur le même pied les deux grands commandements :
aimer Dieu et aimer son prochain (Mc 12, 28-34), ce qui a
fait dire à l’auteur de la première lettre de St Jean : « Celui
qui n’aime pas son frère qu’il voit ne peut aimer Dieu qu’il
ne voit pas » (4, 20).Telle est pour moi, disciple de
Jésus, le cœur du christianisme. Etre et devenir humain et
participer à l’humanisation du monde actuel. Rien en cela de
religieux à la vérité concernant des rites à accomplir ou
des lois à appliquer, « Rien d’autre que le respect du
droit, l’amour de la fidélité, la vigilance dans ta marche
avec Dieu », disait déjà au VIIIème siècle avant notre
ère le prophète Michée. Cette exigence retentit toujours,
aujourd’hui comme hier, au fond des consciences humaines.
C’est à travers elle que « Dieu » « parlait » à Jésus et
qu’il me « parle ». Sans que je puisse me Le représenter, il
est appel constant à maintenir en mon être l’ouverture qui
empêche ma vie de se cadenasser, de se rapetisser, de
s’enfermer, de s’aseptiser, de s’endormir, de se clôturer.
Cet appel, je tâche de l’entendre au travers des mille
sollicitations des événements quotidiens. Parfois je suis
sourd, mais l’exigence revient et je m’efforce tant bien que
mal de la traduire en actes. C’est là le grand exercice
vital de mon existence. C’est la voie de la vie. Je
l’expérimente comme tel.
Au fond, mes amis, ce qui nous différencie, ce n’est pas
l’ambition que nous avons les uns et les autres de vivre une
vie qui soit vraiment humaine, ni l’ardeur à la traduire en
actes au quotidien. C’est la manière dont nous nommons ce
qui nous inspire communément au plus intime. Ce n’est pas
secondaire à mes yeux, mais c’est second par rapport à
l’expérience d’humanisation vers laquelle nous tendons tous
et sur la voie de laquelle nous nous accompagnons. Dans le
respect de la manière dont chacun donne sens à son
cheminement, poursuivons ensemble la seule aventure qui
vaille : celle de grandir en humanité et de participer à
l’humanisation de notre monde.
Jacques Musset
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Pourquoi ?
par
Abdellatif Laâbi,
né en 1942 à Fès, est un poète, écrivain et traducteur marocain.
Il a fondé en 1966 la revue Souffles
(Proposé à la rencontre du 0 9
11 2019)
Va savoir pourquoi
l'abeille butine l'hymen des fleurs, pourquoi le soleil fait don
gratuitement de sa lumière, pourquoi l'homme et la femme sentent monter
en eux au même moment le fluide de la reconnaissance et de la fusion,
pourquoi le nouveau-né sourit pour la première fois alors que ses yeux
distinguent à peine ce qui l'entoure. Sans parler du pourquoi de ces
pourquoi. Qui, quoi parle en nous cet idiome intérieur venu du continent
intérieur et qui n'est d'abord traduisible dans aucune langue reconnue
car poussée vitale dont on ne peut happer avec les mots que la partie
infime, quelques ruisselets participant modestement du fleuve caché de
sa houle ?
Il n'y a d'Etre
humain, Abdellatif Laâbi
J'atteste
qu'il n'y a d'Être humain que Celui dont le cœur tremble d'amour
pour tous ses frères en humanité
Celui qui désire
ardemment plus pour eux que pour lui-même liberté ,
paix,
dignité
Celui qui considère
que la Vie est encore plus sacrée que ses croyances et ses divinités
J'atteste qu'il n'y a
d'Être humain que Celui qui combat sans relâche la Haine en lui et
autour de lui
Celui qui,
dès qu'il
ouvre les yeux au matin,
se pose la question :
Que vais-je faire
aujourd'hui pour ne pas perdre ma qualité et ma fierté d'être homme ?
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«
On
ne peut plus continuer de croire en un Dieu qui nous a
été présenté masculin »
par
Inna
Shevchenko (Propos
recueillis par Anaïs Meynier)
Qu'est-ce qu'être une
femme ? Pour Inna Shevchenko, leader des Femen, c'est être
héroïque. Dans son dernier livre*, l’auteure, s'inspirant de
son parcours et des figures féminines qui l'ont inspirée,
propose un parcours libérateur et « immoral » pour sortir
des carcans patriarcaux.
© Éditions Les Échappés
Vous dites avoir été une
« chrétienne orthodoxe dévouée » dans votre jeunesse.
Vos héroïnes ont-elles remplacé le Dieu de votre enfance ?
Absolument. Je dis
toujours que je suis allée vers l’athéisme en devenant
féministe. C’est le féminisme qui m’a conduite vers la
non-croyance : si nous comprenons que nous sommes capable et
que nous pouvons être libre et indépendante, on ne peut plus
continuer de croire en un Dieu qui nous a été présenté
masculin. Un Dieu que l’on doit aimer, mais dont on doit
aussi avoir peur. Un Dieu qui demande que l’on soit
silencieuse, passive et qui nous réduit à un corps qui
serait, par nature, sexuel et faible ; nous faisant nous
sentir coupable pour ce que nous sommes. À un moment donné,
lorsque nous commençons à croire en nous-même, on ne peut
plus accepter ce Dieu.
Selon vous, « les
religions et le féminisme sont incompatibles ». Pourquoi
?
Je suis vraiment
convaincue que nous pouvons être croyant et féministe. Mais,
pour cela, nous devons rester critique sur le dogme et
laïque. Nous devons comprendre que les religions n’ont pas
de place dans le monde politique. Donc, on peut être croyant
dans un cadre privé et, en même temps, choisir le féminisme
comme la réponse politique à tous les sujets de la société.
Dans ce cas-là, il n’y a pas de conflit. Si, au contraire,
nous nous comportons dans la société par le prisme de règles
religieuses, il y aura litige. Nous ne pouvons pas traiter
de la question des droits des femmes à travers la question
des dogmes religieux. Ce serait contradictoire. Les
religions rendent les femmes silencieuses alors que le
féminisme se bat pour libérer leur parole. Les institutions
religieuses, telles que nous les connaissons aujourd’hui,
sont patriarcales et masculinistes, construites autour du
culte d’un homme. Dans mon livre, je cite Mary Daly : «
Si Dieu est un homme, l’homme est un Dieu. » Donc, si on
continue à croire au culte qui est construit autour d’un
homme, si on projette cette croyance sur la société, l’homme
devient un Dieu. C’est absolument le contraire d’une société
féministe.
En définitive, vous
prônez une spiritualité personnelle et individualiste.
Bien sûr ! Je peux dire
que je suis aussi une personne spirituelle. Je crois en la
dignité, en la solidarité et en l’égalité. Mais je n’ai pas
besoin de croire en un Dieu imaginaire. J’ai traversé ce
chemin : je suis devenue ma propre autorité et mon propre
prophète qui décide pour soi-même.
Vous militez pour une
laïcité très stricte. En quoi les manifestations du
religieux représenteraient-elles une menace pour la société
?
Extérioriser notre
religion, c’est chercher le contact avec le monde afin
d’être approuvé(e), de convaincre ou de chercher le conflit.
Là, ça commence à être une démarche politique. Sortir dans
la rue avec ses croyances, c’est une forme d’exposition et
de manifestation. Par exemple, il y a la question du
vêtement pour les femmes. Tout en étant consciente de la
ligne très fine entre critique et xénophobie, je ne peux pas
accepter l’idée de cacher un corps prétextant que celui-ci
est obscène et sexuel. C’est dégradant. Le patriarcat et le
sexisme se cachent derrière ce code vestimentaire religieux.
J’entends l’argument de ces femmes qui défendent ces codes
comme étant affaires de choix ; mais, même si nous sommes
toutes libres de porter ce que l’on souhaite, cela me
contrarie lorsque certaines prétendent que ces vêtements
sont des symboles de libération et d’émancipation des
femmes. C’est essayer de déguiser des idées patriarcales en
féminisme !
Aujourd’hui, faut-il
croquer le mythique fruit défendu pour déconstruire les
sociétés patriarcales ?
Absolument.
Personnellement, comme je l’explique dans le livre, j’ai été
inspirée par la Genèse : Ève agit contre les règles établies
et défie Dieu en faisant le choix d’aller vers Satan. Cette
histoire est prophétique. Nous devons casser les règles
imposées afin de satisfaire notre curiosité et obtenir notre
liberté. Les féministes du XVIIIe siècle ont
utilisé cette figure biblique et l’ont transformée en
véritable femme combattante.
Pour vous, être une
femme, c’est être héroïque par défaut ?
Oui. Dans ce monde
masculin qui est fait de limites discriminantes et de
morales humiliantes, l’existence féminine devient héroïque,
par définition. Que nous soyons religieuse ou athée, nous
sommes femme avant tout. Aujourd’hui, le plus grand acte
féministe est d’apprendre à s’accepter et à s’aimer, à se
sentir forte et courageuse. Nous pouvons être tout ce que
l’on veut. C’est le message que je veux faire passer aux
femmes qui continuent d’entendre qu’elles sont sales et
pleines de péché. Je veux les inspirer à croire en
elles-mêmes, à ne jamais douter ni à abandonner. Dans mon
livre, je nomme de nombreuses héroïnes. Mais la plus
importante serait cette femme anonyme qui se bat chaque jour
contre sa société, sa communauté ou sa famille. Une femme
qui doit juste exister dans ce monde qui n’est pas fait pour
elle.
(*) Héroïques. Amazones, pécheresses, révolutionnaires,
Inna Shevchenko (Les Échappés, 2019)
Leader du mouvement international Femen depuis 2012, Inna
Shevchenko obtient l’asile politique en France en 2013.
Diplômée en journalisme à l’université de Kiev et en droits
de l’homme à Sciences Po Paris, elle milite pour le droit
des femmes lors d’happenings remarqués où les corps des
activistes se transforment en véritable instrument de
manifestation. En 2017, elle coécrit Anatomie de
l’oppression (Seuil) avec son amie Pauline Hillier. La
même année, elle reçoit le prix international de la laïcité.
Extrait
"Le Monde des Religions” du 09/09/19
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Mon Rivage
C’est dans le
fond de moi-même l’endroit où je m’écoute. Ce n’est pas
toujours facile.
C’est l’endroit
où subsiste l’enfant que je fus, l’endroit où je me retrouve
à chaque âge, où je trouve le fil de mon existence.
C’est l’endroit
où le monde, ceux que je rencontre laissent leur empreinte,
l’endroit où je reçois les paroles et gestes de bonté, de
générosité, de liberté et de courage, qui comme des graines
semées en terre fleurissent, grandissent, et transforment ce
lopin de terre au fond de moi en un très beau jardin, dont
j’essaye de prendre soin car il m’apparaît aujourd’hui être
mon trésor intime, et j’y veille les personnes vivantes ou
disparues qui me sont chères.
C’est l’endroit
de mes questions fondamentales, l’endroit où se tiennent mes
valeurs, ma compassion, là où naissent mes révoltes contre
les injustices, l’endroit où se murmurent et s’affermissent
des pardons alors que mon amour-propre rugit à la guerre
contre celui qui m’a blessé.
C’est l’endroit
où je m’ose nu, fragile, mais aussi l’endroit de ma force
irréductible, qui ne peut plus s’effondrer même lorsque je
me sens abandonné. C’est le rivage où j’ai fini par
m’échouer lorsque le courant de la vie a emporté
l’échafaudage de certitudes et de repères qui de l’extérieur
me soutenaient.
Pour entrer en
cet endroit, j’ôte mes costumes, je dépose les armes. Il
faut que je m’abandonne à me contenter de ce que je suis
seulement, de ce que la vie me donne seulement, et aussi
assumer ce que la vie me propose d’assumer sans m’échapper.
J’y rencontre mon
être profond, avec lequel parfois je coïncide.
Cet être
m’apparaît de plus en plus clairement au fur et mesure que
j’avance dans la vie, qu’elle me dénude et me martèle de sa
réalité. Je le perçois incomplet mais ne cessant de grandir
au fur et à mesure que je vieillis, je sens que je n’aurai
jamais fini de le découvrir.
Il sait se tenir
debout et marcher seul et me/se porter dans les tourmentes
que je/nous traversons. Lorsque je me tiens près de lui, ou
en lui, je peux regarder tranquille ma mort. Ce plus vieux
et fidèle compagnon me console et se tient en moi comme une
promesse d’amour envers moi-même et tous les autres. Je sais
que je souffre quand je suis égaré à côté de lui. Je me
rends compte que je dois prendre soin de lui. Pour lui
permettre d’exister je dois l’affirmer contre les modes, les
clichés, accepter son originalité. Ce n’est pas toujours
facile.
De la découverte
en moi de cet être qui danse et chante la jouissance de
vivre, me vient mon vrai désir de rencontre avec les autres.
Rencontrer non pas pour dominer, pour assouvir un désir en
utilisant les autres. Mais depuis ce rivage, aller à la
rencontre de celui de l’autre, témoignage que je ne suis pas
isolé, mais que d’autres êtres font route et veillent aussi
à côté de moi, portant leur humanité, leur lot de souffrance
mais aussi de bonheur à vivre, d’engagements.
Et peu à peu au
fur et à mesure de ces rencontres se dessine le portrait
d’une humanité qui est toute autre que celle revendiquée,
j’ai envie de dire hurlée, par les modes et les médias, les
cartes géopolitiques, raciales, ethniques et religieuses.
Une humanité humble mais rayonnante d’êtres debout et
éveillés, qui cherchent et donnent sens à leur vie.
Bernard Lestriez, membre de
l’Association culturelle des amis de Marcel Légaut
(bernard.lestriez@cnrs-imn.fr)
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Cheminer avec l’Esprit.
(Proposé par G. Oswald, membre
d'E&P, à la rencontre du 02 02 2019)
Je crois que Dieu est comme un ESPRIT
qui habite en chaque homme.
L'esprit pour moi n'est pas une autre
personne car toute personne est en soi-même le temple où
« Dieu » demeure au plus profond de chacun d'entre nous. Et
puisque cet « ESPRIT » nous habite dès la naissance, nous
pouvons nous servir de Dieu « ESPRIT « à l'image de ce que
JESUS lui-même se sentait habité.
C'est grâce à cet Esprit qui agit
aussi en nous que nous pouvons agir, penser, discerner.
Il est plus grand que nous et ne peut être sans nous
disait M. Legaut à travers ses prières d'homme (
1978 ; chez Aubier Edit.)
La lecture de la Bible nous apprend
l'histoire des hommes qui ainsi se répète de générations en
générations Cette foi ou croyance en Dieu sont ainsi mises
à notre disposition et nous interrogent en fait chacun
d'entre nous sur notre propre vie d'homme qui agit sur la
terre. Car dans le monde, (l'humanité c'est NOUS)
autrement dit : Nous sommes le monde. ( Khristamurti j.)
Nous n'avons pas à douter de l'amour
de Dieu envers les hommes. Il suffit de chercher à
comprendre l'histoire en se laissant guider par des hommes
au fil du temps qui passe dans ce présent et avec nos
propres interrogations et nos doutes.
A travers nos pensées, nous pouvons
diriger cet Esprit vers le mal ou le bien qui ne se situent
pas en dehors de nous. L'homme qui n'est pas « Dieu » est
limité à travers ses connaissances et c'est cette adversité
qui nous guette tous. Nous pouvons alors utiliser notre
conscience pour faire la part des choses dans nos vies.
On peut ainsi croire en Dieu et en
Jésus – ou en Dieu et en Bouddha ou en Dieu et en Mahomet
etc.. Chaque peuple qui a ses propres croyances fait partie
de l'humanité que nous devrions considérer comme telle. La
tâche est ardue mais tant qu'il nous reste un souffle de vie
nous pouvons agir sur le moteur notre propre existence !
Si la résurrection corporelle des
morts fait partie de nos doute, il n'est pas exclu que
l'Esprit qui nous a habité durant nos vies ne rejaillisse
pas un jour ailleurs sous une nouvelle forme d'incarnation
dont le mystère nous dépasse. Nul doute que l'Esprit
continuera d'agir sur le monde dans une création offerte
telle qu'elle existe sur la terre.
Cheminer ainsi vers une paix à
construire toujours dans ce « Présent de la vie » qui nous
reste est en fait un magnifique cadeau à s'offrir pour les
fêtes de NOEL.
Germaine OSWALD
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SOMMES-NOUS TOUS
DES MYSTIQUES ?
« Le monde change, mais un de ses traits ne varie pas :
tant qu’il y aura des hommes, ils aspireront à autre
chose. Autre chose que ce qu’ils ont déjà, autre chose
que la vie de chaque jour, autre chose que la vie tout
court ». (1)
« Mystique » vient de «
mystère ». Est mystique celui qui perce le
mystère des choses, qui va au-delà des apparences. Qui se
sert des choses visibles pour faire l’expérience de choses
invisibles à l’œil, des choses très réelles (ni inventées ni
rêvées) mais qui ne sont pas accessibles directement aux
sens. Et qui peine à l’exprimer dans des mots.
Exemple : une amie aime passionnément jardiner. Quand elle
gratte la terre autour d’un massif de fleurs, elle est
totalement dans ce qu’elle fait. Puis elle lève la tête et
s’absorbe dans la contemplation d’une fleur. « Et là, me
dit-elle, je ne sais plus où je suis. Pendant cet instant,
je suis dans la fleur, le monde extérieur n’existe
plus ».
Instant mystique. La beauté d’une fleur lui a fait
franchir le mur des apparences, elle est ‘’ailleurs’’. Un
ailleurs dont elle ne sait rien dire, parce qu’il échappe
aux mots.
Une autre amie : « Parfois je regarde mon bébé qui dort,
jambes écartées, le poing contre son front, image de paix
indescriptible. Une onde de tendresse m’envahit, je ne pense
plus à rien ». La tendresse, l’amour devant l’enfant
qui dort lui a fait franchir une porte, passer de l’autre
côté vers l’indicible, l’inexprimable.
La beauté et l’amour, portes de l’expérience mystique
Dès l’origine de l’humanité, la beauté a été la
première ouverture vers cet autre chose que la vie tout
court. On le voit dans les Psaumes de la Bible, qui
s’extasient devant « les cieux qui chantent la gloire de
Dieu », mais déjà les peintures rupestres de nos ancêtres
préhistoriques témoignaient d’une aspiration vers la beauté,
d’un sens de la beauté.
Saint Augustin
raconte que c’est elle qui l’a séduit et lui a fait franchir
l’obstacle des apparences. Au long des siècles le
christianisme inscrira dans ses églises romanes et ses
cathédrales gothiques son aspiration vers l’Invisible rendu
visible par la simple beauté.
Quant à l’amour, il transformera des hommes et des
femmes ordinaires en martyrs ou en serviteurs des pauvres,
allant jusqu’à baiser les plaies d’un lépreux ou à prendre
la place d’un galérien sur son banc de souffrance. Était-ce
par masochisme, par dérèglement psychologique ou affectif ?
Non, c’était par ‘’excès d’amour’’. Ces mystiques n’ont pas
été rebutés par la laideur d’un lépreux, n’ont pas souffert
par plaisir les chaînes du galérien : l’amour transfigurait
le dégoût et la peine, l’amour les faisait accéder à une
autre dimension de l’humanité.
Ni la beauté ni l’amour ne trouvent de mots capables
d’exprimer ce qu’ils sont, ce vers quoi ils nous mènent.
L’un et l’autre sont une ex-stase, une sortie de soi
pour accéder à un plus haut degré de conscience et
d’expérience. Le mystique rencontre une plénitude au-delà
des mots : « Alors, la puissance de la parole est
vaincue. Sur certaines cimes, le silence seul habite »
(3).
Es-tu parfois saisi par la beauté d’une musique, d’un
paysage, d’un coucher de soleil ? Tu es mystique. Ressens-tu
parfois une onde d’amour qui te parcoure et te submerge ? Tu
es mystique.
Aujourd’hui, la mystique mise à mort
Nous sommes faits pour la beauté et pour l’amour. Aucun de
nos projets, aucune de nos ambitions, de nos agitations, n’a
de sens s’ils ne produisent pas de la beauté, ne conduisent
pas à l’amour. Sans le savoir, c’est par la beauté et par
l’amour que chacun peut franchir le miroir d’Alice au pays
des merveilles, accéder à un autre chose qui le
dépasse et possède un goût d’éternel divin. Les puissances
maléfiques qui rôdent dans notre monde le savent bien, et
c’est par là qu’elles attaquent – de plus en plus
visiblement.
Beauté
attaquée : l’espèce humaine est en train de détruire
la nature qui lui offre son hospitalité. Déjà 40 % des
animaux sauvages ont disparu de la planète, autant de
plantes sont menacées. Nous creusons, nous bétonnons, nous
déchargeons nos ordures, nous enfumons nos cieux, nous
déforestons, nous pesticisons, nous polluons rivières,
lacs et océans. Nous tuons les insectes et les oiseaux.
Conscients de ce drame – la disparition de la beauté du
monde – nous avons créé des ‘’réserves naturelles’’ où l’on
peut encore admirer ce qu’il était avant que nous le
fassions disparaître. Mais ces réserves, elles aussi, sont
menacées et seront dévorées un jour par notre appétit. Alors
il n’y aura plus que de vieux films documentaires pour nous
rappeler que la planète, un jour, fut belle et noble.
Amour trahi :
en même temps (et les deux choses sont intimement liées) on
observe sur la planète une explosion de la violence, qui
devient si quotidienne, si ordinaire qu’on s’y habitue, on
ne s’en étonne plus, on la trouve normale. L’amour n’a plus
de place dans nos sociétés. S’est-il réfugié dans les
familles ? Même pas. Jamais il n’y a eu autant de conflits
entre adultes, de séparations et d’enfants marqués à vie par
la haine qui s’est glissée dans leur petit monde intime.
Quand ils deviendront grands, n’ayant connu que l’égoïsme et
la haine, à leur tour ils les feront passer avant l’amour.
« S’il me manque l’amour,
dit St Paul, je ne suis qu’un métal qui raisonne, une
cymbale retentissante. S’il me manque l’amour, je ne suis
rien. L’amour ne cherche pas son intérêt, ne s’irrite pas,
n’entretient pas de rancune. Il excuse tout, il croit tout,
il espère tout, il endure tout ». Et l’amour, conclut-il,
« ne disparaîtra jamais » (4). Eh bien ! cette
prophétie-là, elle est en train de s’avérer fausse : on le
voit, partout l’amour se cache, s’étiole, l’amour disparaît
de la planète. Remplacé par la haine, le mépris, la violence
sous toutes ses formes.
Un monde privé de mystique (privé de beauté et d’amour) est
un enfer. Je ne sais si l’enfer des religions existe, mais
si oui, je sais à quoi il ressemble : il est laid et
violent, nauséabond et rempli de haine.
Et nous, mystiques anonymes, que faire ? Sinon préserver
autour de nous quelques petits recoins de beauté, faire à
notre porte quelques gestes d’amour pur, invisibles et
incompréhensibles pour ce monde devenu étranger à Dieu,
parce qu’inhumain
Michel Benoit,
jour de noël 2018
http://michelbenoit-mibe.com/2018/12/sommes-nous-tous-des-mystiques/
(1) Jean d’Ormesson, C’était bien.
(2) Bilocation : être vu à un endroit alors qu’on se trouve
à un autre.
(3)
Mère Yvonne-Aimée de Malestroit,
Écrits spirituels.
(4) Première Épître aux Corinthiens,
chap. 13
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Nos
chemins de vie… un chemin spirituel ?
par
Bernard LAMY
– Osons l’essentiel – – 2018 –
(56 pages)
Voici un document rare et original, la
retranscription écrite de six rencontres-témoignage
animées par Bernard LAMY entre octobre 2017 et juin 2018
à FRANOIS près de Besançon. Une parole libre pour dire
la vie et balbutier le divin, pour oser partager nos
questions essentielles, pour reprendre souffle : 1.
Naître à soi-même… Naître au monde ; 2. Nos naissances
étonnantes ; 3. Chercher le sens de sa vie ; 4. La voie
d’intériorité ; 5. Assumer la solitude, la mort et le
non-sens ; 6. Vivre à tombeau ouvert.
Bernard LAMY et Serge COUDERC, membres de
l’Association Culturelle Marcel Légaut (ACML),
proposeront une semaine de rencontres à MIRMANDE autour
de ces six thèmes, un thème par jour, la dernière
semaine d’août 2019.
Document disponible chez l’auteur pour 8 euros, port
compris
(Bernard LAMY, 5, rue Saint
Christophe, 25770 SERRE-lès-SAPINS lamyfasol@free.fr tél
06 04 14 94 13)
|
(...)
Toutes ces raisons*
me font aimer l’Église sœur mais une raison, une seule,
m’empêche de devenir catholique, c’est la question du
rapport au pouvoir. Au fondement du catholicisme se
trouve un acte de foi : le pari que l’Église n’est pas
une institution comme les autres mais qu’elle a une part
de divinité en elle. Le thème de l’infaillibilité de
l’Église ne veut pas dire qu’elle ne se trompe jamais
mais qu’elle demeure infailliblement Église du Christ
jusque dans ses erreurs et ses errances, du fait de sa
fondation divine. Cette position est belle, et peut même
se justifier bibliquement, sauf que l’histoire a montré
que bien souvent l’Église a eu un comportement qui était
en contradiction radicale avec le message de l’Évangile.
La sociologie nous a appris que les institutions
connaissent une évolution qui les conduit à privilégier
leur propre fonctionnement au détriment de l’intuition
qui les a fondées. Sur ce registre, je suis obligé de
constater que l’Église est une institution comme les
autres. Les institutions génèrent des jeux de pouvoir
alors que le Jésus des Évangiles a toujours privilégié
le pouvoir de l’amour sur l’amour du pouvoir. Comment
exercer une autorité au nom de celui qui a contesté
toutes les autorités de son temps ? Relisons l’histoire,
dans toutes les Églises, nous avons vu des hommes de foi
devenir des hommes d’appareil.
* Pour lire tout l'article
d'Antoine Nouis présenté dans Réforme, cliquer :
https://www.reforme.net/bible/abecedaire/c-comme-catholicisme-1-pourquoi-je-ne-suis-pas-catholique/
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Ce texte a été
médité
lors
de la rencontre
E&P
du
22 septembre
2018;
Arbre et pirogue
Tout homme est
tiraillé entre deux besoins, le besoin de la Pirogue,
c’est-à-dire du voyage, de l’arrachement à soi-même, et
le besoin de l’Arbre, c’est à dire de l’enracinement, de
l’identité, et les hommes errent constamment entre ces
deux besoins en cédant tantôt à l’un, tantôt à l’autre ;
jusqu’au jour où ils comprennent que c’est avec l’Arbre
qu’on fabrique la Pirogue.
Mythe Mélanésien de l’île
du Vanuatu
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Ce texte a été
lu
lors
de la rencontre
E&P
du
3
mars
2018;
Je te souhaite
Je te souhaite de ne pas réussir ta vie .
Je te souhaite de vivre autrement que les gens
arrivés.
Je te souhaite de vivre la tête en bas et le cœur en
l’air, les pieds dans tes rêves et les yeux pour
entendre.
Je te souhaite de vivre sans te laisser acheter par
l’argent.
Je te souhaite de vivre debout et habité.
Je te souhaite de vivre le souffle en feu, brulé vif de
tendresse.
Je te souhaite de vivre sans titre, sans étiquette, sans
distinction, ne portant d’autre nom que l’humain. (…)
Je te souhaite de vivre libre, dans un monde libre,
d’aller et de venir, d’enter et de sortir, libre de
parler librement dans toutes les églises, dans tous les
partis, dans tous les journaux, à toutes les radios, à
toutes les télévisions, à toutes les tribunes, dans tous
les congrès (…).
Je te souhaite de parler non pour être écouté mais pour
être compris.
Jean Debruynne
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Ce texte a été exploité lors
de la rencontre
E&P
du
10 février
2018;
L’homme porte en lui une aspiration à l’infini, à
l’éternité, à l’absolu;
Nous portons en nous des
aspirations. Celle de connaître, d’aimer, de donner, de
recevoir, d’agir de façon exaltante, de dépasser ses
limites. Si nous les avons portées pendant des dizaines
d’années pour rien, sans qu’elles ne soient jamais
satisfaites, nous avons le sentiment d’avoir raté notre
vie. Nous avons alors besoin d’être sauvés de la
désillusion négative : nous avons perdu nos illusions
ainsi que notre enthousiasme.
L’homme porte en lui une
aspiration à l’infini, à l’éternité, à l’absolu, et il
vit dans le fini, le temps, le relatif. Il est
fondamentalement, ontologiquement, insatisfait. S’il
n’en prend pas conscience, il reporte ses aspirations
les plus profondes dans le domaine de l’avoir : il est
sans cesse en quête de biens matériels et de plaisirs
immédiats qui ne pourront jamais le combler. Il sera
alors éternellement insatisfait, car il se trompe sur la
nature du véritable bien.
S’il n’est pas lucide, il
peut aussi se mentir à lui-même et vivre dans l’illusion
d’être comblé ou de pouvoir le devenir par des moyens
erronés. Mais n’est-ce pas cesser d’être un homme que de
se sentir satisfait ?
On a également besoin d’un
salut quand on est malade, souffrant, dans la misère.
Quand la vie n’est qu’une longue suite d’épreuves et de
difficultés en tout genre. C’est ce salut que nous
propose l’Ecriture quand elle nous dit : l’amour est
fort comme la mort. Et c’est cela l’Espérance : à la
mort, toutes les limites qui s’imposaient à moi, toutes
les épreuves aussi, cessent pour faire place à une
plénitude de joie et d’amour
Abbé
Pierre
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L’espérance
J’ai ancré
l’espérance
Aux racines de la vie
Face aux
ténèbres
J’ai dressé des clartés
Planté des flambeaux
A la lisière des nuits
Des
clartés qui persistent
Des flambeaux qui se glissent
Entre ombres et barbaries
Des
clartés qui renaissent
Des flambeaux qui se dressent
Sans jamais dépérir
J’enracine
l’espérance
Dans le terreau du cœur
J’adopte toute l’espérance
En son esprit frondeur.
Andrée Chelid
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Ce texte a été exploité lors
de la rencontre du 9 décembre 2017;
A la veille de Noël, alors que de nombreux migrants
cherchent simplement un gîte décent en Europe, peut-on
justifier la présence de la crèche sur nos parvis et refuser
l'hospitalité à des frères qui frappent à notre porte ? ...
Christ revient sans cesse avec les personnes en détresse
Il fut un temps où l’on attendait le messie; il devait venir
pour tout arranger, tout allait changer pour le mieux. Ce
messie est venu et on ne l’a pas reconnu. Pourquoi ? Parce
qu’il n’a pas répondu à nos attentes …
Le Christ ne cesse de venir, il ne cesse de venir jusqu’à
nous, certes de manière incognito, mais pourtant tout à fait
reconnaissable puisqu’il vient à nous sous la figure de
l’homme et de la femme en détresse. Le Christ est venu il y
a deux mille ans pour nous apprendre qu’il ne cesse de venir
en s’identifiant à celles et ceux qui manquent de
nourriture, d’attention et d’amour. Il est de coutume de
dire que le Christ reviendra à la fin des temps; mais cette
conception est naïve et, pour tout dire, assez fausse…
Le testament du Christ ne nous demande pas de l’attendre
mais de le recevoir dans la personne de celui qui souffre.
Ou, s’il convient de désirer la venue du Christ, son attente
n’est pas autre chose que notre vigilance à le rencontrer
tous les jours, lorsque nous acceptons de fendre la cuirasse
de notre égoïsme. Il faut donc le dire avec force: il n’y a
pas d’autre venue du Christ à espérer que celle-là,
quotidienne, en quelque sorte ordinaire.
Dominique
Collin |
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Ecouter;
Lettre
Démocratie et
Spiritualité N° du
155 de Sept-Oct 2017
Ecouter, c’est être là, présent, attentif, laissant dire
ce qui se dit. C’est être pleinement disponible,
privilégiant la pensée d’autrui, le laissant s’exprimer
sans chercher à voir comment avoir raison. On écoute des
mots, mais on perçoit aussi une voix, un regard, un
visage, un corps habité... Il s’agit de laisser toute la
place à une parole qui suggère plus que ce qui est dit
et qui fait advenir ce qui n’avait pu encore être dit.
Ecouter, ce n’est pas
forcément être d’accord, mais c’est accepter d’aller
sans jugement préconçu, avec empathie, vers l’inaudible,
vers ce qui dérange, vers l’expression d’une humanité
qui se cherche. L’écoute favorise non seulement une
parole authentique, mais aussi offre l’opportunité
d’exprimer une pensée en gestation ; elle ouvre un
espace où l'écouté peut trouver sa place et mieux
accéder à sa propre parole, ce-jamais- entendu, cet
« in-oüi » qui est dévoilement de sa parole et chemin
vers sa vérité.
Ecouter, c’est rendre
entendues les paroles de l’écouté, puis de l’écoutant,
ce qui contribue à générer du dialogue et à créer de la
congruence. Une écoute gratuite permet de dévoiler et
d’approfondir nos conversations intérieures, d’ouvrir
des portes, de cheminer ensemble en vérité, d’accepter
nos limites, de créer des liens, d’édifier des amitiés,
de poursuivre de vrais dialogues.
JC Devèze, avec le
concours d’Henri-Jack Henrion et de Martine Huillard
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Ce texte a été exploité lors de la rencontre
de rentrée du samedi 30 septembre
2017
:
Qui suis-je ?
Combien
d’entre nous ont acquis la discipline et trouvé le goût
d’un temps quotidien de silence intérieur ? D’une
pratique régulière de mise en ordre de ses pensées, de
ses émotions de sa vie ?
Quel être
humain sur la terre, en effet, n’a pas un rendez-vous
intime avec les questions suivantes ?
« Qui
suis-je ? Qu’ai-je au fond de moi de différent, de
singulier, d’unique ? Me suis-je déjà donné les moyens
de le découvrir et de l’exprimer ? Ai-je donc assez pris
soin de moi-même ? Ai-je une connaissance superficielle
ou approfondie de moi-même ? Au quotidien et au fil des
années, est-ce que je prends le temps de faire silence
en moi-même ? Le temps de me mettre en quête et à
l’écoute de mon moi profond ? Est-ce que cette
expression même –tout comme celles d’âme ou
d’intériorité- a un véritable sens pour moi ? Ou bien
n’y ai-je jamais vraiment réfléchi ? Est-ce que j’ai
choisi une vie en harmonie avec quelque chose qui chez
moi viendrait ainsi du dedans ? Est-ce je la construis
comme un véritable chemin à la rencontre de moi-même ?
Comme un processus d’accompagnement en accord avec mes
aspirations et mes facultés les plus personnelles ?
Suis-je toujours fidèle à ce que je m’étais promis
d’être ? Ma vie suit-elle une direction majeure, ou bien
une série éclatée, sans ordre ni progrès, de buts
ponctuels ? N’ai-je pas le sentiment désagréable de
m’être laissé imposer mes objectifs et mon mode
d’existence par la société ? Si je suis honnête avec
moi-même, puis-je toujours me considérer comme
« vivant », ou bien ai-je laissé mes rêves, mes idéaux,
mes aspirations les plus vitales se diluer ou se
dissiper peu à peu ?».
De plus en
plus d’individus cherchent aujourd’hui à retrouver le
temps, la sincérité, la profondeur de ce type de
questionnement sur soi. Ils en ont assez de sociétés où
rien n’est prévu –aucun espace- pour communiquer à ce
même niveau d’intimité avec d’autres. Assez de ces
univers matérialistes où personne ne parle jamais de la
vie comme d’un cheminement intérieur, où ne sont donnés
nulle part les moyens d’avancer dans l’accord avec soi,
la connaissance de soi, l’exigence envers soi ou
l’acceptation de soi …
Abdennour
Bidar – Les Tisserands
Un
espace prévu pour parler de la vie comme d’un
cheminement intérieur, pour communiquer dans l’intimité
avec d’autres … ?
Ecoute et
Partage a été créé justement pour cela !
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Ce texte a été
exploité lors de la rencontre ECO du samedi
17 juin
2017
:
La
fidélité à ce que l’on doit faire permet d’être ce
que l’on devient.
Les projets de la jeunesse ne se réalisent jamais comme
on les souhaitait, mais l’esprit fondamental qui les
inspirait se montre exact. Il se retrouve intact et
confirmé par la vie tout entière et par sa fin.
A mesure que l’on vieillit, le champ d’action se
rétrécit, car les forces baissent. D’autre part, nous
sommes limités par tout ce que nous avons vécu. Il faut
le reconnaître. Les générations plus jeunes nous le font
voir sans ménagements. Mais on gagne en profondeur, on
devient plus libre. En s’éloignant dans le passé, les
évènements perdent de leur importance. Ils prennent leur
place dans un ensemble qui leur donne sens. Ils nous
aident à nous comprendre.
L’avenir ne commande plus. Il n’impose plus ses
inquiétudes et ses projets. Avoir cultivé ses trente
arpents de terre suffit pour avoir une base solide.
Avoir été fidèle à ce que l’on devait faire permet
d’être ce que l’on doit devenir. Cela permet aussi de
rendre providentiels les évènements qui nous arrivent.
Nous avons en nous, nous pouvons accueillir en nous
l’inspiration qui nous permet de leur donner le sens qui
convient à ce que nous sommes et devenons. Le même
évènement pour des êtres différents ne sera pas
providentiel de la même manière. Nous recréons
l’évènement à la mesure de notre être.
Ce que nous sommes n’est pas étranger non plus à ce que
les autres sont pour nous. Cette influence, d’ailleurs
réciproque, quoique se développant à des niveaux bien
différents suivant ce que chacun est en lui-même, va
bien au-delà du faire et du dire. Elle nait de la
présence d’être à être, quand l’un et l’autre sont,
chacun de leur côté, en présence d’eux-mêmes.
Marcel LEGAULT (tiré du livre Patience et passion
d’un croyant ; Editions Cerf)
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J'aime ceux qui aiment
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Ce texte a été
exploité lors de la rencontre Eco
du
samedi 6 mai
2017
:
"La
vie est une procession", Pierre Pourchez,
La soif d’être aimé.
Nulle part cette soif d’absolu qui habite l’homme ne se
manifeste mieux que dans son désir d’être aimé, désir
qui est certainement le plus fondamental de l’être
humain et qui permet de comprendre nombre de ses
comportements. Nous désirons être aimés de manière
infinie, alors que l’amour que les autres nous offrent
n’est pas infini (il est limité par leurs propres nœuds
et blocages) et que nous ne pouvons pas être aimés non
plus par une infinité de personnes. Nous désirons être
aimés de manière permanente, mais comment pourrions-nous
sentir en permanence l’amour des gens qui nous aiment ?
Ils ne peuvent pas penser à nous tout le temps (et
heureusement !). Nous désirons être aimés de manière
inconditionnelle, or l’amour que nous offrent les autres
est conditionnel : il dépend de nos qualités ou de nos
performances. Même l’amour des parents n’est pas
pleinement inconditionnel : il y a une première
condition à cet amour, c’est qu’il ne se donne qu’à son
enfant. Si le hasard nous avait fait naitre dans une
autre famille, nous n’aurions jamais reçu cet amour si
exclusif. Enfin, nous désirons être aimés de manière
gratuite quand l’amour qu’on nous offre contient une
forme de demande ou d’exigence, celle d’être aimé en
retour. Il y a dans nos « Je t’aime » un « Je
veux que tu m’aimes ». Nous ne rencontrons pas
seulement le désir de l’autre mais son besoin, voire un
puits sans fond dont nous sentons que nous aurons
beaucoup de mal à le combler.
Si on regarde ces quatre conditions de l’amour
–infinité, permanence, inconditionnalité et gratuité-,
on se dit que seul Dieu pourrait répondre à une telle
demande. Car seul Dieu a l’omnipotence, l’infinité,
l’omniprésence. Seul être existant en soi et par soi, il
est sans besoin, donc seul capable de pure gratuité. Son
amour ne pourrait que nous laisser libres à l’égard de
lui.
Nous sommes donc devant une alternative. Soit
l’expérience d’un tel amour divin est impossible parce
que Dieu n’existe pas, et l’homme est alors condamné à
assumer le drame d’une soif qui ne pourra jamais être
pleinement satisfaite. Heureusement, il nous reste
l’amour de nos proches, qui, malgré toutes leurs
limites, continuent à nous donner la vie et le goût de
vivre. Soit une telle expérience, métaphysique, d’être
aimé d’un amour infini, permanent, inconditionnel et
gratuit est possible, comme le suggère la vie des
saints, et il y a une issue au tragique désir d’être
aimé. Une telle expérience pourrait nous dégager de
notre dépendance au regard d’autrui et nous rendre
capable d’un amour gratuit. Nous sentant pleinement
aimés, nous n’aurions plus à courir en tous sens pour
mendier l’amour des autres.
Je ne chercherai pas à trancher, d’autant que dans ce
domaine, ce ne sont ni les argumentations ni les
croyances qui peuvent opérer, mais la seule expérience …
Reza Moghaddassi (La soif de l’essentiel
Marabout)
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Ce texte a été
exploité lors de la rencontre ECO du samedi 4 mars
2017
:
"Nous
sommes le monde", Pierre Pourchez
Quelque
chose de plus grand que nous
Si nous disons que notre soif de
l’essentiel est soif de vérité, de bonté ou de beauté,
de justice et d’amour, comment rendre compte alors de
son unité ? Devant la beauté, nous avons l’impression de
rencontrer la plus grande vérité, comme nous faisons
l’expérience de la plus grande beauté quand nous
rencontrons la bonté. Du point de vue de la soif, toutes
ces qualités lumineuses sont reliées et apparaissent
comme les différentes facettes d’un même diamant. C’est
en ce sens que la soif de l’essentiel est une soif
d’absolu : elle est tendue vers un horizon vécu comme
unique, dont procèdent toutes les qualités merveilleuses
et lumineuses expérimentées dans ce monde. Cet horizon
est à la fois la destination mystérieuse de notre soif
et son origine secrète.
Soif d’absolu
Si notre soif de l’essentiel est
soif d’absolu, c’est parce qu’elle ne saurait être
seulement soif de beauté, de bonté ou de vérité. Elle
est soif de tout cela en même temps. Et aussi de tout ce
que la pensée ne sait appréhender que comme des
contraires : l’amour et la force, la douceur et la
fermeté, la mesure et la démesure, la raison et la
folie, etc.
Le terme « absolu » a le mérite
de désigner de façon neutre cet horizon vers lequel nous
nous sentons appelés car nous présupposons, à tort ou à
raison, une unité de ce qui émerveille et illumine. Cela
ne signifie pas qu’il n’y a pas des lumières trompeuses,
mais que tout ce qui nous a élevés participe d’un même
principe. L’essentiel est comme un soleil qu’on ne
voit pas, mais qui nous attire par ses rayons.
Voilà pourquoi l’horizon de notre soif est brumeux et
que nous bafouillons dès qu’il s’agit d’en parler.
Nous ne savons pas ce qu’il est, pourtant nous voulons
le réaliser en nous réalisant.
Nous mentirions en affirmant que
nous savons ce que nous cherchons, car la source d’où
émanent la bonté et la beauté reste pour nous
mystérieuse. Mais nous mentirions aussi en disant que
nous ne savons rien de ce que nous cherchons, car les
expériences de nos vies nous ont indiqué un chemin et
nous ont donné la saveur de cet absolu. Toutes les
réalités qui ont éveillé et animé en nous la soif ont ce
goût d’absolu, car leur valeur n’est relative à rien.
Pourquoi aimons-nous la bonté ? Parce que c’est la
bonté.
Pourquoi aimons-nous la beauté ? Parce c’est la beauté.
Pourquoi aimons-nous la vérité ? Parce que c’est la
vérité.
Nous les désirons pour elles-mêmes et non en vue d’autre
chose.
Reza Moghaddassi (La soif de l’essentiel -
Marabout)
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Ce texte a été
exploité lors de la rencontre Eco Med
du
mardi 21 février
2017
:
La morosité
a-t-elle de l'avenir ?
La question n’est plus simplement de savoir qui sera
président en mai 2017, mais ce que sera le monde en
2050, voire en 2100. [...]
Dénoncer les dérives et les excès d’une société qui
transforme les humains en objet de production et de
consommation ? C’est sans doute indispensable. Nous
n’aurons jamais de mots assez sévères pour cela.
Mais le risque est parfois de devenir donneurs de
leçons, moralisateurs qui ajoutent encore à la morosité
ambiante. À l’inverse, l’évangile de Matthieu met dans
la bouche de Jésus une vraie révolution de comportement
:
« C’est vous qui êtes le sel du monde [...]. C’est
vous qui êtes la lumière du monde. »(Mt 5,13-14).
Il s’agit effectivement d’une révolution. La tradition
biblique employait ces symboles plus volontiers pour
parler de Dieu lui-même et non des êtres humains. Mais
voilà que nous est donnée une vraie mission, celle
d’incarner une présence divine dans le monde...
Ces deux symboles sont différents et complémentaires. Le
sel est discret, au contraire de la lumière. Comme un
appel à une dialectique entre la discrétion et une
audace du plein jour. Le point commun entre ces deux
réalités est néanmoins de mettre en valeur ce qui
existe.
Le sel est un exhausteur de goût, pas un transformateur
de goût. La côte de bœuf aura toujours un goût de côte
de bœuf, et non de saumon ou d’œuf à la coque.
Révéler le goût des choses, n’est-ce pas le meilleur
remède contre la morosité ?
Valoriser ce qui existe, le rendre savoureux, n’est-ce
pas là une belle mission qui nous éloigne de nos
gémissements habituels et des dérives de la polémique
immédiate et creuse ?
Quant à la lumière, c’est bien elle qui fait exister au
regard ce qui est, qui donne du relief par les ombres
qu’elle crée. D’ailleurs, comme pour Dieu dans le livre
de l’Exode, on ne peut pas regarder directement la
lumière du jour, le soleil, sans se brûler les yeux. On
voit ce qu’elle éclaire en devinant la source. Voilà
encore une exhortation à une forme de dialectique dans
nos vies, entre discrétion et audace.
Si nous éclairons le monde, c’est pour le mettre en
valeur, et non pour mettre en avant notre identité,
notre drapeau, notre Église, notre histoire. La «
nouvelle évangélisation » n’est peut-être pas de vouloir
« gagner des âmes » ou de vouloir toujours plus de
paroissiens, mais, avec une humble audace, de rendre le
monde plus beau et plus délicieux.
La morosité aura alors perdu.
Jean-Marie de Bourqueney -
Réforme,
hebdomadaire protestant n°3693
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Ce
texte a été exploité lors de la rencontre ECO
du
samedi
4 février
2017
:
Un mensonge aveugle
« Que faut-il faire ? » demandent certains disciples à
Jésus dans l’Evangile de Thomas.
« Arrêtez le mensonge ! Ce que
vous n’aimez pas, ne le faites pas », répond Jésus.
Cette formule étonnante renvoie les disciples à leur
ardeur. Le problème n’est pas tant ce qu’il faut faire
que l’intensité de notre soif. Arrêter le mensonge,
c’est d’abord se mettre à l’écoute de sa soif, la
prendre au sérieux. Ce que Jésus reproche à ses
disciples n’est pas tant qu’ils lui mentent, mais qu’ils
se mentent à eux-mêmes. Mais de quel mensonge
s’agit-il ? Comment un mensonge pourrait –il être
inconscient ?
Le mensonge est en effet traversé par une division
puisque le menteur joue à celui qui dit la vérité tout
en sachant que ce qu’il avance est faux. Il doit
inventer un scénario et garder son sang-froid d’acteur.
A l’inverse, celui qui veut dire la vérité n’a pas
besoin de réfléchir ni d’inventer, il laisse sa
spontanéité s’exprimer. Il lui arrive de se tromper
mais, de cette erreur, il sera la première victime. Il
n’a pas eu l’intention de trahir ou de mentir. Il n’a
pas joué un double jeu.
Vivre, c’est parfois faire l’expérience du mensonge et
de la trahison, c’est connaitre la duplicité de celui
qui prétend à la vérité mais qui joue et se joue de
nous.
Malheureusement, il ne suffit pas de ne pas mentir pour
ne pas vivre dans le mensonge. Une forme plus subtile de
duplicité nous habite, qui n’est ni consciente ni mal
intentionnée, mais qui nous divise et nous éloigne de la
vérité. Dans chacun de nos actes, nous sommes séparés de
l’absolu mais nous faisons comme si ce n’était pas le
cas. Oublier sa soif, c’est d’abord être inconscient de
l’imperfection de ses actes.
Prenons quelques exemples pour illustrer cette
inconscience. Remarquons, en premier lieu, que le désir
de dire la vérité ne garantit pas que ce que nous disons
est la vérité. Nous prenons souvent le ton de la
compétence pour parler des choses, mais qu’en
savons-nous ? Ne sommes-nous pas en train de colporter
des informations que nous avons glanées çà et là sans
interroger nos sources ? La science elle-même ne
présente-t-elle pas le plus souvent des vérités
incomplètes, temporaires et approximatives ? N’est-elle
pas un regard possible sur le réel ? Les mots
peuvent-ils dire pleinement les choses ?
Ce même écart se retrouve encore dans bien d’autres
domaines. De la même manière et sans même en avoir
conscience, lorsque nous donnons, nous faisons comme si
nous n’attendions rien en retour, mais nous nous
regardons donner. Nous espérons peut-être inconsciemment
quelque chose en retour : que celui à qui nous donnons,
et qui devient alors notre débiteur, nous témoigne sa
reconnaissance ou que la vie nous récompense, comme si
nous cherchions ainsi à acheter inconsciemment un
meilleur destin. Notre don a beaucoup de mal à être
total et gratuit mais nous faisons pourtant comme s’il
l’était.
Quand noud disons « Je t’aime », même si nous le disons
du « fond du cœur », sommes-nous à la hauteur de cet
amour que nous invoquons ? S’agit-il d’un amour pur de
tout égoïsme et possessivité ? Non. Le sentiment bien
réel que nous invoquons porte toutes les limites qui
sont les nôtres.
Nous ne sommes pas seuls à entretenir le mensonge. Toute
la vie sociale entretient le vernis de la vérité. Jouer
à ce jeu est même, à certains égards, une nécessité ;
une sincérité totale empêcherait la vie en société. Nous
devons faire comme si notre don était gratuit et
désintéressé, comme si notre amour était pur et
désintéressé, comme si tout allait bien quand cela ne va
pas, comme si, etc.
La soif de l’essentiel trouve son terreau dans la
conscience de cet écart. Elle est un cri ou un appel à
plus de vérité : non pas un appel à transgresser les
codes sociaux –ce serait infantile et regrettable, car
il est souvent précieux au niveau extérieur de faire
« comme si » -, mais un appel à nous élever
intérieurement à la hauteur de nos exigences, à entrer
en cohérence avec les principes que nous invoquons. La
soif de l’essentiel est un appel à une purification
intérieure. Encore faut-il, pour entrer dans une telle
démarche, prendre conscience du mensonge.
La sincérité, c’est d’abord la conscience de sa
non-sincérité.
Or, nous avons tendance à vivre dans l’inconscience ou
dans une forme de mauvaise foi. Par orgueil ? Par
paresse ? Les causes sont multiples et aussi bien
intérieures qu’extérieures, mais le résultat est là :
nous ne cherchons pas à polir le miroir de notre cœur.
Reza Moghaddassi ; La soif de l’essentiel,
Editions Marabout
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La spiritualité
« Nous sommes entrés dans la
première civilisation agnostique de l’histoire,
consciente d’ignorer la signification de l’homme …Et
j’ajoute très tranquillement ; ça ne durera pas
éternellement. Notre civilisation sera contrainte de
trouver sa valeur fondamentale ou elle se décomposera »
André Malraux
Les communautarismes, les
ethnocentrismes, les obligations faites aux minorités de
s’intégrer sous peine de « désintégration » ou
d’exclusion … pis, les massacres ou autres épurations
ethniques donnent raison à
ce
visionnaire athée.
La spiritualité est une ressource
de sens potentielle. La spiritualité peut aider les
patients à surmonter leur détresse. La spiritualité
n’est pas seulement l’affaire des représentants
religieux ou des soignants. La spiritualité appartient à
celui ou ceux qui éprouvent la vie, leur vie. Elle se
vit « comme on peut » avec ou sans support religieux,
mais elle se vit. La spiritualité se vit plutôt dans
l’intimité et la solitude. Elle peut se partager avec
celui ou ceux qui, au sens étymologique, connaissent
(naissent avec), avec les proches.
« A l’heure où l’on voit
s’opposer un Dieu sans spiritualité et une spiritualité
sans Dieu, donner du sens au terme de spiritualité passe
par le fait de pratiquer celle-ci en apercevant
notamment comment elle passe par le sens de
l’intelligence, de la nature, de l’homme, de la relation
et du sens » Vergely
« Ce que l’on voudrait
souhaiter à tous, c’est de porter un regard lucide et
serein sur la finitude de notre existence. » Ce
message est une invitation à réfléchir dans le calme et
sans tabou à nos priorités, à nos valeurs, à nos
convictions et à nos espoirs, si possible dans un
dialogue avec les êtres qui nous sont chers. Dans nos
vies, ces dialogues restent malheureusement rares et
nous nous y consacrons souvent très tard. C’est notre
liberté de prendre, ici et maintenant, le temps
nécessaire à cette introspection.
Extrait du livre "La fin de vie"
"Se préparer à mourir est la meilleure façon
d'apprendre à vivre" Editions Eyrolles
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L’Eglise
face aux défis de la modernité
Intervention
de Jacques NOYER, évêque émérite du diocèse Amiens.
Les
changements causés par la modernité bouleversent l’Eglise
qui traverse une tempête secouée par 3 lames de fond :
1) Le
rapport au territoire a changé, le modèle de la paroisse
est ébranlé. L’Eglise installée dans le monde depuis de
nombreux siècles était structurée en paroisses, chacune
délimitée dans un territoire précis avec un curé à sa tête
qui organise tout. Mais ce modèle est dépassé car le curé
vit pour ses paroissiens, mais ils ne sont plus là. La
mouvance des habitants pour le travail, les loisirs,
conduit à une société « hors sol » et les chrétiens ne sont
plus majoritaires. Pour pallier au manque de vocations, le
prêtre est responsable de plusieurs paroisses, mais les
fidèles ne vivant plus ensemble dans un même lieu, il n’y a
plus de liens structurels entre eux. Autre modèle dépassé
comme celui de penser l’Église par milieux, mais leur
définition a évolué.
La
communauté vivait autour de la messe. Faut-il défendre
l’Eucharistie pour la totalité des chrétiens et trouver
d’autres formes de sacerdoce pour que tous en bénéficient ou
bien faire l’eucharistie autrement. On ne peut pas faire
l’Eucharistie pour tous avec moins de prêtres …
La messe
télévisée, les adap, les rencontres des JMJ , les
pèlerinages, le carême par internet, Facebook … sont
d’autres approches pour faire Eglise.
Il faut que
l’Eglise accepte de se repenser autrement avec tous ces
liens nouveaux.
Il faudrait
que des communautés de chrétiens se forment. Il est
important de partir de la vie des gens telle qu’elle est en
cherchant du sens à ce qu’ils vivent.
2) La
parole de l’Eglise est contestée… Le monde affirme sa
liberté de penser. La société contemporaine n’écoute plus…
La spiritualité elle-même se passe de l’Eglise … L’autorité
du dogme est remise en question.
L’Église est
asphyxiée par sa hiérarchie. Elle a confondu le royaume de
Dieu et le royaume de l’Eglise. Son autorité n’est plus
reçue ni écoutée comme avant, mais elle continue de juger
comme si elle était encore gardienne du troupeau. Les clercs
avaient la connaissance et imposait ce qui était bien et
mal. Sa manière de parler ne convient plus. Il lui faut
réapprendre à parler à la manière de Jésus qui parle avec
une autorité reconnue, mais pas de manière autoritaire. Les
paroles de Jésus sont capables de bouleverser une vie.
3 Le
discours sur l’Homme : l’Eglise disait ce qu’était
l’Homme aux yeux de Dieu.
Evangéliser c’était imposer. (Notion de nature, loi
naturelle sur l’Homme, la famille, le social…). Cette
prétention a été mise à mal par l’histoire, l’exégèse, les
sciences humaines… Ce qui est fondamental, c’est la
relation. L’être est une relation, Dieu est défini par une
relation.
3
Croire ce
n’est pas croire à une vérité qui est déjà là, mais c’est la
chercher. Dieu n’a pas tout décidé, avec Dieu je peux agir.
Le discours de l’Eglise ne tient pas compte comment il est
reçu chez les gens. Quand on annonce l’Evangile, quand on
fait un sermon, il faut se demander si c’est une parole qui
sauve, qui réconforte. Trop longtemps l’Eglise a défini une
doctrine qui est un système à croire et non pas basé sur la
relation. La foi ne se met pas en boite, c’est comme la
vision. Elle n’est pas une obéissance, mais un
émerveillement sur une réalité différente. Le rationalisme a
secoué le dogmatisme de l’Eglise qui croyait que le royaume
de Dieu était achevé. Elle reconnait maintenant qu’il y a
une lecture historique de la Bible. La notion d’histoire
nous oblige à une relativité des choses. La religion est un
moyen pour la foi, mais on l’a sacralisée à travers ses
règles, ses chefs. L’Eglise a toujours le sentiment qu’elle
a la vérité. Elle doit s’adapter et répondre aux questions
du moment, trouver les mots justes. Les synodes romains et
diocésains devaient permettre à l’Eglise de prendre des
décisions à l’échelon national. Dans l’histoire, des
réformes ont été faites par des prophètes comme St François
d’Assise. Quels enseignements tire-t- elle des prophètes
d’aujourd’hui come Marcel Légaut, Helder Camara , Mgr Riobé,
l’abbé Pierre.
Cinq
changements de perspective à opérer pour rester fidèles :
1)
Sortir de la chrétienté : l’Eglise n’est pas un empire, elle n’est pas une société
qui impose, elle n’a aucun privilège. Après la chute de
l’empire romain l’Eglise s’est sentie responsable du monde
et on a vécu dans cette supériorité. On peut sauver le monde
en disant : « monter dans la barque », mais on peut aussi
mettre un phare pour l’éclairer.
2)
Il faut
aimer le monde d’aujourd’hui tel qu’il est avec ses
souffrances, ses erreurs, ses échecs, ses injustices, mais
ne pas s’installer comme le parangon de la justice.
3)
Il faut
accepter la diversité. On a trop pensé l’Eglise comme un
arbre, mais on peut la voir plutôt comme un buisson. Tout
le monde ne marche pas au même pas. Importance de concilier
les différentes initiatives et d’en faire l’évaluation. Il
faut accepter d’être différents et rentrer en dialogue, mais
ce n’est pas facile.
4)
Ne pas avoir peur de faire du neuf et croire à l’Esprit qui invente, qui fait toute chose
nouvelle et qui change la face de la Terre. Faire confiance
à l’Esprit, c’est croire qu’une autre Eglise est possible.
C’est un souffle, une énergie qui nous guide vers le
royaume de Dieu.
5)
Passer du catéchisme à la pastorale. Le catéchisme affirme des vérités, la pastorale ne
juge pas ; ce qui permet à la brebis de trouver ou de
retrouver un chemin. Je crois beaucoup plus à la parole qui
agit comme une caresse. Les Béatitudes ne doivent pas être
reçues comme des commandements. Il faut aider les gens à
goûter les paroles et les gestes de Jésus et dire Dieu
autrement.
Compte rendu
par
Blandine&Alain
(CHEMINS
NOUVEAUX)
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Ce texte a été exploité lors de la
rencontre Eco Med
du
samedi 7 janvier
2017
:
Prières d’homme
« Que chacun aille en paix
sur la voie qui est sienne
avec l’exactitude de la
fidélité.
Départ et détachement,
Dépouillement sans fin.
Distance et liberté
Seul, face à son destin.
Discrétion et patience
De celui qui se sait, mais
espère dans la pureté du silence.
(…)
Attente de la présence qui
fait être
Dans la totalité du vouloir.
(…)
Harmonie et paix
étant soi sans être à soi,
dans la rectitude du regard,
dans la justesse de la
pensée,
dans la simplicité de
l’acte,
dans l’authenticité de
l’être,
disponible, et comme
immobile
devant Dieu,
pour recevoir et pour donner. »
Marcel Légaut
|
Ce texte a été exploité lors de la
rencontre Eco Med
du
jeudi 17
novembre 2016 :
L’avent :
un grand vent d'espérance,
un autre monde est possible !
Le temps de l’Avent, c’est le
temps du désir. Le désir toujours entretenu, jamais
assouvi, qui nous porte en avant dans la joie d’aller à
la rencontre de Celui que nous ne cessons de chercher.
Là où il y a un désir, il y a un chemin.
Ce n’est pas l’attente inquiète
pour un train qui n’arrive pas. Ni l’attente angoissée
pour un être cher dont la vie est en danger. Ni
l’attente illusoire de ceux qui ne vivent que pour un
passé à jamais révolu.
C’est l’attente joyeuse des
parents qui se préparent à la naissance de leur enfant.
C’est l’attente des guetteurs d’aube. Ils savent que la
nuit, si longue soit-elle, laissera place à la lumière
du jour. C’est l’attente des amoureux de la vie. Ils
sont en état d’accueil. Etre vivant, c’est être
accueillant. Accueil à ce qui va venir, à ce qui peut
advenir, à l’inattendu, à l’inédit. Ils entrent dans
l’aventure de la vie.
Mais il y a les déçus de la vie,
qui n’attendent plus rien d’elle. Ils n’attendent plus
rien d’eux-mêmes, ni des autres, ni de Dieu, ni de
l’Eglise, ni de la société. On dirait que leur vie s’est
arrêtée, qu’ils sont déjà entrés dans la mort.
Quand Dieu vient habiter parmi
nous, tout invite au renouveau. C’est une bonne nouvelle
qui change la vie. Le temps de l’Avent, c’est le temps
des recommencements, toujours possibles, quels que
soient notre âge et notre situation.
Le temps de l’Avent s’élargit à l’humanité tout entière.
Un grand vent d’espérance : un autre monde est possible.
Notre planète, si meurtrie soit-elle par les inégalités
et les violences, peut faire germer la justice et la
paix. Il n’y a pas de fatalité. Quand Dieu entre
dans notre histoire, il ouvre l’avenir et nous donne la
passion du possible.
Tiré du
livre, page 6 8
"Un catéchisme au goût de liberté" de Jacques Gaillot,
Alice Gombault et Pierre de Locht
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Ce texte a été exploité lors de la
rencontre ECO du samedi 3 novembre 2016 :
Une espérance qui
engage
Comment vivre sans entretenir dans
son cœur une part d'espérance ? On aspire à un lendemain
moins éprouvant, plus heureux. On espère vaincre une
difficulté, échapper à une épreuve, voir se réaliser un
mieux-être, pour soi et pour ceux qui nous sont chers.
On ne peut se résigner à voir des enfants mourir de
faim, des régions entières manquer du nécessaire, des
peuples s'entre-tuer ...
L'expérience nous apprend que
l'espérance surgit au coeur de l'épreuve. Elle prend
corps souvent dans la détresse. Alors que nous touchons
le fond du puits, voici que tout peut à nouveau
repartir. C'est au cours de la nuit que nous pouvons
voir l'aube se lever.
La tension qui existe en chacun
entre la conviction que les situations pourraient être
autres, entre un rêve, un idéal entrevu et la réalité
présente, souvent douloureuse, inacceptable pour soi,
pour les autres, appelle à bander ses énergies dans des
actions d'entr'aide, dans des solidarités exigeantes.
L'espérance est un
levier essentiel du dynamisme et des engagements
humains. Elle est toujours un combat. Elle consiste à
traverser la détresse sans se laisser écraser par elle.
|
Ainsi les témoins de l'espérance
reviennent de loin. Ils ont connu la guerre, la prison,
la torture, la faim, l'exil, la maladie ... mais ils ont
tenu bon. Ils portent encore les blessures de leur
grande épreuve comme pour mieux manifester la puissance
de la vie et de l'amour. Grâce à eux, on peut croire
qu'un avenir est encore possible. Des portes s'ouvrent.
Il n'ya plus de situation sans issue.
... Car l'espérance n'est pas
qu'une simple attente d'un lendemain plus heureux. Il
n'y a a d'espérance solide et vivace que dans
l'engagement personnel, qui nous incite à établir dès
maintenant les jalons d'un mieux-être, si modestes
soient-ils.
Habituellement l'espérance ne se
vit pas seul. Elle est portée par un groupe, une
communauté, un peuple. C'est ce qui donne un dynamisme
et un élan à nos efforts et à nos combats. Un peuple
porteur d'espérance a l'avenir devant lui, malgré les
obstacles. C'est ce qu'exprime Pablo Néruda en
s'adressant aux ennemis des libertés
: "Ils pourront couper toutes les fleurs, jamais ils ne
seront les maîtres du printemps".
Tiré du livre, page 65 "Un
catéchisme au goût de liberté" de Jacques Gaillot,
Alice Gombault et Pierre de Locht
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Ce texte a été exploité lors de la
rencontre du samedi
3 septembre
2016 :
La Beauté
Au cœur du monde, il y a la beauté,
Le Cœur du monde est invisible
Il bat
Notre Cœur bat silencieusement
Invisible à nos yeux il bat
A chaque seconde il bat
La vie bat tout autour de nous
Et les saisons s'enchaînent
Et la fleur éclot au printemps après le silence de l'
hiver
Et l' oiseau chante le miracle d'exister
Le matin résonne d' une symphonie
L' oiseau fête le jour qui se lève
Et personne ne l'entend
Chacun s' affaire
A sa peine, à son labeur
Et l' oiseau est là
Comme l'obscurité pourtant la laideur est là ... aussi
Comme pour dire " mesurez votre chance"
Oui, je suis là, la guerre, la mort
Et tout le chapelet d'horreurs
Mais justement malgré tout cela
La vie est toujours là
La beauté d'un regard
La beauté d'un geste
Moment d'éternité
La beauté n'est pas une quantité
Dans la balance
Des milliers d'horreurs et un Cœur
Le Cœur du monde qui bat
Il est là
Il suffit de s'arrêter et d' Écouter.
Nicole
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Ce texte a été exploité lors de la
rencontre ECO -MED
du samedi 5
novembre 2016 :
Prier
Se rendre
présent
à
l'Eternité
au cœur de soi
Le monde
était
présent
avant nous
Sera là
dans l'éternité
du temps
Et je
suis là
à
ce moment précis
Fourmi lilliputienne au cœur de l'Univers
Là
en totalité
avec mon histoire
Résumée
en aujourd'hui et disponible
à
l'inconnu
Et tout
est là
comme une pèlerine
avec son sac à
dos
Tout
l'indispensable est là il n'y a rien à
craindre
Ce moment comme un extrait de parfum
Entre le
passé
et le futur
Il a
fallu tant de fleurs pour créer
cet extrait
Il a
fallu tant de chemin pour créer
ce que je suis
Je suis
et ça
suffit
Cela a une couleur, une odeur, une texture
C'est unique et essentiel
C'est Dieu en moi
C'est un grain de sable
Et sans chaque grain de sable il n'y aurait pas la dune
Et sans
la dune il n'y aurait pas le désert
Et s'il
n'y avait pas le désert
il n'y aurait pas les touaregs et leurs chameaux
Chacun est indispensable au tout
Dieu,
c'est une présence
qui habite
Je suis
habitée
et cela seul suffit
Il n'ya
plus de mot, plus de mouvement, seulement une présence
Et quels
que soient les travers les obscurités du monde
Sentir la chaleur de cet Amour immense
Nicole
|
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Ce texte a été exploité lors de la rencontre ECO-MED
du samedi
4 juin
2016 :
EcoMed ou "Ecoute -
Méditation" du
2016 04 30
Vie con templative
Le contemplatif est celui qui
s'est risqué dans un désert de l'esprit au delà du
langage, au delà des idées, en ce lieu où Dieu se trouve
dans la simplicité de la confiance pure. Dès lors, le
message du contemplatif ne sera pas de vous inviter à
chercher votre voie dans la jungle du langage. Que vous
le compreniez ou non, Dieu vous aime, il vit en vous. Il
vous offre une lumière qui ne ressemble à rien de ce que
vous avez pu trouver dans les livres ou entendre dans
les sermons.
Le contemplatif n'a rien à vous
dire si ce n'est pour vous rassurer, car si vous osez
pénétrer votre propre silence, alors vous arriverez
jusqu'à la lumière et à cette capacité de comprendre au
delà des mots ce qui est trop proche pour qu'on
l'explique.
Thomas Meurton, moine
cistercien
Transcendance et
politique
La transcendance, c’est la
conscience de se savoir traversé par quelque chose
d’autre que soi. L’humilité de se savoir redevable – de
savoir que je ne suis ce que je suis que parce que je
suis « traversée ». Par Dieu, et par les autres : leurs
propres inspirations, leurs visions, leurs colères,
leurs désirs.
Je fais souvent cette prière
à Dieu en lui demandant de me compléter. La
transcendance en politique, ce pourrait être d’adresser
cette prière aux autres. Au lieu de « détenir » le
pouvoir, le partager avec d’autres et leur dire :
« Complétez-moi ».
Lorsque Élie dans le désert
désespère, il dit : « C’en est trop ! Maintenant
Éternel, prends ma vie, car je ne suis pas meilleur que
mes pères. » (1 Rois 19,4).
Je me dis : voilà bien le
complexe de toute ma vie ! Ne plus rien oser
entreprendre, car je ne sais pas comment m’y prendre.
Mettre des enfants au monde dans l’angoisse que leur
avenir soit pire que notre aujourd’hui, et ne pas savoir
pour qui voter pour leur offrir un monde vivable…
Je ne suis pas une
spécialiste de la vie politique. Tout humain doit être à
sa mesure un spécialiste de la vie politique. Or, nos
dirigeants ne nous encouragent pas à cette
participation, à cette responsabilisation. Il ne s’agit
pas d’être indulgent ou pas, il s’agirait déjà,
basiquement, d’être en relation. Jésus lui-même vient
m’encourager à me tenir debout, me mettre en marche,
assumer de prendre ma part et de dire « je ».
Dans ma lecture de la Bible,
un Dieu partage avec nous le pouvoir, nous en croit
dignes, qui nous désire responsables et je nous vois
préférer construire une Église qui invente des dogmes,
des hiérarchies, des spécialistes...
Tout un système qui, comme
sur la scène politique, permet à ceux qui jouissent du
pouvoir de jouir tant qu’ils peuvent, et à ceux qui,
comme moi, souffrent du complexe d’Élie de se défausser.
Il n’y a pas plus de spécialistes de Dieu que de
spécialistes de la « fragilité des affaires humaines ».
Ce sont de grandes affaires qui ne s’abordent qu’à
plusieurs. Tous les plusieurs.
La démocratie n’est pas,
elle naît. Elle est toujours à mettre au monde. J’ajoute
que l’Évangile aussi, et c’est en cela que le
christianisme ne peut pas être une religion. La
démocratie et l’Évangile ne peuvent vivre qu’en milieu
ouvert.
C’est ce qui fait, à l’un
comme à l’autre, leur fragilité. Mais c’est ce qui
conditionne leur puissance et leur pertinence. En
démocratie comme en Évangile, il faut être toujours prêt
à se laisser déranger et à se mettre à l’écoute d’autre
chose que soi...
Tiré de « Questions à Marion
Muller-Collard, Théologienne ; Réforme
, hebdomadaire protestant
N° 3655 du 28
avril 2016
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Ce texte a été exploité
lors de la rencontre ECO du samedi 28 mai 2016 :
Je vieillis
Seigneur, tu sais mieux que moi que je vieillis et qu'un
jour je ferai partie des vieux.
Garde-moi de cette fatale habitude de croire
que je
dois dire quelque chose à propos de tout et en toute
occasion.
Débarrasse-moi du désir obsédant de mettre en ordre les
affaires des autres.
Rends-moi réfléchi et non maussade, serviable mais non
autoritaire.
Il me paraît dommage de ne pas utiliser toute ma vraie
réserve de sagesse,
mais tu sais,
Seigneur… que je voudrais garder quelques amis.
Retiens-moi de réciter sans fin des détails,
Donne-moi des ailes pour parvenir au but.
Scelle
mes lèvres sur les maux et douleurs, bien qu'ils
augmentent sans cesse
et qu'il
soit plus doux, au fil des ans, de les énumérer.
Je n'ose pas te demander d'aller jusqu'à prendre goût au
récit des douleurs des autres,
mais
aide-moi à les supporter avec patience.
Je n'ose pas te réclamer une meilleure mémoire
mais
donne-moi une humilité grandissante et moins
d'outrecuidance
lorsque
ma mémoire se heurte à celle des autres.
Apprends-moi la glorieuse leçon qu'il peut m'arriver de
me tromper. Garde-moi…
Je n'ai
pas tellement envie de la sainteté : certains saints
sont si difficiles à vivre !
Mais une
vieille personne amère est assurément l'une des
inventions suprême du démon.
Rends-moi capable de voir ce qu'il y a de bon là où
on ne s'y attendait pas
et de
reconnaître des talents chez des gens où on n'en voyait
pas.
Et
donne-moi la grâce pour le leur dire… Amen !
Prière
écrite par une religieuse anglaise au XVII° siècle –
communiquée par André Costabel 3 rue du Moulin à Vent
30540 Milha
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Communiqué de presse du conseil d'administration de la
fédération des réseaux du Parvis réuni le samedi 12
septembre 2015 (voté à l'unanimité)
12
septembre 2015
L’arrivée dans nos pays de nombreux demandeurs d’asile en provenance de
pays en guerre ne peut et ne doit provoquer qu’une seule
réponse de notre part : l’accueil inconditionnel.
Si nous voulons agir en cohérence avec le message de
l’Evangile, aucun argument ne doit nous détourner de
cette tâche prioritaire. Lorsque Jésus dit « j’avais
faim et vous m’avez donné à manger, j’étais prisonnier
et vous m’avez visité »… il ne met aucun autre critère à
notre action. Lorsqu’il bénit « ceux qui sont persécutés
pour la justice » il ne précise pas leur nationalité ni
leur religion.
C’est pourquoi nous récusons fermement toutes les arguties de celles et
ceux qui refusent d’accueillir des personnes en détresse
sous le prétexte de préserver « l’identité chrétienne de
l’Europe ». Jésus ne demande pas à ses disciples de
conserver des dogmes et des rites, mais de pratiquer la
charité envers tous. Il prolonge en cela l’appel,
récurrent dans la Bible, à l’hospitalité et à l’accueil
de l’étranger. La seule identité chrétienne qui doive
être préservée, c’est celle qui met en pratique cette
valeur simple et fondamentale : la fraternité
universelle.
Que celles et ceux qui veulent que l’Europe se replie dans sa forteresse
ou qui veulent trier les demandeurs d’asile selon des
critères d’appartenance religieuse aient au moins la
cohérence et la décence de ne pas prétendre le faire au
nom du christianisme.
La tâche est immense, difficile et complexe. Nous devrons accepter de
nous laisser déstabiliser, de nous mettre au travail,
avec d’autres hommes et femmes de toutes convictions,
pour créer les possibilités d’un accueil digne de tous
ces arrivants. Nous devrons aussi, avec la même énergie,
peser sur les décisions nationales et internationales
qui amènent tant de personnes à fuir la guerre, la
misère, les atteintes aux droits de l’Homme. Nous
sommes convaincus que c’est ainsi que nous répondrons
concrètement aux paroles de Jésus le Nazaréen. « Ce que
vous avez fait aux plus petits, c’est à moi que vous
l’avez fait.»
Fédération des Réseaux du Parvis
Contact :
Marie-Anne JEHL, présidente
maf.jehl@orange.fr
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Le train de la vie
2016 04
Communiqué par M.D.
Canada
A la naissance, on monte
dans le train et on rencontre nos Parents.
On croit qu'ils voyageront toujours avec nous.
Pourtant, à une station, nos Parents descendront du
train,
nous laissant seuls continuer le voyage.
Au fur et à mesure que le temps passe,
d'autres personnes montent dans le train.
Et ils seront importants : notre fratrie, amis, enfants,
même l'amour de notre vie.
Beaucoup démissionneront (même l'amour de notre vie)
et laisseront un vide plus ou moins grand.
D'autres seront si discrets qu'on ne réalisera pas
qu'ils ont quitté leurs sièges.
Ce voyage en train sera plein de joies, de peines,
d'attentes,
de bonjours, d'au- revoir et d'adieux.
Le succès est d'avoir de bonnes relations avec tous les
passagers
pourvu qu'on donne le meilleur de nous-mêmes.
On ne sait pas à quelle station nous descendrons.
donc vivons heureux, aimons et pardonnons.
Il est important de le faire car lorsque nous
descendrons du train, nous ne devrons laisser que des
beaux souvenirs à ceux qui continueront leur voyage.
Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le
ciel de ce voyage fantastique.
Aussi, merci d'être un des passagers de mon train.
Et si je dois descendre à la prochaine station, je suis
content d'avoir fait un bout de chemin avec toi.
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A tous ceux que j'aime
...
Je vous offre une brassée de LUMIERE
et de CHALEUR qui puisse RECHAUFFER
tous les cœurs sombres ou ténébreux de la terre.....
- PARTAGEONS ENSEMBLE
ce que nous pourrons apporter pour fêter NOEL en
famille
Nos JOIES ou nos PEINES
BRILLANCE de nos talents -
de nos dons ou
de notre aide en y participant avec sourire ou
DOUCEUR et TENDRESSE
inhabituelles
…..
SOINS des cadeaux qui font la joie des petits..
mais aussi le plaisir des grands …..
JEUX ou ATTENTIONS PARTICULIERES
aux plus affligés ou très agités ….
BREF – tout ce que vous imaginerez vous-mêmes
à travers la beauté de vos gestes de vos paroles,
ou de votre simple
présence
- mais surtout de
votre
grand cœur
qu'on ne dit pas
qu'on ne devine pas mais qui est capable
d'accomplir le miracle du jour !
VEILLONS aussi au FEU qui se consume et
ranimons de temps à autre nos braises afin
que nous puissions nous en souvenir après les fêtes !
SOYONS ou restons
<
NOEL
< ... toute l'année !
NOUS accompagnerons cette fête de nos meilleurs
VOEUX
pour le passage obligé de l'année suivante qui se fera
malgré nous – mais jamais sans nous !
REMERCIONS humblement cette CREATION DIVINE
qui est plus grande que nous mais qui se manifeste
aussi en NOUS !
TRES BONNES FETES DE FIN D 'ANNEE à VOUS
TOUS !
G ermaine
Oswald
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«
Comme un voyage »
TOUSSAINT.
Plus de
600 000 Français pensent
aujourd’hui faire un legs à une
association. Qui sont-ils ? Pourquoi
veulent-ils consacrer une partie de leur patrimoine à une
œuvre caritative ? Que deviennent
leurs biens après leur disparition ?
TÉMOIGNAGE.
Un
légateur,
Geneviève, 90 ans,
explique sa démarche, profonde et
réfléchie.
Jusqu’à présent préservée des soucis de
santé, Geneviève doit aujourd’hui composer avec un coeur fragilisé. La mort, elle y pense
sereinement. Toute sa vie, elle a fait
des dons à des associations comme SOS
Village d’enfants ou l’Institut Pasteur
Parce qu’elle ressent une attirance
particulière pour les enfants, ou pour
aider la recherche contre le cancer,
qui a emporté plusieurs de ses proches.
« J’ai toujours
envie d’améliorer les choses, j’aime
les fleurs, les plantes qui poussent, c’est intéressant.
»
Mère d’un fils unique,
qui n’a lui-même pas eu d’enfant, elle a longuement réfléchi à la
question du legs, sans trop savoir
comment s’y prendre.
« Je ne connais pas grand-chose aux histoires
d’argent, ça n’a pas été ma ligne de
conduite pour vivre. »
Au début, son fils la mettait en garde : « Maman,
je ne veux rien pour moi car j’ai ce qu’il faut,
lui disait-il.
Mais j’aimerais
mieux que tu ne lègues pas tes biens :
c’était ton travail, je préférerais que tu en profites.
»
Ce à quoi Geneviève
répondait :
« C’est embêtant
de laisser passer l’argent comme ça… »
Dépenser pour dépenser, ce n’est pas son truc. Et
puis, elle est catégorique : « Une
fois qu’on est mort, on ne profite de
rien ! »
Un jour, elle est tombée
sur un article dans un journal catholique parlant de Mécénat chirurgie
cardiaque (MCC). Ça a fait « tilt »
dans sa tête.
« J’en ai parlé à mon fils, qui m’a dit : “Je suis
d’accord. Je ferai comme toi.” »
Aujourd’hui, Geneviève et son fils ont
décidé de léguer tous leurs biens à MCC.
« C’est pas mal
: des enfants condamnés à mourir peuvent vivre après, une fois opérés. La
première image qui me vient en tête
quand j’y pense, ce sont des petits
pas qui courent sur le sable ou dans la forêt. C’est comme un voyage que je fais à
travers d’autres. »
http://reforme.net
Hebdomadaire protestant
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MÉDITATION
L’attitude tolérante
L’attitude tolérante ne suscite pas tout de suite et
obligatoirement la sympathie dans les structures
religieuses, politiques, ou chez certains particuliers,
anxieux ou bétonnés.
La tolérance peut être soupçonnée de mollesse, de
tiédeur. Elle prospérerait surtout sur les terrains de
manque de conviction, de faiblesse et aurait la vertu de
l’édredon qui amortit le choc. Elle serait comme une
anesthésie de la conscience, comme une forme
d’éteignoir.
« Il y a des maisons pour cela », disait le si grand et
pourtant si intolérant Paul Claudel...
En vérité, être tolérant, c’est découvrir tout au long
de l’existence, de choix en choix, dans les situations
quotidiennes, avec une volonté tendue vers le respect,
que le chemin de la tolérance est un chemin difficile
pour ne pas succomber à la facilité.
Être tolérant, c’est se connaître soi-même, être
tolérant avec soi-même, avec ses blessures, ses
richesses, et s’ouvrir alors aux autres dans leurs
différences, accepter d’être transformés par eux, tout
en restant fidèle à soi-même.
Être tolérant, c’est accepter d’être accepté par les
autres, pour pouvoir les recevoir avec leurs richesses,
leurs pauvretés, leurs soleils et leurs ombres, et la
différence de leurs couleurs.
Disponibilité, attente, désir, choix, ouverture,
dépouillement - le dirais-je ? Amour - autant de mots
qui disent la condition forte, riche et pauvre,
exigeante et silencieuse de la tolérance. La vérité de
chacun est insaisissable, elle lui appartient et il ne
sait pas la dire. En théorie, la tolérance est facile
lorsqu’on parle de dignité et de tolérance dans les pays
lointains, et loin des frontières. Elle est une exigence
difficile dans les rencontres quotidiennes.
« Le fossé le plus proche est le plus difficile à
franchir », dira Friedrich Nietzsche.
René-Xavier NAEGERT, dit le « Pope »
(1925 -2015), aumônier de l’École normale de Strasbourg
mai-juin 2015 ~ LES RÉSEAUX DES PARVIS 31
http://www.reseaux-parvis.fr/
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Proposé par M.B.
Inconnus mais pas
étrangers
Va à l’étranger
comme chez ton ami
et chez ton ami comme à l’étranger
Depuis longtemps
nos langues nous séparent
malgré les montagnes
les plaines
les rivières,
que nous avons grimpées
traversées
longées
Depuis longtemps
nos dieux nous séparent
malgré le désert
le ciel, la mer
que nous avons priés
Le pommier est-il l’étranger du pin,
l’oranger, celui du chêne,
le reflet du peuplier
dans la rivière de Castille,
est-il plus clair
que celui du bouleau
dans un lac de Finlande
|
La neige qui tombe à Odense
au Danemark
le jour de Noël
est-elle plus blanche
que celle qui tombe
des rêves du Touareg
à Bamako, le jour de L’Aïd
La lune que je contemple ce soir
dans l’hémisphère nord
est-elle plus ronde
que celle qu’on ne voit pas ce soir
dans l’hémisphère sud ?
Depuis longtemps
nos langues nous attirent
grâce aux pains
aux chants que nous partageons
autour de la même table
Et la main qui m’ouvre le chemin
dans ce pays où je me perds
m’est plus proche
que celle qui menace
dans mon pays où l’on se perd
dès que de l’autre côté de la route
qui relie nos villages
nos quartiers
dans notre ville
de notre pays
ils font de l’inconnu
un étranger.
Yvon Le Men, poète
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Ne dis pas que je
partirai demain
Car je nais aujourd’hui encore.
Regarde profondément : je nais à chaque seconde.
Je suis un bourgeon sur une branche au printemps.
Je suis un petit oiseau aux ailes encore fragiles
Qui apprend à chanter dans son nouveau nid.
Je suis une chenille au cœur d’une fleur.
Je suis un joyau caché dans la roche.
Je ne cesse de
naître, pour rire et pour pleurer,
Pour craindre et espérer.
Le rythme de mon cœur, c’est la naissance
Et la mort de tous les êtres en vie.
Je suis l’éphémère se métamorphosant à la surface de
la rivière
Et je suis l’oiseau qui, quand le printemps arrive,
Naît juste à temps pour manger l’éphémère.
Je suis la grenouille qui nage heureuse dans l’étang
clair
Et je suis l’orvet qui, approchant en silence, se
nourrit de la grenouille.
Je suis l’enfant
d’Ouganda, je n’ai que la peau et les os,
Mes jambes aussi minces qu’un bambou fragile
Et je suis le marchand d’armes qui vend des armes
mortelles en Ouganda.
Je suis la jeune fille de 12 ans, réfugiée sur un
esquif
Qui se jette dans l’océan après avoir été violée par
un pirate
Et je suis le pirate, mon cœur encore aveugle,
incapable de voir et d’aimer.
Je suis un membre du Politburo, ayant tant de
pouvoir entre les mains
Et je suis l’homme qui doit payer sa « dette de
sang » à son peuple,
Agonisant lentement dans un camp de travail.
Ma joie est comme le
printemps, si chaude qu’elle fait fleurir les fleurs sur
tous les chemins de la vie.
Ma souffrance est comme une rivière de larmes, si
pleine qu’elle remplit les quatre océans.
S’il vous plaît, appelez-moi par mes vrais noms
Que j’entende ensemble mes cris et mes rires,
Que je voie ma joie mais aussi mes peines.
S’il vous plaît, appelez-moi par mes vrais noms
Pour que je puisse me réveiller
Et pour que reste ouverte la porte de mon cœur,
La porte de la compassion.
Thich Nhat Hanh
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b. Une
Palestine bien vivante
(sans oublier bien sur les paysans qui luttent pour
survivre sur des terres qui leur sont volées par la colonisation)
En guise de vœux de Noël une lueur d’espoir dans un
pays déchiré par la violence et la haine. Mais on pourrait trouver de
nombreuses lumières sur toute notre planète en pleine crise dans tous les
domaines de vie de l’humanité.
Noël est depuis des temps immémoriaux le moment (dans
l'hémisphère nord) du retour du soleil et de l'échec des ténèbres, une fête
de" l'appel de la vie à elle même" '(K.Gibran) ,c'est à dire aussi de
l'enfant. Symbole de renaissance et donc de résurrection.
On doute que Jésus soit effectivement né à Bethléem
mais peu importe. La grotte légendaire est un utérus d'où peut venir une
lumière pour un monde enténébré par la haine et la violence.
Ceci est une traduction approximative (Google) d'un texte reçu en
anglais et arabe sur internet de la part de Mazim Qumsiyeh (mazin@qumsiyeh.org)
Jean RIEDINGER
Ceci est notre premier message de Noël du Musée de la
Palestine Histoire Naturelle (PMNH) à l'Université de Bethléem. Nous vous
souhaitons un Joyeux Noël et une heureuse, productive et paisible nouvelle année
2015. Depuis le lancement en Juin 2014, PMNH atteint une croissance remarquable
et accélérée.
PMNH a tenu une fête de la science qui a mobilisé ensemble
des centaines d'écoliers et de bénévoles pour des activités comme les
expériences et discussions sur des choses allant de la pensée critique pour la
physique à la protection de l'environnement.
PMNH a publié d'importantes recherches sur la Biodiversité
et lancé plusieurs nouveaux projets de recherche (certains impliquant des
techniques moléculaires et cytogénétiques). PMNH continue à étudier l'impact
environnemental de génotoxique et colonial israélien activités.
PMNH a beaucoup travaillé sur notre site de terres pour
créer et récupérer une écosystème intégré des animaux et des plantes
palestiniennes endogènes (non un zoo ou un jardin botanique, mais un écosystème
intégré). Nous avons commencé à réhabiliter certains animaux sauvages blessés ou
abandonnés.
PMNH a commencé à développer la permaculture et
l'aquaculture. Nous recyclons et revalorisons les déchets.
PMNH crée une bibliothèque numérique pour la faune et la
flore. Avec les efforts des bénévoles et seulement les dons individuels, nous
allons réaliser beaucoup. Aussi je vous remercie. Nous vous demandons de
collaborer avec nous. Ensemble, nous pouvons accomplir beaucoup plus en 2015.
Palestine Museum of Natural History Université de Bethléem, Bethléem occupée, Palestine
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page
b.
Croire en Dieu
Né dans une
famille modeste, d’origine catholique,
formé par l’école laïque et par l’Action
Catholique d’après-guerre, préparé à la
Mission de France, âgé de 82 ans, je
n’ai pas rompu avec l’Église qui m’a
révélé Jésus-Christ. Aujourd’hui comme
hier, je crois en Dieu. C’est
à- dire ? L’harmonie profonde du monde,
sa complexité, son agencement, sa beauté
« naturelle » me donnent l’évidence
d’une intelligence créatrice, « positive
», sans limites, qui ne cesse de
m’émerveiller et à laquelle je rends
grâce d’avoir ma place dans l’espace et
dans le temps. Cette intelligence- là,
je l’appelle « Père ». Dire « le hasard
et la nécessité » m’amuse. Dire « Dieu
est création de l’homme, il n’existe que
dans son cerveau, fruit de la solitude
et de la culture » ne me gêne pas. Qu’il
y ait quelque chose plutôt que rien, que
ce quelque chose soit en évolution,
depuis l’origine, vers plus d’esprit,
cela me fait réfléchir. Mais la relation
à l’inconnaissable, vivante, quotidienne
est à jamais pour moi l’essentiel
nécessaire.
Né ailleurs, dans une autre culture,
je ne croirais probablement pas à ce que
partagent juifs et chrétiens, ni aux
dogmes des seuls chrétiens. Évidemment.
Dieu est cependant là également pour
tous. Et c’est bien ainsi. Pour moi,
Français « catholique », avec le
parcours qui a été le mien, au-delà de
l’humain (non méprisable) présent dans
les histoires et les institutions, j’ai
perdu beaucoup de certitudes, et, à
beaucoup d’affirmations, je réponds : «
Je ne sais pas, mais je respecte. » Un
seul me paraît émerger, totalement sûr,
totalement humain, totalement confiant,
abandonné, uni et ouvert à Dieu : Jésus
de Nazareth, né en Palestine, il y a un
peu plus de vingt siècles. Ses paroles,
son comportement, tels qu’ils nous sont
rapportés, sont vraiment pour moi, « le
chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6).
Alors l’Église ? Il y a des Églises
depuis le début et l’histoire ne cesse
d’en faire naître. Tous les disciples de
Jésus sont pour moi des frères. Nous
formons ensemble la grande et unique
Église du Christ. Quoi d’autre ? Le
protestantisme ? Je n’en suis pas, mais,
par nature, j’aurais dû en être. Le
catholicisme ? Je me tiens à distance
parce que je ne suis plus un enfant,
parce que j’aime la liberté, l’égalité,
la fraternité et... la vérité. Lorsque
deux ou trois s’assemblent en son nom,
dans l’écoute et la simplicité, Jésus
est là (Cf. Mt 18,20).
Michel Fournier,
Charenton-le-Pont
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b.
Quand je
m'endormirai ...
Quand je
m'endormirai du sommeil de la mort,
C'est dans le
cœur de Dieu que je me consolerai,
A l'image de
ma mère assurant ma couchette,
Préparant mon
repos en douce chansonnette ...
Quand vous
verrez tomber de gros flocons de
neige,
Effaçant mes
empreintes marquées par le passé,
Je serai
quelque part sans vous le dévoiler
Et vous me
trouverez cachée dans vos pensées
...
Vous me
suivrez sans crainte avec vos mêmes
doutes,
Poursuivant
vos chemins qui traversaient nos
routes
Et ce silence
de Dieu offert à notre écoute,
Représentait
pour moi la pépite de mon corps.
L'univers est
immense dans ce grand prolongement;
Il permet la
distance si nous restons confiants
Car
l'espérance mène et nous entraîne
ainsi
A puiser nos
ressources cachées au fond des vies
...
Quand
surviendra la mort à nos âges
différents
Où planeront
nos âmes vers le ciel qui attend,
Vous verrez
les visages traversant cette balade,
Saluant au
passage la danse de ses nuages ...
Si ton Esprit
le croit sans chercher la distance,
Alors tu
verras bien toutes ces étoiles
filantes
Qui
remplissent le Ciel en assurant ta
voie,
Par ce lien
immortel que l'on perçoit en Soi ...
C'est la magie
de Dieu dévoilant son mystère;
Rien n'est
inachevé, la mort est nécessaire;
Il faut bien
la franchir pour passer la
frontière,
Dans ce
mouvement du temps éternellement
présent
Quand je
m'endormirai, quand je m'endormirai
...
Nous sommes
tous uniques, à l'image d'une fleur
Dévoilant son
parfum à travers sa couleur
Car on peut
apprécier en humant ces senteurs
Tout ce que
dégage l'homme à travers son labeur.
Chacun donne
sa mesure, celle que l'on peut
offrir,
Comme le fit
un beau jour, notre frère
Jésus-Christ;
Il médita sa
vie, nous assura l'ESPRIT
Car l'histoire
se poursuit en guidant chaque vie
On le dit fils
de Dieu, retourné chez son Père,
Invitant
ici-bas les enfants de la terre
A se joindre à
lui à travers son mystère,
Unissant nos
Esprits où résonnent nos prières
Germaine
OSWALD 02-2014
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page
b.
Le
présent
"Trouver le présent,
c'est laisser la vie couler à travers
soi,
c'est laisser le réel se présenter à
soi,
Le présent est indéfini ;
le futur n'a de réalité qu'en tant
qu'espoir présent,
le passé n'a de réalité qu'en tant que
souvenir présent.
Si le passé nous retient,
si l'avenir nous tourmente,
le présent nous échappe.
L'homme dissipe souvent sa vie
à raisonner sur le passé,
à se plaindre du présent,
à trembler pour l'avenir.
Le moment le plus important est le
présent ;
Si on ne s'occupe pas de son présent, on
manque son futur.
Le présent ne nous éloigne pas de ce que
nous sommes, il nous en rapproche.
Et c'est peut-être ce qui fait peur car
«qui je suis» maintenant est le résultat
de toute une histoire vécue. Joie et
souffrance comprises.
Nous avons le choix : soit rester dans
une tourmente intellectuelle pour être
liés par les souffrances de notre corps
; soit nous regarder dans un miroir,
accepter notre histoire, faire la paix
avec elle pour retrouver notre plénitude
naturelle.
Si nous ne pouvons saisir le présent, ce
n’est pas parce qu’il nous fuit, c’est
parce qu’il nous contient.
Ce n’est pas parce qu’il n'est rien :
c’est parce qu’il est tout.
Comment la vague pourrait-elle saisir
l’océan ?
Maintenant, regardons, voyons ce qui est
directement là, présent :
un oiseau, un arbre, le ciel …
Ils sont là, tout simplement.
Ecoutons et observons ce qui est là,
devant nous et rien d’autre ;
Rien d’autre que ce qui s'y trouve
vraiment.
Ne pensons qu’à regarder et à écouter ;
Ce qui nous est donné généreusement, en
abondance, est là,
N'ajoutons rien d’autre.
Le regard devient pensée et la pensée
écoute les sons ;
Contemplatif est alors notre regard.
Dans le moment présent, les couleurs du
monde prennent de l’ampleur
quand le corps émotionnel est
transparent, nettoyé.
Si les couleurs sont ternes, c'est que
l'émotionnel est obscurci par notre
armure.
Vivre au présent c'est être comme l'eau
pure d'un lac de
montagne prêt à accueillir la vie.
Florel Viardot
Mail :
phylomis@aol.com
tel. 0612890512
|
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page
b.
L’impossible coïncidence
Je t’aime peut s’entendre
comme une prière, un contrat, une
mainmise, une dette. Cette formule qui
me brûle les lèvres vaut d’abord pour
reconnaissance d’un égarement. Je
célèbre l’enfièvrement que l’autre
suscite en moi et je proteste contre le
désordre où il me plonge. Par sa seule
présence, un étranger a fracturé ma vie
en deux et je voudrais revenir à moi
sans le perdre. La collision amoureuse
est l’irruption d’une verticalité dans
le calme plat de l’existence; elle est
douleur et jouissance, bourrasque et
ressourcement, brûlure et parfum.
Comment dompter cet autre qui
m’étourdit, me foudroie de sa hauteur ?
Par un aveu qui sera tout à la fois
supplique et interrogation.
Sous l’ivresse du je t’aime
se dissimule l’envie d’attraper
l’autre pour le contraindre à me
répondre. En même temps que je confesse
mon trouble, je pose une question : "Et
toi, m’aimes-tu ?" Si, par miracle, il
répond oui, j’accède à l’apaisement,
j’entre dans la jubilation de la
réciprocité.
Je t’aime
est un synchroniseur : il ajuste la
différence de temps des amants et les
installe sur le même fuseau horaire. Il
fait de Toi et Moi des contemporains. Il
est aussi le passeport que nous tendons
à l’autre pour entrer dans son
territoire, l’équivalent d’un permis
qu’il nous octroie pour accéder à son
univers. Mais le mystère résiste à sa
défloration : tout est dit, rien n’est
accompli. Une fois la sentence fatale
proférée, les amants doivent étalonner
sur elle leur existence, s’en montrer
dignes. Difficile de se dédire, de
revenir en arrière. Nous sommes
embarqués d’autant que je t’aime
ne tolère pas l’adverbe : ni
un peu ni beaucoup,
c’est un absolu à lui seul qui
tranche et régit….
Tomber amoureux, c’est rendre du relief
aux choses, s’incarner à nouveau dans
l’épaisseur du monde, et le découvrir
plus riche, plus dense que nous ne le
soupçonnions. L’amour nous rachète du
péché d’exister : quand il échoue, il
nous accable de la gratuité de cette
vie. Seul, je me sens à la fois vide et
saturé : je ne suis que moi, je suis de
trop. Dans le moment abominable de la
rupture, ce moi que j’avais souhaité
mettre entre parenthèses me revient en
boomerang comme un paquet de soucis
inutiles…
Mais le secret de ce moi, c’est qu’il
est tout entier forgé par l’autre, par
l’état d’exaltation où il nous met :
jouissance inouïe d’être aimé, c’est à
dire sauvé de son vivant. L’amour a un
pouvoir germinatif, il fait éclore
quelque chose qui n’existait qu’à l’état
latent, il nous libère de l’égo
ressassant, pauvre qui constitue notre
fond personnel. Il nous en retourne un
autre démultiplié, joyeux, qui nous rend
forts, capable de grandes choses.
Pascal Bruckner
Le paradoxe amoureux
http://plein-jour.eu
|
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page
b.
Comment transmettre l’éveil de la
conscience ?
D’après
l’expérience de Philippe Mottet,
Comme l’oiseau,
qui se laisse porter par les courants. Comme la vache, soumise et docile. Comme le cheval, libre et fougueux. Comme l’être humain, conscient de sa
fonction sur terre.
Simplement en
faisant le travail sur soi. Peu de mots. Sentir la Présence. Vivre dans la Présence. Laisser vivre et
agir le Vivant en nous.
Etre convaincu que
l’histoire sert les hommes et non le
contraire.
Dire à qui le
demande, mais pas avant, ce qui est,
selon son entendement.
La conscience ne
peut s’enseigner. Ici c’est l’acte qui
compte. Cohérence.
Ma conscience peut
charger le Silence de sa Présence. Le Silence est l’enseignement suprême.
Etape 1 : Poser
le problème
Nous
ne pouvons transmettre que ce que nous
sommes. Se
connaître soi-même c’est connaître son
Seigneur. Le
Temps et la Patience sont nos alliés.
Chaque épreuve est un cadeau sur la
voie, elle nous révèle à nous-mêmes.
Etape 2 :
Décrire la situation
La
souffrance réside dans l’éloignement de
notre vraie nature, la conscience pure. Nous
ne sommes pas là pour donner quoi que ce
soit, mais pour écouter. Il
faut partir du principe que l’on ne peut
guérir quelqu’un.
Etape 3 :
Comprendre la situation
Tous
les hommes ont la possibilité d’accéder
à leur propre livre. Notre conscience
pure est la même que celle du Prophète,
la même que celle de tous les Prophètes. Celui
qui face à l’autre se pose en miroir
s’efface devant l’autre. Dans
cette relation à l’autre nous vivons
l’effacement : face à l’autre je suis en
Lui, à Son service, à leur service ; en
l’autre qui me fait face, je Le vois,
Lui, et l’autre à son tour peut reposer
en Lui.
Etape 4 :
Rechercher les solutions
Se
mettre au service du divin, c’est être
responsable, c’est se vivre humble parmi
les humbles serviteurs. Cette
appartenance est un état de conscience. Si
je suis serviteur et que je vois aussi
l’autre comme Son serviteur, alors dans
cette communication profonde, il n’y a
plus deux mais UN ; et mille voiles
tombent.
Etape 5 :
Décider ou faire décider
L’instant
et la sincérité commandent. Tout
vient toujours de LUI..
Aimer
c’est d’abord aimer la créature divine
que nous sommes ; après seulement nous
pouvons essayer d’aimer l’autre.
Etape 6 :
Mettre en œuvre
La
conscience ne peut s’enseigner, elle se
vit. Elle
se transmet par le Silence et l’exemple. La
transmission se vit de Conscience à
Conscience.
Etape 7 :
Suivre les résultats
VIVRE
la fraternité la sincérité l’humilité
par le VIVANT
d’instant en instant
Thérapie de
l'âme http://www.therapiedelame.org/
|
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page
b.
Ecoute et Partage ou
Libre et respectueux Septembre 2013
Rester libre, bien évidemment, c’est essentiel.
Libre de s’exprimer ou de garder le silence.
Libre de penser différemment et de le dire.
Libre de ne pas croire ce que d’autres confient.
Il ne peut y avoir qu’une seule tête dans la diversité des
membres d’Ecoute et Partage !
Oui, libre, mais respectueux aussi.
Respectueux du cheminement de chacun.
Respectueux de convictions qui ne sont pas miennes.
Respectueux de la différence.
Apprendre à écouter et être disponible pour chercher
seulement à comprendre.
Exprimer ce qui me tient à cœur.
Librement, respectueusement.
Sans réagir à la parole d’un autre, sans l’interrompre,
Sans chercher à convaincre.
M’exprimer simplement, brièvement, sincèrement pour
clarifier mon point de vue.
Ecouter la richesse, la diversité de ceux qui me
respectent ;
Partager des expériences, celles de sages qui nous ont
précédés ;
Ecouter et partager, librement, respectueusement pour
cheminer, croitre.
Et, en un seul mot, être, tout simplement.
|
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b.
L’Évangile en liberté
La tâche
qui nous incombe aujourd’hui n’est
pas de nous attacher de toutes nos
forces aux formes traditionnelles et
dépassées d’une religion dont
l’homme a de plus en plus de mal à
faire son bien. Elle est de mettre
au jour la vie qu’elle portait en
germe et qui doit être dégagée de sa
gangue pour allumer encore dans le
regard de l’homme la brûlure d’une
foi. […]
L’exode
dont nous parlons, cette sortie du
monde religieux de l’enfance pour un
espace plus vaste, ne débouche pas
sur le vide ni le néant. Il n’est
pas refus de toute la transcendance
dont le monde ancien était pétri. Il
est réinterprétation,
intériorisation, ouverture vers le
ciel du dedans : là où toutes
contradictions trouvent, en chaque
homme, leur réponse et leur
accomplissement. Rien de paradoxal,
en effet, qui ne se résolve dans la
respiration assumée d’une vie
s’ouvrant peu à peu, jusqu’à
l’ultime, à son propre mystère. […]
La sortie
de la religion est d’abord
réappropriation de ce qu’elle
possédait de plus propre et qui nous
était devenu étranger. Cette prise
de conscience peut nous sembler
brutale. En fait, elle se préparait
depuis des siècles dans les
consciences. Il y fallut le courage
de bien des prophètes malmenés,
interdits, condamnés, parfois mis à
mort par les tenants de la religion
officielle. Que de patience pour que
l’évidence dont ils étaient témoins,
quelquefois avec des siècles
d’avance sur les préjugés de leur
temps, éclate enfin au grand jour !
Jean Lavoué
L’Évangile en liberté pp.85-86 Ch.4
: Mutation spirituelle L’aujourd’hui
de Dieu. Ed. Le passeur-2013 ( 287
pages.19, 90 € )
-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-
Alain Dupuis a
lu et aimé L’Evangile en liberté de Jean
Lavoué
On a envie de dire
: "Jean Lavoué, ça fait du bien !
"…Pourquoi ?
Parce que, dans la
floraison de livres s’efforçant d’ouvrir
la voie à un christianisme audible par
l’homme de notre temps, il apporte comme
une petite musique bien à lui !
D’abord, Jean
Lavoué, le croirez-vous, n’a que 58
ans…quand l’immense majorité des auteurs
vivants qui accompagnent nos
questionnements toutes ces dernières
années a dépassé les 70 ans, voire les
8o. Sans parler de LPC.… Bref ! Une
autre génération…
Ensuite, Jean
Lavoué, bien que discret sur son
"historique" personnel, semble nous
parler comme un membre lambda du peuple
croyant, non à partir d’une théologie et
d’une expérience apprises sur les bancs
des séminaires et dans les rangs de
clercs professionnels du divin. Il nous
parle à partir de son engagement
humain(1), doublé d’une vaste culture
accumulée au fil des rencontres et des
questionnements.
Rencontres et
lectures où nous reconnaissons bien des
figures qui nous sont familières : Jean
Sulivan, d’abord, mais aussi Bernard
Feillet, Jacques Musset, Bernard Besret
et tant d’autres rencontrés au fil des
pages. Il nous parle du fond d’une
aventure spirituelle faite de
dépouillement, de lâcher prise et de
l’apprentissage de ce silence intérieur
qui permet de discerner, derrière toute
vie, toute parole humaine, le "Souffle"
qui cherche à se dire.
Enfin, parce que
l’auteur a des analyses subtiles et
lucides sur les raisons profondes et
bien humaines qui conduisent la plupart
des grandes traditions spirituelles, à
commencer par la nôtre, à se fossiliser
et se bunkériser dans leurs certitudes.
Mais il ne s’y
attarde pourtant pas : son souci est, à
longueur de pages, de nous appeler à
entrer, ici. et maintenant, dans ce qui
fait le cœur vif de toutes les
spiritualités authentiques : l’exode et
la marche en avant, en nous rendant
disponibles à la nouveauté qui survient,
en collant au réel de ce monde tel qu’il
est, et des hommes qui y cherchent leur
chemin d’humanisation.
Pour lui, à
l’origine de toute aventure spirituelle
(et humaine) authentique il y a cette
parole que la Bible fait entendre à
Abraham : "Exi ! Sors !"… "Va. Quitte
ton pays, ta parenté, la maison de ton
père. Va pour toi, vers toi-même, vers
le lieu que je te montrerai." (Gn 12,
1).
Il y a là tout le
secret : l’ "exode" hors et au-delà de
toutes nos fausses et vaines certitudes.
Et la descente à la rencontre, au plus
profond de nous-mêmes, de ce "souffle"
de vie qui nous donne de devenir ce que
nous pouvons être.
Ce chemin
intérieur est, pour Jean Lavoué, ce qui
nous permet de lire, et d’entendre avec
le cœur, au-delà des dogmes, des rituels
et des institutions, le grand Poème qui
se dit au cœur de toutes les traditions,
à commencer par l’Évangile.
(1) Jean Lavoué
reconnaît que ce livre n’est pas message
abouti, mais signe que " le chemin se
fait en marchant (Antonio Machado) »… et
que le bonheur est dans l’incessante
marche (Jean Sulivan)".
Ce
livre-témoignage, foisonnant, comme la
vie, et aux formules souvent
saisissantes, ne peut guère se
"résumer". Il se peut même que sur
certains points, comme un
christo-centrisme exacerbé où le
Nazaréen se substitue souvent à sa
"source" divine, et tend à vouloir
s’imposer à toutes les cultures, on soit
plus que mal à l’aise. Mais il propose,
à travers un vécu, bien des clés qui
permettent à tout être humain, à
commencer par les "chrétiens" du XXIème
siècle, de "croire en liberté" et
d’aller de l’avant, vers cette "terre"
qui nous est proposée, sans regarder en
arrière.
http://librepenseechretienne.over-blog.com/
|
Haut de
page
b.
Suite à l’élection du nouveau pape
François
Peut-on être
espérant, souriant ou même enthousiaste
quand on est un(e) chrétien(ne)
progressiste et critique ?
C’est la question que
je me suis posée en lisant plusieurs
textes envoyés par mes amiEs chrétiens
« de gauche » suite à l’élection du
nouveau pape François.
Dans nos milieux de
chrétiens engagés, il est de bon ton
d’être « critique » : il ne faudrait
surtout pas être surpris en train de
« baisser la garde »! Ni se laisser
aller à des espoirs qui risqueraient
d’être déçus. Notre souci d’« analyse »
prend le pas sur la confiance et le
besoin quasi maladif d’identifier les
problèmes existants nous empêche trop
souvent de nous réjouir sans arrière
pensée de ce qu’il peut y avoir de
positif dans une situation donnée.
J’aurais plein
d’exemples à donner. Je me contenterai
d’un seul texte, à titre d’illustration
d’une tendance fort répandue. Je précise
que j’ai une grande estime pour
l’auteure du texte et son œuvre, et
j’élargirai très vite le débat au-delà
du texte cité pour aborder les questions
de fond que je veux soulever.
L’exemple d’Ivone
Gebara
Dans son texte « Un
nouveau pape. La géopolitique du secret »,
daté du 14 mars (lendemain de l’élection
du pape François), Ivone Gebara,
importante théologienne brésilienne, met
en opposition les « premières émotions
devant un pape sud-américain à
l'expression aimable et cordiale » avec
la nécessaire « critique à l'égard de ce
système [de secret entourant l’élection
du pape] pervers qui continue à utiliser
le Saint Esprit pour le maintien de
postures ultra-conservatrices revêtues
d'apparences de religiosité et de
soumission bonasse. »
Je ne voudrais pas
citer Ivone hors-contexte (son texte a
quand même 2½ pages), mais le ton
général est sans ambiguïté : ceux et
celles qui se réjouissent des premiers
gestes du pape François sans y ajouter
aussitôt des réserves sont associés aux
« peuples [qui] applaudissent sur les
grandes places publiques, [qui]
s'émeuvent, prient et chantent pour que
les bénédictions divines tombent sur les
têtes des nouveaux gouvernants
politico-religieux. » Tandis
qu’ « Écrire sur ˝ la géopolitique du
secret ˝ au temps de l'euphorie
médiatique, c'est gâcher la fête des
petits vendeurs du temple rendus heureux
par leurs baraques pleines de chapelets,
scapulaires, flacons d’eau bénite,
images grandes et petites de beaucoup de
saints. » Bref, l’émotion populaire
inconsciente contre l’analyse critique
rigoureuse. D’ailleurs, ne manquant pas
d’autocritique, elle ajoute que « Nous
sommes complices du maintien de ces
pouvoirs ténébreux qui nous enchantent
et nous oppriment en même temps. Nous
surtout, qui possédons plus de lucidité
sur les processus politiques et
religieux, nous sommes responsables
de l'illusion (…). » (les italiques sont
de moi).
J’aurais bien des
choses à dire sur le texte d’Ivone, mais
ce n’est pas ici la place. Mon propos
est plutôt de soulever une question
fondamentale : quelle est la place de
l’espérance pour nous, chrétienNEs
engagéEs et critiques? Et comment la
vivre concrètement dans un événement
comme celui que nous venons de vivre
suite à la démission du pape
Benoît XVI?
Espoir(s) et
espérance
Durant toute la
période préparatoire au conclave,
j’étais partagé entre des « espoirs
réalistes » (qui variaient selon les
jours et les nouvelles) et une véritable
espérance (qui, elle, était beaucoup
plus stable).
Les espoirs, nombreux
et parfois un peu fous, allaient
évidemment dans le sens de l’Église dont
on rêve, celle entrevue durant Vatican
II, qui saurait s’ouvrir à une véritable
rencontre avec notre monde contemporain,
ses défis, ses grandeurs et bien sûr ses
misères. Pour moi, l’espoir est le
sentiment humain qui porte mes
rêves et mes désirs; mes espoirs sont
mes souhaits vécus et ressentis « à vue
humaine ». Et comme l’Église-Institution
et ses cardinaux, électeurs ou non, de
même que son Histoire millénaire comme
son histoire récente, sont ce qu’ils
sont, un minimum de réalisme m’obligeait
évidemment à tempérer mes espoirs.
Pourtant, comme
disciple de Jésus et de sa Bonne
Nouvelle, j’étais et je demeure
profondément espérant (ou plutôt :
j’essayais et je continue d’essayer
d’être chaque jour le plus espérant
possible). Non pas en raison de
l’élection du pape François (même si
celle-ci a ravivé plusieurs de mes espoirs). Mais en raison de l’Amour
et de l’Alliance annoncés par Dieu, ses
prophètes et par son Fils lui-même, dans
sa vie comme dans l’Évangile qui nous a
été transmis à travers les siècles.
Cette espérance est spirituelle,
antérieure aux (et indépendante des)
péripéties ecclésiales, romaines ou plus
universelles.
« À vue humaine »,
les espoirs comme le pessimisme
de nos analyses peuvent se confronter ou
se justifier : seuls le temps et
l’histoire détermineront qui avait
raison, et jusqu’à quel point. Mais « à
vue évangélique », seule l’espérance a
sa place, même s’il faut souvent, comme
nos ancêtres dans la foi, « espérer
contre toute espérance ».
Espérance, espoir(s)
et le pape François
Quel que soit
l’inconnu qu’allait nous révéler le « Habemus
papam », l’espérance évangélique qui
n’est qu’un autre nom de l’Amour nous
invitait déjà à l’ouverture et à la
confiance : Dieu (bien sûr à
travers toutes les médiations bien
humaines –et donc faites du meilleur et
du pire-- des cardinaux et du conclave)
allait continuer d’être présent au
monde et à son Église à travers le
266e successeur de Pierre
(selon notre décompte historique
officiel).
Ce nouveau pape a
bien sûr nourri, par de nombreux gestes
qu’il a posés dès la première semaine
qui a suivi sont élection, cette
espérance spirituelle. Mais il a tout
autant, et pas seulement chez les
chrétiens, réjoui des cœurs et suscité
des espoirs pour un autre visage
d’Église (et donc de Dieu) offert au
monde : un visage de bonté, d’accueil et
de tendresse (trois autres noms de
l’Amour). Plein de gens, dans l’Église
et hors de l’Église, ont été touchés
par cet homme, son sourire, ses paroles,
ses actes du quotidien : faudrait-il
bouder notre plaisir sous prétexte que
ces réactions bien humaines et légitimes
relèvent des émotions?
Faudrait-il lever le nez sur la
proximité qu’a vécue le cardinal
Bergoglio avec les pauvres et les
petites gens et sur l’intérêt qu’il leur
a porté
sous prétexte que cela ne s’attaque pas
automatiquement aux causes et aux
structures de la pauvreté? Le sourire et
la simplicité du pape François sont-ils
moins importants ou significatifs parce
que ses relations avec les autorités
argentines durant la guerre sale
n’ont pas été aussi prophétiques qu’on
pourrait le souhaiter?
Aucun humain, fût-il
pape, ne peut être à lui seul à la
hauteur de tous les espoirs humains
(d’autant plus que mes ou nos espoirs ne
sont pas nécessairement ceux de tous les
autres)! Aucun pape, aussi saint
soit-il, ne peut non plus combler
totalement l’espérance qui est la nôtre,
puisque celle-ci aspire à rien de moins
que Dieu lui-même et son Royaume.
Le pape François
semble vouloir démystifier bien des
attitudes et des traditions qu’on
croyait immuablement associées à la
papauté : tant mieux! Il semble vouloir
d’une Église pour les pauvres : si cela
se concrétise, ce serait un énorme
changement de cap! Il veut une Église
d’ouverture, de bonté et de tendresse :
quel progrès!
Sera-t-il capable de
livrer la marchandise? Nul ne le sait.
Son pontificat sera-t-il assez long pour
qu’il puisse apporter les changements
souhaités? Impossible à savoir.
Sera-t-il récupéré ou boycotté par la
Curie? Seul le temps nous le dira.
Répondra-t-il à tous nos souhaits et
désirs légitimes? À cela, au moins, on
peut déjà répondre « non » sans aucun
risque de nous tromper!
Mais cela n’enlève
absolument rien à la joie d’avoir un
pape François qui ouvre des portes,
secoue les traditions et donne enfin un
certain visage humain, et donc limité, à
une fonction à la fois spirituelle et
humaine : la papauté en ce début du XXIe
siècle.
La papauté, l’Église
et nous
Suivre les événements
entourant le conclave (malgré des excès
médiatiques comme on en trouve dans tous
les événements que les médias jugent –ou
rendent—d’importance planétaire), se
réjouir (ou pas) du choix du nouveau
pape, être envahi d’espoirs
(raisonnables ou irréalistes), tout cela
ne nous dispense aucunement de revenir à
ce qu’est vraiment l’Église depuis
Vatican II : le rassemblement du peuple
de Dieu, c’est-à-dire nous tous.
L’Église n’est ni le
pape, ni la Curie romaine, ni l’État du
Vatican, ni les richesses culturelles et
patrimoniales accumulées au fil des
âges, même si chacun de ces éléments
contribue souvent, de façon très
importante, à façonner l’image
publique (et médiatique) de notre
Église.
Même avec François
comme pape (et sans doute davantage
espérons-le), l’Église c’est nous tous.
Nous tous, c’est-à-dire non seulement
ceux et celles avec qui je me sens
spontanément davantage proche et
solidaire (les chrétienNEs de ma gang,
ceux et celles qui partagent ma
compréhension de l’Évangile et mes
priorités sociales et politiques), mais
aussi tous les autres chrétienNEs d’ici
et d’ailleurs dans le monde, tous ceux
et celles qui se reconnaissent comme
disciples de Jésus et qui s’efforcent de
vivre, au meilleur de leur conscience et
dans le concret diversifié de leur
culture, l’Évangile au quotidien.
Et donc pour tous les
dossiers qui nous tiennent à cœur, y
compris tous ceux auxquels le pape
François n’apportera sans doute pas
(mais peut-être serons-nous parfois
surpris?) la réponse que nous aimerions
(ouverture du sacerdoce aux femmes ou
aux gens mariés, acceptation de
l’homosexualité ou de l’avortement,
etc.), il n’est pas question de nous en
remettre à Rome et de nous contenter
d’attendre des « autorités » la réponse
à nos questionnements. Comme Jacques
Gaillot nous le rappelait, lors d’une de
ses premières visites au Québec,
« l’Église, c’est vous (et nous) tous :
faites-le et ça se fera! »
Notre théologie de la
libération
Je ne veux pas entrer
ici dans une réflexion poussée sur la
théologie de la libération (que nous
avons nommée au Québec « théologie
contextuelle »). J’utilise ici
l’expression au sens de la théologie
dont les chrétiens progressistes,
socialement engagés ou « de gauche » se
réclament.
Celle-ci intègre dans
sa réflexion, et avec raison, une foule
d’outils humains développés au cours des
derniers siècles : sociologie,
psychologie, sciences économiques et
politiques, etc. Je n’ai même pas
d’objection, quant à moi, à ce que la
théologie tienne compte des analyses et
des acquis du marxisme, au même titre
que de la psychanalyse et de bien
d’autres branches de la recherche et du
savoir. Cela n’en fait pas pour autant
une théologie marxiste ou
psychanalytique.
Mais je dois
reconnaître que notre fréquentation des
sciences humaines a peut-être émoussé
peu à peu la dimension proprement
spirituelle de notre
foi-telle-que-vécue-dans-notre-pratique-quotidienne.
Faire l’analyse
tout à fait utile qu’Ivone Gebara
proposait, avant le conclave, dans son
texte sur les médiations éminemment
humaines que prend l’Esprit Saint pour
éclairer les cardinaux
n’équivaut pas à dire que l’Esprit Saint
n’est que le nom qu’on donne aux
tractations humaines ou que la somme de
celles-ci. Pour moi, l’Esprit Saint
(Dieu) est cette réalité mystérieuse (au
sens de mystère) qui transcende
notre réalité humaine tout en y étant
intimement présente. Et réduire notre
lecture de la réalité, fût-elle
progressiste, socialement engagée ou
« de gauche », à ses seules dimensions
humaines (ce que j’ai appelé plus haut
« à vue humaine »), est une erreur
importante à laquelle nous n’avons
peut-être pas toujours échappé.
À nous lire, j’ai
parfois l’impression de rencontrer une
vision du monde aussi sévère et
monolithique que celle que nous avons, à
bon droit, très souvent reprochée aux
autorités ecclésiales et romaines depuis
la fin du
Concile Vatican II. Nous souhaiterions
souvent imposer notre vision d’Église
(place de la femme dans l’Église, morale
sexuelle, priorité à l’engagement social
concret, théologie de la libération,
etc.) à tous les chrétiens, sans
toujours tenir compte des contextes
culturels et historiques particuliers
ou, beaucoup plus simplement, sans tenir
compte des sensibilités ou des opinions
différentes des nôtres.
Faire Église, en 2013
comme depuis toujours, c’est accepter
les différences entre Pierre et Paul,
c’est accepter que nul ne peut prétendre
connaître ou nommer Dieu, c’est
respecter les chemins uniques et
particuliers que Dieu invite chacunE à
suivre, c’est reconnaître qu’au nom du
même Dieu et du même Évangile, deux
frères ou sœurs en Christ n’arriveront
pas nécessairement, en leur âme et
conscience, au même choix ou à la même
décision, c’est valoriser aussi bien,
comme moyen de rencontrer Dieu,
l’émotion que la raison, l’adhésion
spontanée que l’analyse.
Mais par-dessus tout,
c’est accepter que nos réactions comme
nos analyses humaines, aussi importantes
et indispensables soient-elles, cèdent
ultimement le pas à quelque chose qui
les transcende et qui s’appelle la
rencontre mystérieuse et privilégiée
avec le Tout Autre.
Et cette réalité spirituelle non seulement
nous autorise à être « espérant,
souriant ou même enthousiaste » (pour
reprendre la question du titre), même
quand on est des chrétienNEs
progressistes et critiques, mais elle
nous y invite instamment. Car Dieu est
Amour, Dieu aime le monde (y compris
dans toutes ses dimensions humaines
souvent discutables), Dieu nous veut
tous et toutes heureux (chrétiens ou
pas) c’est-à-dire sauvés. Et pour en
être ses témoins sur la terre, Dieu
attend précisément
des chrétienNEs cette « joie imprenable »
et cette espérance.
Dominique Boisvert
21 mars 2013
|
b.
Noël ? La famille de Jésus croyait le
connaître…
Sa mère
croyait le connaître, sous prétexte
qu’elle l’avait fait quand elle
était jeune et l’avait éduqué (de même
combien de parents n’ont rien compris de
leur enfant, souvent surprenant,
inattendu…) ; ses frères pareillement,
qui l’avaient vu grandir à leur côté,
sans doute faisant le galopin avec eux,
comme tous les enfants… Comment
auraient-ils pu imaginer qu’ils avaient
affaire à un prophète, à quelqu’un
d’extraordinaire ? Comment auraient-ils
à apprendre quelque chose de lui ?
Matthieu écrit : "Ils voulaient lui
parler"… Ils auraient mieux fait de
vouloir l’écouter ! Mais peut-être
avaient-ils le toupet de lui expliquer
quel évangile il devait annoncer ? Sa
famille croyait le connaître… Ils
auraient pu réciter son état civil !
Aujourd’hui
vous et moi, chrétiens ou non, les
églises et les anticléricaux, ne
croyons-nous pas le connaître ? Pour le
plus grand nombre, Jésus c’est une
affaire classée. Aucune surprise à
attendre de ce côté-là, on est bien au
courant, nous n’avons rien à attendre de
Jésus…
Quelle
erreur ! Et si nous avions tout à
découvrir ?
– Jamais de
la vie ! Nous savons tout presque par
cœur, tant ceci nous
a été martelé : Noël, la crèche, le
petit Jésus, les anges… et puis Jésus
allant de lieu en lieu, prêchant la
bonne parole avec plus ou moins de
succès, faisant des miracles souvent
peu crédibles ; et sa mort sur une
croix, le tombeau vide et les anges
messagers … oui nous connaissons tout
cela ! Certains d’entre nous continuent
à le prêcher…
Vous n’y
êtes pas, braves gens, et ce n’est pas
votre faute. Car l’essentiel, sa
proposition prodigieuse, son offre d’un
monde renversé, à réaliser et annoncer
par de petites équipes risque-tout et
inspirées, son invitation à entrer dans
le mode de fonctionnement de "Dieu", tel
que lui-même, Jésus, se le représentait,
pour entreprendre le sauvetage d’un
navire en train de faire naufrage, une
œuvre grandiose et urgente à accomplir,
par pure générosité et bonté… oui, cette
offre qui nous a été faite à tous, a été
généralement dédaignée et délaissée de
son temps et plus encore au cours des
siècles… Certainement aussi aujourd’hui.
Croyons-nous connaître Jésus ou le
connaissons-nous vraiment, lui et sa
merveilleuse proposition ? Celle qui
rend heureux malgré les difficultés et
les oppositions, celle qui comble plus
que tout au monde...
Roger
Parmentier
|
Haut de
page
b.
Un
homme tout simplement !
Je n’ai aucune
honte de ce passé mais j’ai toujours
redouté que par cette révélation je me
trouve « habillé pour l’hiver », selon
une expression un peu curieuse : Je n’ai
pas envie d’être revêtu des habits d’un
personnage que j’ai fui. A cause du
poids de l’histoire, qui heureusement ne
concernent pas les générations nées
après les années 60, le prêtre reste un
curé, vêtu d’une soutane, un être à
part, relié au sacré, à la religion, à
des cultes, moitié homme et pas
forcément pour ce qu’il a de meilleur,
moitié magicien et pas forcément pour ce
qu’il a de plus drôle. Je n’ai pas
supporté d’être pris pour un magicien,
je n’ai pas apprécié d’être le ministre
du culte, je n’ai pas accepté d’être le
professionnel d’une religion. Puisque je
suis dépouillé de tous ces déguisements,
puisque tous ces masques sont tombés,
autant être un homme, tout simplement.
On me demande parfois ce que je pense de
l’avenir de l’Eglise. A vrai dire, je
n’en sais rien. Sauf que cet avenir
m’est indifférent.
Je pense que
l’Institution Eglise n’a pas d’avenir.
Pas d’avenir le folklore religieux.
Pas d’avenir le
faste romain.
Pas d’avenir une
institution corsetée dans ses dogmes,
dans ses rites, et même dans ses
sacrements.
Je n’ai jamais
rien demandé à cette Eglise-là depuis 40
ans, ni de bénir notre mariage, ni de
baptiser nos enfants. Je ne lui
demanderai pas de célébrer mon
enterrement.
L’évangile de
Jésus a irradié ma vie. Je crois qu’il
reste ma boussole.
Je n’ai pas besoin
de croire qu’il est né d’une Vierge et
du Saint Esprit. Je préfère qu’il soit
mon Frère en Humanité, et je voudrais
bien devenir un Fils de Dieu comme lui.
Tous les hommes,
tout comme Jésus et tout comme moi, sont
appelés à le devenir, Fils de Dieu !
Il suffirait que
nous soyons des « Fils de la Charité ».
Tiré de Plein Jour
http://plein-jour.eu
http://plein-jour.eu/PJ18_Homme_tout_simplement_427.htm#Homme
|
Haut de
page
b.
Et Dieu leur répondit …
Ayant entendu leurs prières et
spécialement leurs prières dites
d’intercession en faveur des humains en
détresse, "Dieu" leur répondit :
Chers
enfants, il me semble que vous avez
beaucoup de toupet… Vous me demandez de
faire ce qui est justement de votre
propre responsabilité. C’est un comble !
Vous me demandez d’établir la paix sur
la terre et la justice, de prendre soin
des malades, de secourir les torturés,
de donner leur pain quotidien (et l’eau
potable) à ceux qui souffrent de famine,
de donner un bon cœur
aux enfants et aux adolescents, la
générosité et la sérénité aux
vieillards, du courage et de la
détermination avisée aux responsables
politiques, de délivrer les prisonniers,
de ramener chez eux les exilés… et
beaucoup d’autres choses semblables…
Mais tout cela c’est votre plan de
travail, la mission que je vous ai
confiée ! Pourquoi vous adresser à
moi ? C’est à vous de réfléchir et
d’agir. Pourquoi pas me demander aussi
de réparer le robinet qui fuit, de
changer une ampoule ou le pneu crevé ?
Si j’ai bien compris vos théories sur la
création du genre humain (qui m’ont
beaucoup amusé) ce serait moi qui vous
aurais tout donné : une grande
intelligence (que vous laissez souvent
au chômage), un cœur compatissant
(idem), l’esprit d’entreprise, une
conscience sensible aux détresses, des
mains et des bras pour agir, et tout le
reste… et qu’en faites-vous ? Et vous me
demandez d’intervenir ?
Dans ma grande sagesse, je sais bien que
toutes ces demandes sont inspirées par
de bons sentiments, de bonnes
intentions… Mais vous savez bien que ça
ne suffit pas. D’ailleurs vous dites
vous-mêmes que "l’enfer en est pavé" (je
ne sais toujours pas ce que vous appelez
l’enfer à moins que ce soit ce que vous
organisez pour beaucoup sur la terre ?).
Tout cela, je vous envoie régulièrement
des prophètes pour vous le rappeler…
Qu’en faites-vous ? Les éliminer ?
Allez, un peu de courage spirituel, je
vous en prie (chacun son tour !).
Pour copie
conforme, le plus petit des secrétaires
Roger
Parmentier
http://librepenseechretienne.over-blog.com
|
Haut de
page
b.
Luttons contre les idées fausses
Pauvreté, immigration,
assistanat, fraude... : cassons les
idées reçues
Beaucoup
de choses fausses sont dites sur
l'assistanat, la fraude sociale, les
étrangers qui coûteraient cher à la
France... Elles installent une
rhétorique qui risque de marquer les
esprits pour longtemps. Nous vous
invitons à déconstruire ces
contre-vérités en prenant connaissance
de ce document et en le diffusant
largement autour de vous.
Pour avoir des explications sur les
affirmations qui suivent, cliquer
Non, les
pauvres ne sont pas des assistés ...
Aujourd'hui, tout le monde ne parvient
pas à trouver du travail. Il y a entre
trois et cinq millions
de chômeurs en 2012 en France, selon la
catégorie considérée. Il y a 8,7% de
chômage chez les 16-25 ans ayant bac+2,
et 35% chez les non-diplômés. Le taux de
chômage des 15-29 ans est en 2009 de
29,5% en zone urbaine sensible et de
16,9% en moyenne nationale.
64% des chômeurs interrogés dans huit
pays européens déclarent qu'ils veulent
retrouver un emploi, même si cela ne
leur procure pas un gain financier,
alors que seuls 48% des personnes déjà
en emploi déclarent vouloir conserver
leur travail dans une telle situation …
Non, les
pauvres ne sont pas des fraudeurs …
Non, une
famille au RSA ne s'en sort pas mieux
qu'une famille percevant un SMIC ...
Non, la France
ne distribue pas des minima sociaux trop
élevés ...
Non, les
pauvres ne font pas des enfants pour
toucher des allocations
Non, les gens
ne font pas tout pour toucher un maximum
d'aides
Non,
l'immigration ne coûte pas à la France.
Elle l'enrichit au contraire
Non, la
proportion d'étrangers n'augmente pas
d'année en année en France
Non, les
étrangers ne prennent pas d'emplois aux
Français
Non, la France
n'est pas un des pays d'Europe qui
accueillent le plus d'immigrés
Non, les
familles étrangères ne font pas beaucoup
plus d'enfants
Non, la France
n'accueille pas toute la misère du monde
Non, les
étrangers ne peuvent pas profiter
facilement des minima sociaux
Non, les
étrangers n'augmentent pas la
délinquance
Non, les
enfants d'immigrés ne sont pas plus en
échec scolaire que les autres
Non, dans les
familles pauvres, les parents ne sont
pas démissionnaires
Non, ce n'est
pas parce qu'ils ne travaillent pas que
les enfants pauvres
réussissent
moins bien à l'école
Non, les
pauvres ne se complaisent pas dans leur
situation
Non, les
pauvres ne sont pas exemptés d'impôts
Non, l'école ne
réduit pas les inégalités sociales. Elle
les amplifie au contraire
Non, les Roms
ne sont ni des fainéants, ni des
fraudeurs, ni des tricheurs
Travail
réalisé par ATD Quart Monde et la MRIE,
Mission Régionale d'Information sur
l'Exclusion en Rhône-Alpes.
Mouvement
ATD (Agir Tous pour la Dignité) Quart
Monde France www.atd.quartmonde.fr
|
Comment amorcer et
accompagner dans la durée les
transformations personnelles et
collectives que requièrent les crises,
dérives et fractures dont souffrent
notre société et notre démocratie ? Pour répondre à cette question, les
organisations et les personnalités qui
ont décidées fin 2008 de lancer la
démarche Pacte civique vous proposent un
diagnostic, une approche nouvelle du
changement, une démarche basée sur
l'engagement et la coopération.
Un
diagnostic
La crise que nous
subissons nous fait prendre conscience
des limites de la nature, de l’intérêt
personnel, de l’accumulation des désirs
et la multiplication des démesures. Pour
en faire une opportunité de changement,
il s'agit de mobiliser de nouveaux
potentiels humains, mal reconnus, mais
disponibles. Voilà pourquoi un Pacte
civique est lancé pour élargir le débat
et rassembler les énergies. Les forces
humanistes, spirituelles et politiques
doivent œuvrer ensemble pour améliorer
la qualité de notre démocratie.
Une
approche nouvelle du changement
Pour changer les
mentalités, le Pacte civique privilégie
quatre impératifs pour orienter l’action
: • la créativité pour donner du
sens plutôt que pour gagner plus
d’argent, • la sobriété pour économiser les
ressources, et distinguer l’essentiel du
superflu, • la justice pour assurer le
respect des droits et le partage
équitable des richesses, • la fraternité pour renforcer
nos solidarités et rehausser la qualité
de notre démocratie. Le Pacte civique relie trois formes de
changements : changements des
comportements personnels ; des modes de
fonctionnements des organisations ; des
régulations institutionnelles et
politiques. Ces trois formes de
changement se conditionnent
mutuellement, aucune n’est suffisante à
elle seule.
Une
démarche fondée sur l'engagement et la
coopération
Pour concrétiser
cette volonté de changements individuels
et collectifs, le collectif Pacte
civique vous demande de répondre à leur
appel à adhérer à 32 engagements
exigeants, mais nécessaires pour avancer
ensemble. Ces engagements nous demandent
à la fois : • d'être nous-mêmes le changement que
nous voulons pour la société ; • de promouvoir dans les organisations
qui structurent la vie sociale, ensemble
et à tous les niveaux, des pratiques de
créativité, de sobriété, de justice et
de fraternité démocratique , • de militer pour améliorer la qualité
de notre démocratie pour renforcer les
actions contre les inégalités, les
exclusions et discriminations, les
maltraitances, pour revivifier le vivre
ensemble, pour rendre l’Union européenne
plus démocratique, plus sociale et plus
active à l'intérieur comme à
l'extérieur.
Le Pacte civique s’adresse à toutes les
organisations et à toutes celles et ceux
qui sont prêts à coopérer pour améliorer
notre vivre ensemble et notre
démocratie. Si l'on adhère globalement à
la démarche, chacun se centre sur les
engagements auxquels il veut apporter sa
contribution. Des groupes thématiques et des groupes
locaux se mettent en place pour
favoriser les expérimentations et
coopérations, ancrant sur les
territoires la démarche du Pacte
civique. Un collectif, assurant la
coordination de la démarche, veille à
favoriser l'implication de toutes les
volontés et à l'évaluation des efforts
accomplis afin de décider des suites à
donner fin 2013.
http://www.pacte-civique.org/wakka.php?wiki=MarchE
|
Haut de
page
b.
Santé et équilibre alimentaire
Dans notre vie,
nous sommes tous confrontés à des
problèmes de santé qu'il nous faut
résoudre au mieux. Le travail que j'ai
mené auprès des agriculteurs-éleveurs
m'a conduit à constater que le facteur
alimentaire a une grande importance pour
le maintien général d'un bon équilibre.
Quand des problèmes lourds de santé se
posent, cet équilibre devient alors
essentiel.
C'est pourquoi
de nombreuses publications parlent
aujourd'hui de l'importance alimentaire
et plus principalement de l'équilibre
acido-basique. Cette notion qui peut
sembler nouvelle, a en réalité été
largement mise en évidence au début du
20e siècle par le docteur Paul Carton
qui en a fait le socle de sa thérapie.
L'œuvre du docteur Paul Carton prend sa
source dans la pensée d'Hippocrate qui
déclara "Que ton aliment soit ton
médicament".
Le but militant
que je poursuis (en tant que biologiste
de terrain) est de diffuser dans un
large public ces informations. Pour une
initiation, c'est sous forme de recettes
qu'il convient d'appliquer la découverte
de l'équilibre acido-basique dans
l'alimentation de tous les jours. Aussi
je donne ces précisions avec un souci de
brièveté :
- Dans notre
organisme nous possédons environ 5
litres de sang qui sont en relation
directe avec notre système digestif. Le
sang distribue ensuite à l'ensemble du
corps les éléments énergétiques (sucres)
et les éléments de réparation (azoté).
- Le sang a un
pH de 7,3, c'est-à-dire un équilibre
acido-basique neutre et légèrement
alcalin.
- Les aliments
ont eux un pH très variable qui peut
descendre jusqu'à 2,5 pour certains
fruits, ce qui en fait des acides
puissants.
- Imaginons en
période estivale, l'ingestion, pour se
désaltérer, d'un demi-litre de jus de
fruit au pH 2,5. Ce liquide très acide
va donc migrer dans le sang.
- Le pH du sang
ne doit pratiquement pas varier, sinon
se produisent de graves
disfonctionnements. Face à cette
agression, le sang va réagir en puisant
dans le système lymphatique et dans les
os le calcium nécessaire pour
"neutraliser" ce liquide agressif.
- En pharmacie
il est possible de trouver des papiers
test qui permettent d'évaluer le pH des
aliments.
- A titre
expérimental; pour ramener un verre de
jus de fruit acide pH 2,5 à la
neutralité pH 7, il faut lui ajouter une
cuillère à café de bicarbonate.
Imaginons ce qui se passe dans
l'organisme quand de telles quantités de
minéraux sont prélevées…
Chacun peut
alors comprendre comment, l'aliment ou
le liquide très acide retire dans
l'ensemble de l'organisme les minéraux
basiques (calcium) fragilisant le
système articulaire et osseux ainsi que
le système immunitaire qui lutte moins
efficacement contre les infections.
- Pour donner
une indication d'ordre général, les
prises d'aliments très acides doivent
être des exceptions que l'organisme
pourra supporter facilement. La logique
sera donc de rechercher des aliments ou
des liquides dont le pH se situe entre
4,5 et 7. Dans cette fourchette de pH,
l'alimentation reste positive et ne
demande pas d'effort digestif exagéré.
L'ensemble des fonctions naturelles peut
alors disposer de l'énergie nécessaire
pour harmoniser sereinement la vie du
corps et de l'esprit.
- Quelques
exemples d'aliments végétaux recommandés
:
La laitue, les
courgettes, les potirons, les haricots
verts (pH 4,5), les pommes de terre, le
melon (pH 7), les pommes Golden, la
mirabelle (ph 4,5), la banane (pH 7).
Les
sous-produits animaux (viande, œufs,
laitages) sont à un pH idéal, mais
peuvent devenir acidifiants, ce qui pose
un autre problème qui pourra être
développé ultérieurement dans ces
colonnes.
A suivre…
Compte rendu de
l’Atelier ''Personnalité et Santé" du 18
novembre 2011
Jean-Marie
Didon,
ancien technicien de culture biologique.
(J. M. Didon
se propose de répondre à toutes les
questions que vous soulèverez ;
jeanmarie.didon@gmail.com
|
b.
La « communauté de foi » vise à
aider chacun de ses membres à être
fidèle au meilleur de lui-même
Les petites
communautés sont, à mon sens, la seule
voie possible par laquelle l’Eglise
puisse remplir auprès de ses membres la
mission qui lui est propre ; non
seulement enseigner et gouverner de
façon générale, mais éduquer et appeler
à la vie spirituelle, et plus
particulièrement à la foi en Jésus, avec
tout ce que cela comporte pour chacun
suivant ses possibilités, ses besoins,
au long de son cheminement propre.
Mais tout
groupe ne mérite pas nécessairement le
nom de communauté, quoique souvent il se
qualifie de la sorte. Il est très
important de préciser la différence
radicale qui existe entre une communauté
et une collectivité qui forme ses
membres du dehors en leur imposant,
explicitement ou implicitement, pour son
projet (action commune, combat, etc.),
par sa pression sociologique (sous les
espèces de l’autorité, de la solitude,
de l’intimidation) une unité dans
l’uniformité. La communauté, au
contraire de la collectivité, s’efforce
de cultiver en ses membres leur
originalité propre, de les aider à être
fidèles à leur réalité profonde et ainsi
de développer leurs possibilités connues
ou leurs potentialités encore
inconscientes. Dans ces conditions elle
le fait non par quelque pression
sociologique comme la collectivité mais
par la présence de ses membres les uns
aux autres, unis dans et par l’effort de
fidélité ; fidélité qui les rend
d’autant plus différents les uns des
autres qu’ils sont plus divers à
l’origine et plus exactement dans leur
voie.
L’unité de la
communauté est le fruit de la fidélité
de ses membres, elle se mérite à travers
leur diversité qui converge dans la
profondeur humaine perçue en chacun au
niveau de l’universalité. Elle n’est pas
un point de départ ou un projet, comme
dans la collectivité, mais un fruit de
la vie spirituelle, qui n’est jamais
assez mûr pour être cueilli…
Au terme
« communauté de base » qui est une
dénomination très souvent utilisée pour
désigner des groupes d’origines, de
raisons d’être, de projets très
différents, je préfère celui de
communauté de foi ; communauté
fondamentalement enracinée dans
l’humain, dont, en outre, les membres,
inspirés, appelés par la foi en Jésus,
sont en voie de devenir disciples.
Au-delà de l’adhésion à la christologie
officielle, ils entrent peu à peu, grâce
à leur vie spirituelle, dans
l’intelligence de ce que Jésus à vécu et
a été. Ces communautés ouvriront
certainement de nouveaux chemins pour la
mission de l’Eglise dans la mesure où
elles auront la patience, la ténacité,
de rester en union avec l’Eglise tout en
devenant toujours davantage elles-mêmes,
tout en assumant le risque avec foi et
courage. [1]
[1]
Marcel Légaut , Patience et passion
d’un croyant, Centurion, 1975, pp.
181-183
|
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page ¿
b.
Stephane
Hessel
Etes vous
croyant ?
Non. Mais j’ai
beaucoup de respect pour les croyants.
Je ne suis adepte d’aucun monothéisme,
et je me méfie des religions et de
l’emprise qu’elles peuvent avoir les
unes par rapport aux autres. J’ai un
sens du divin que je ne peux pas
inscrire dans un credo particulier. Je
crois que l’homme est responsable de sa
morale et de son engagement,
indépendamment du fait qu’une foi
l’anime. Entre la foi d’une Eglise et la
conscience d’une responsabilité
individuelle, je choisis la conscience.
Vous avez
alors foi en l’homme ?
Oui.
Echange avec
Stéphane Hessel (tiré de Evangile et
liberté, Mars 2011, N° 247)
|
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page ¿
b.
Nouveau départ
… pour une année à découvrir…
Partir, c’est avant tout sortir de soi.
Prendre l’univers comme centre,
Au lieu de son propre moi.
Briser la croûte d’égoïsme
Qui enferme chacun comme dans une prison.
Partir, c’est cesser de braquer une loupe
Sur mon petit monde ;
Cesser de tourner autour de moi-même
Comme si on était le centre de tout et de la terre.
Partir, ce n’est pas dévorer des kilomètres
Et atteindre des vitesses supersoniques.
C’est avant tout regarder,
S’ouvrir aux autres, aller à leur rencontre.
C’est trouver quelqu’un qui marche avec moi
Sur la même route,
Non pas pour me suivre comme mon ombre,
Mais pour voir d’autres choses que moi,
Et me les faire voir.
Dom Helder Camara
|
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page ¿
b.
Merci
«Si la seule prière que tu
faisais dans ta vie était "merci", ce serait suffisant.» – Maître Eckhart
Dire merci à la vie... J’ai
longtemps tenté de le faire à la fin de la journée, sans jamais vraiment réussir
à le vibrer. Je voyais plutôt les raisons de m’inquiéter, à l’époque, et les
petits drames intérieurs que j’avais l’habitude de me créer. Et remercier quoi,
de toute façon? Je n’avais jamais cru en ce Dieu «Père Noël» qui livre des
présents (ou non). Et comment aurais-je pu ressentir de la gratitude pour les
trésors de ma vie alors que plusieurs vivaient de grandes souffrances? À mes
yeux, cela n’avait pas de sens. S’il y avait ne serait-ce qu’une seule personne
qui n’avait pas accès aux mêmes privilèges que moi, je ne voyais aucune raison
de remercier quoi que ce soit.
Puis, au fil du temps, j’ai compris (du moins, je le crois...). Graduellement,
en glissant doucement de ma tête vers mon cœur, un «merci» extrêmement vrai et
profond a commencé à émerger naturellement de moi... Une sorte d’état de grâce,
un débordement de joie. Ce n’était pas un «merci de» ou un «merci pour». Ce
n’était pas un merci à la vie juste pour moi. En fait, c’était plutôt la vie
elle-même qui disait merci à travers moi. Et j’ai finalement compris que la
gratitude n’est pas un simple sentiment, mais bien l’essence de ce que nous
sommes, de ce que je suis. «Merci» n’est pas un mot, c’est le sens de la
vie. Et c’est pourquoi on se sent si bien lorsqu’on le dit.
Je vous dis donc un beau «merci».
Marie-Pier Charron
www.matinmagique.com
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b.
Dans le regard
vers l'autre, nous naissons à nous-mêmes
"Jamais vous ne
pourrez vous voir vous-même dans un miroir. Un miroir peut être utile à votre
toilette, voire indispensable, mais ce n'est pas dans un miroir que vous
trouverez la révélation de vous-même. Vous ne pouvez pas vous regarder priant
dans un miroir, vous ne pouvez pas vous voir comprenant dans un miroir. Votre
vie profonde, celle par laquelle vous vous transformez vous-même, c'est une vie
qui s'accomplit dans un regard vers l'autre.
Dès que le regard
revient vers soi, tout l'émerveillement reflue et devient impossible. Quand on
s'émerveille, c'est qu'on ne se regarde pas. Quand on prie, c'est qu'on est
tourné vers un autre ; quand on aime vraiment, c'est qu'on est enraciné dans
l'intimité d'un être aimé. Il est donc absolument impossible de se voir dans un
miroir autrement que comme une caricature si l'on prétendait y trouver son
secret.
La vie profonde
échappe à la réflexion du miroir ; elle ne peut se connaître que dans un autre
et pour lui. Quand vous vous oubliez parce que vous êtes devant un paysage qui
vous ravit, ou devant une oeuvre d'art qui vous coupe le souffle, ou devant une
pensée qui vous illumine, ou devant un sourire d'enfant qui vous émeut, vous
sentez bien que vous existez, et c'est même à ces moments-là que votre existence
prend tout son relief, mais vous le sentez d'autant plus fort que justement
l'événement vous détourne de vous-même. C'est parce que vous ne vous regardez
pas que vous vous voyez réellement et spirituellement, en regardant l'autre et
en vous perdant en lui. C'est cela le miracle de la connaissance authentique.
Dans le mouvement de libération où nous sortons de nous-mêmes, où nous sommes
suspendus à un autre, nous éprouvons toute la valeur et toute la puissance de
notre existence."..
Dans ce regard vers
l'autre, nous naissons à nous-mêmes.
Maurice Zundel
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page ¿
b.
Force et courage
Il faut de la force pour affirmer son opinion ;
Il faut du courage pour l’assumer jusqu’au bout.
Il faut de la force pour prendre une décision ;
Il faut parfois du courage pour en assumer les conséquences.
Il faut de la force pour avancer ;
Il faut du courage pour accepter de s’être trompé.
Il faut de la force pour dénoncer ;
Il faut du courage pour se taire.
Il faut de la force pour gagner sa vie ;
Il faut du courage pour affronter la misère.
Il faut de la force pour dire non ;
Il faut du courage pour être capable d’affirmer son opinion sans violence.
Il faut de la force pour endurer l’injustice ;
Il faut du courage pour l’arrêter.
Il faut de la force pour vivre ;
Il faut du courage pour survivre.
collectif « Fraternité
Migrants » à Angres (62) ATD Quart monde
http://www.atd-quartmonde.asso.fr/?Le-collectif-Fraternite-Migrants-s
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page ¿
b.
Une
histoire d’amour et un bouquet de fleurs en guise d’adieu 2009.03
Un ami
français écrit cette "histoire d'amour" pour ses collègues et nous la
transmet du Québec où il réside maintenant :
Laissez moi
vous raconter une belle histoire vécue il y a près de trois ans en accompagnant
un malade de 90 ans, qui est resté trois mois à la Maison Michel
Sarrazin. Ce monsieur était très agréable et serein après avoir eu une
vie pleine : une belle famille dont la photo ornait un mur de sa chambre, une
épouse encore vivante dans leur maison et qui venait tous les après midis avec
un de leurs enfants.
Je m’étais
pris d’amitié pour cet homme fort physiquement et moralement qui avait travaillé
en région il y a de cela soixante ans, qui avait connu la crise et qui aimait
évoquer ses souvenirs si on lui en donnait l’occasion. Il était aussi un
passionné de musique, allant de La Bolduc à la musique classique et il aimait
chanter au grand plaisir du personnel. Il m’arrivait d’aller lui tenir compagnie
dans sa chambre en début d’après midi lorsque j’étais en service et que la
demande était moindre. Un vendredi, alors que Gilles était au piano, trois
bénévoles sont venus en une demi-heure l’inviter au salon. J’étais avec lui à ce
moment là et la troisième fois il a acquiescé en disant : Si ça peut leur faire
plaisir! Mais il n’a pas chanté ce jour car sa santé déclinait.
Il est décédé
après une longue agonie comme un chêne qui refusait de se laisse abattre et j’ai
eu le privilège de lui faire mes adieux, entouré de sa famille. Il a confié à sa
femme qu’il avait été heureux à la Maison.
J’ai voulu
l’accompagner jusqu’au bout et je suis allé avec mon épouse à ses funérailles,
discrètement, sans me faire reconnaître par la famille. En écoutant le prêtre et
les témoignages de ses enfants et petits enfants, j’ai pu mesurer l’ampleur de
cette vie d’homme engagé au service de sa communauté et de sa famille, le
respect et l’admiration de chacun. En sortant de l’église, j’avais le sentiment
d’avoir à ma façon rendu hommage à cet homme que j’avais aimé.
Et puis, dans
la même semaine de fin mai, en téléphonant à ma mère en France.je m’aperçois
alors que mon père était décédé exactement dix ans auparavant, lui aussi d’un
cancer. Mon père aurait eu l’âge de ce monsieur et je n’avais pas été auprès de
lui dans les derniers mois. Je n’étais arrivé que pour l’enterrer.
Ainsi la Vie
m’avait donné cette chance de me reprendre, de donner à cet homme l’attention,
la bienveillance et l’accompagnement que je n’avais pas été en mesure de donner
à mon père, et à moi, elle m’avait permis dans ce transfert d’apaiser un certain
regret, une souffrance non reconnue.
Oui, la Vie
est belle et généreuse!
Chacun(e) de
nous qui travaillons auprès des malades a sans doute une ou quelques belles
histoires comme celle là à raconter. En général, on les garde à l’intime comme
un cadeau sacré que la vie nous a fait.
Ce Merci à la
Vie de m’avoir fait découvrir la MMS, je veux vous l’adresser à vous tous qui
travaillez ici car vous êtes la Vie à l’œuvre et cette œuvre c’est La Maison
vivante, chacun(e) à sa place, de l’administration à l’entretien, des services
professionnels à la cuisine, de la fondation à la jardinière, des comités aux
différentes formes de bénévolat, de la formation à la pastorale.
Cette Vie, on
en ressent les vibrations en y entrant, en y travaillant. Ici, on célèbre la Vie
en étant à son service. Nous sommes au service d’une œuvre qui compte pour nous,
qui nous inclut et nous dépasse. Par l’humanisation de la mort, nous humanisons
la vie, nous la spiritualisons en ne soignant pas seulement le corps mais toute
la personne, l’être entier accueilli comme être de relation.
Chacun(e)
devient une cellule d’un Grand Tout et permet par son engagement, son
implication, sa consécration que cette grande œuvre de service auprès des
malades se continue. Chacun(e) est une fleur qui s’offre à la vie, qui se donne.
Être là, donner son plein. Le sourire est le parfum. Il est différent et unique
pour chacun(e). L’accueil, la bienveillance, la bonté, l’humanisme, la
discrétion, l’humilité, le respect, la compétence, la compassion , la qualité de
présence, le geste tendre, le silence sont les différentes facettes de la Vie,
de l’Amour. C’est le meilleur de nous-mêmes que nous développons et offrons à la
Vie ici et le tout est une Merveille pour de très nombreuses familles qui sont
passées par la Maison.
Comme les
cellules d’un même organisme, nous sommes dépendants les uns des autres dans
notre présence et notre action auprès des malades et la coordination ainsi que
les relations entre les différents intervenants sont très importantes. Mais ce
qui nous réunit, ce qui crée l’unité d’intention puis d’action, c’est le
ressenti affectif que chacun(e) a devant la détresse, la fragilité, la
vulnérabilité du malade en fin de vie et de sa famille. Nous ne sommes pas
neutres et notre sensibilité à cette réalité est ce qui nous anime par instinct
de survie, à compenser par un geste, une caresse, un regard, un sourire, une
implication, un soin professionnel.
La priorité à
l’autre, la nécessité de disponibilité et d’adaptation aux conditions et
circonstances (même si quelquefois ça grogne en dedans) nous permet de découvrir
une disponibilité nouvelle en nous et nous fait grandir en liberté intérieure.
En d’autres mots, c’est notre héritage d’humanisme chrétien qui nous anime. Ce
Dieu qui a accompagné nos ancêtres depuis quatre siècles au Québec n’est peut
être plus aussi présent sur les murs, mais il l’est assurément dans les cœurs.
Ce Dieu Amour est le lien qui nous conduit, qui nous unit, qui nous anime auprès
de ceux et celles dans le besoin.
Michel
Demougeot, bénévole aux soins
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page ¿
b.
De "la paix
avec soi-même" 2009.03
Souvent, les spiritualités ont privilégié la
recherche de la "paix intérieure", sans trop se préoccuper de la nécessité
d'agir pour la paix en s'engageant dans les luttes pour la justice. Comment agir
pour la paix dans le monde, ont-elles dit, si on n'est pas d’abord "en
paix avec soi-même" ? Cette chronologie semble avoir la simplicité de
l’évidence. Elle est pourtant fallacieuse. Faut-il attendre d'avoir atteint la
plénitude de la “ paix intérieure ” pour se décider à agir pour la paix dans le
monde ? Ne risque-t-on pas d'attendre longtemps ? Trop longtemps, quand les
victimes de l'injustice n'en peuvent plus d'attendre. Comment “ être en paix
avec soi-même ”, si on n’est pas en paix avec l’autre homme ? Comment connaître
la “ paix intérieure ”, si on n'agit pas pour la paix dans le monde ? La
violence qui meurtrit les autres hommes peut-elle laisser en paix ? L’urgence de
la vie n’oblige-t-elle pas à être d’abord “ en paix avec l’autre ” ?
Le monde s'est ouvert au regard de l'homme de façon
illimitée. Il lui lance des défis inédits. La tentation est grande, à la vue de
cette société qui se donne en spectacle avec ses turpitudes et ses lâchetés, ses
reniements et ses violences, de la fuir, de se replier sur soi, de cultiver les
fleurs exotiques d'une spiritualité évanescente. Pareille attitude conduit loin
de l'épreuve du réel et de la vie. On prétend rechercher la paix, mais on risque
de n’être en quête que de son bien-être personnel. C'est une faute contre
l'esprit de prétexter l'échec, toujours possible, des actions humaines pour se
résigner à la déchéance et à l'iniquité du monde, se replier sur soi et se
tourner vers la pure intériorité. Cette voie mène dans une impasse. Elle conduit
les hommes dans les marges de l'histoire, et leur fait renoncer à toute action.
En Orient comme en Occident, trop de faux gourous
prétendent enseigner la spiritualité en dehors des conflits, loin des débats et
des combats politiques, à l'abri des rumeurs et des fureurs du monde. Il ne
s’agit pas d’une spiritualité de la paix, mais d’une spiritualité de la
tranquillité. Les disciples sont invités à se libérer des besoins, des désirs et
des passions de leur ego dans un exercice solitaire. Cependant, la meilleure
manière de désapprendre à se “ soucier de soi ” est d’apprendre à se “ soucier
de l’autre ”.
Trop d'hommes se réclamant d'une spiritualité
désincarnée discréditent le conflit sous le prétexte qu'il divise les hommes au
lieu de les unir. De même, au nom de l'harmonie, des spiritualités en sont
venues à enseigner le refus de s'impliquer dans les conflits. Mais pareille
conception de l'harmonie est illusoire. Elle fait en réalité le lit de
l'injustice et du désordre établi. Face à l’injustice, le conflit ne rompt pas
l'harmonie, il veut l'établir. Non, ce qui divise les hommes, ce n'est ni le
conflit ni la lutte, mais l'injustice, l'indifférence, la résignation et la
lâcheté. La fonction du conflit est de créer les conditions de la justice qui
seule peut ré-unir les hommes.
En s'absentant des conflits, les "spirituels" ne
pouvaient que méconnaître la non-violence. Certes, ils ne manquaient pas, à
maintes occasions, de parler surabondamment d'amour, de célébrer sa
toute-puissance, mais, désincarnés, leurs propos n'avaient aucune prise sur les
événements. Pendant ce temps, les conflits ne cessaient de croître au risque que
les pires violences ne s'y donnent libre cours. Et alors que les spirituels
ignoraient les conflits, ces derniers ne les ignoraient pas. Rattrapés par les
conflits, les spirituels, le plus souvent, ne savaient pas faire autrement que
de recourir eux-mêmes à la violence. Ils s'en sont alors accommodés et, presque
toujours, ils ont fini par la légitimer.
Ainsi, la spiritualité ne prend sa véritable
signification que dans l’action pour la justice. Nous savons par expérience que
l’action est la chose la plus difficile au monde, parce qu’elle bouscule notre
tranquillité et notre confort. C’est pourquoi nous avons peur de l’action et
que, trop souvent, nous n’avons pas le courage d’en prendre le risque. Le pire
serait de justifier notre refus d’agir par une prétendue recherche spirituelle
qui mobiliserait toutes nos énergies.
L'homme se connaît par la médiation
de sa relation avec l'autre homme. L'être n'est pas une existence, mais une
présence. Et la présence est une relation. Un lien. Il faut penser l'homme non
pas dans son face à face narcissique de lui-même avec son moi, mais dans la
relation dés-intéressée avec autrui. En définitive, la notion de “ paix
avec soi-même ” ne peut avoir qu’un sens dérivé, largement impropre. Il ne
s’agit que d’un langage allégorique, métaphorique. Trompeur. L’homme qui se
retire du monde pour chercher la paix ne la trouvera pas. Aucune paix ne se
construit dans la solitude. C’est par l’acte de bonté envers l’autre que
j’accède à la paix. C’est en recevant la paix de l’autre, que je peux dire “ je
suis en paix ”. La paix est une dynamique qui s’inscrit au cœur des relations de
l’homme avec l’autre homme. La paix est ouverture à l’altérité. C’est pourquoi
elle est une épreuve de l’être. Mais c’est à travers cette épreuve que l'homme
accomplit son humanité.
Jean-Marie Muller,
Philosophe
et écrivain, porte parole national du Mouvement pour une Alternative
Non-violente (MAN).
Il est l’auteur de nombreux ouvrages,
dont un Dictionnaire de la non-violence paru en 2005 (Le Relié Poche,
collection Sagesses, 408 p.)
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b.
Nos « Vœux EPHATA 2009 »,
pour vous, pour nous, pour la planète :
.Diffuser notre « bien-être » vers les autres…
.
Rayonner notre « mieux-être » autour de nous…
.
Nous dé-centrer de notre Je pour aller vers le Nous,
.Utiliser notre « développement personnel » pour le bien d’autrui…
Et
puis bien sûr nous faire plaisir surtout, nous distraire, danser, rire, aimer,
embrasser, étreindre, réveiller le feu là où nous passons : YALLA 2009 !!
« Que fait-on de ce qu’on sait ? Pourquoi pas partager la nourriture
que
nous avons recueillie avec les êtres qui sont en souffrance ?
Il
nous faut parler le langage de tous pour le bien de tous ».
Charles
Juliet
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Le moment présent 2009.01
Pour réaliser la valeur d’une année, demandez à un étudiant qui a doublé
son année.
Pour prendre conscience de la valeur d’un mois, demandez à une mère qui a
accouché prématurément.
Pour connaitre la valeur d’une semaine, demandez à l’éditeur d’un
hebdomadaire.
Pour connaître la valeur d’une heure, demandez aux amoureux qui sont
temporairement séparés.
Pour comprendre la valeur d’une minute, demandez à une personne qui a
manqué son train.
Pour réaliser la valeur d’une seconde, demandez à celui qui vient juste
d’éviter un accident.
Pour comprendre la valeur d’une milli-seconde, demandez à celui qui a
gagné une médaille d’argent aux Jeux Olympiques.
Apprécions chaque moment que nous avons !
Hier fait partie de l’histoire.
Demain demeure un mystère.
Aujourd’hui est un cadeau.
C’est pour ça
qu’on dit que c’est le présent !!!
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Mes conseils pour
s’aimer soi-même
1 Accepter qui l’on est
Cela peut prendre du temps, mais il me semble vital de commencer par
s’accepter tel que l’on est, avec ses racines et ses blessures. Pour y
parvenir, il est précieux de trouver une oreille attentive pour exprimer sa
souffrance. Par l’écoute, je peux accepter progressivement ce qui m’est
arrivé. Car je ne peux avancer qu’en partant de ce que je suis. Un enfant
peut avoir été élevé par un père, une mère "toxique" (qui a maltraité son
âme ou son corps). Il a besoin pour se construire de reconnaître que ses
parents l’ont maltraité, que cela fait partie de son histoire.
2 Oser prendre des initiatives
Accepter permet d’oser à nouveau. Par exemple, j’avais des dons pour la
musique, mais mes parents n’ont jamais voulu que je les cultive. J’accepte
le fait qu’ils ne soient pas mélomanes. Mais au-delà de cette réalité, je
prends conscience qu’ils n’ont pas le dernier mot sur mon existence. Je peux
alors décider librement de prendre des cours de piano. Même si on ne s’aime
pas beaucoup soi-même, il faut oser agir, en commençant par des initiatives
ponctuelles. Si par exemple j’aime nager, je peux commencer à aller une
heure à la piscine chaque semaine. En constatant que je retrouve un
équilibre de vie, une forme de bien-être, je découvre alors que je prends du
plaisir à oser être moi-même.
3 Donner gratuitement
C’est un cercle vertueux : si j’ai du plaisir à être moi-même, je ne suis
pas loin de l’amour. En commençant à m’aimer un peu, je vais pouvoir aimer
les autres sans user de puissance. J’apprends à nouer des relations
gratuites, sans arrière pensée ni désir de manipulation. Je prends du
plaisir à aimer, en me montrant sous mon vrai visage.
Jacques Poujol
Tiré de « Les
essentiels », La Vie
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Estime de soi et souci de
l’autre
Comment
trouver l’équilibre entre travail personnel et action politique ? Etienne
Godinot propose de travailler à un « changement tridimensionnel » et d’oser
les « pourquoi ? » qui nous permettront d’échapper aux routines et aux
automatismes.
Pour Jacques
Généreux, refonder la vision de l’homme sous-jacente à la société actuelle
est un enjeu de survie. Il y a en effet de quoi être préoccupé par
l’individualisme ambiant, par le courant du « Moi d’abord ! ». Le culte du
corps voulu beau et parfait, de l’éternelle jeunesse, de la performance
physique obligatoire amène à dépenser sans compter en cures d’amincissement,
en viagra ou en chirurgie esthétique. Ce qui fait société, ce n’est plus la
recherche de l’intérêt collectif à long terme, c’est la mobilisation de
courte durée par l’émotion, orchestrée par les médias, ou les mobilisations
de petites communautés, de micro-réseaux, voire de clans. Sans parler de la
course effrénée aux biens matériels et du modèle économique qui menace les
écosystèmes naturels.
Jacques
Généreux pose aussi une question redoutable : Pourquoi et comment des
millions d’individus persuadés que la coopération solidaire est cent fois
préférable à la compétition solitaire restent-ils impuissants à refonder sur
elle leur système économique et politique ?
De l’individu au collectif
Un trait
apparaît évident dans le débat et dans le combat pour transformer l’homme et
la société, un trait marquant et préoccupant : c’est le manque d’une vision
globale du processus de changement. Certains prônent la transformation
personnelle, l’intériorité, la conversion du regard, mais sont réticents
envers l’engagement politique. D’autres agissent dans leur entreprise ou
leur commune, mais font l’impasse sur l’action politique dans le cadre
national ou international. D’autres sont engagés en politique, mais oublient
de travailler sur eux-mêmes ou de commencer l’action dans leur milieu de
travail ou de vie. Or l’action, pour être cohérente, efficace, durable, doit
être menée dans les trois champs à la fois :
-
le champ personnel,
-
le champ des organisations de vie et de travail,
-
le champ politique national et mondial, ou champ sociétal.
On pourrait appeler cela le changement tridimensionnel. Il est possible
d’agir dans les trois domaines à la fois, avec des niveaux d’implication
évidemment différents dans chacun d’eux, selon le charisme de chacun. C’est
là une déclinaison de la maxime « Penser globalement, agir localement ».
Un
développement personnel qui ne génère pas un nouveau regard sur le monde ni
une action de transformation de la société est une masturbation
psychologique. Inversement, une critique ou une action sociétales qui
n’intègrent pas les dimensions culturelle et spirituelle risquent de
déboucher sur un néo-matérialisme. Entre ces deux écueils, il y a place pour
un développement personnel et collectif qui articule écologie, solidarité,
non-violence et spiritualité.
Un monde
désenchanté
L’essence du
néo-libéralisme consumériste n’est pas seulement la course aux biens
matériels, mais la réification, c'est-à-dire la transformation en objet de
tout ce qui existe : les êtres humains, les peuples, la nature. L’arbre est
réduit à un paquet de molécules, la conscience à un paquet de neurones et le
vivant à un paquet de gênes. Une issue à ce système est le ré-enchantement
de tous les domaines : l’économie, l’agriculture, la science,
l’architecture, l’éducation, la défense etc. Pour que l’être humain soit
générateur de vie et de transformation du monde, il importe qu’il ait
suffisamment confiance en soi et qu’il soit suffisamment relié à son être
profond pour mettre en valeur ses potentiels. Cela nécessite un effort
permanent d’introspection et de formation personnelle qui puisse aider
chacun à être plus consistant et solide, plus à l’écoute de ses émotions et
de ses intuitions profondes, plus critique et lucide sur ses propres
faiblesses, misères, dysfonctionnements et contradictions, sur ceux de ses
proches et de ses contemporains.
Foules
embrigadées
Du nazisme au
stalinisme, les régimes totalitaires ont réussi à convaincre des millions
d’individus qu’ils incarnaient une vie nouvelle basée sur le travail, le
dévouement, le courage, l’honneur et la communauté. L’évolution des sociétés
a été principalement conditionnée par le fait que l’immense majorité des
humains a laissé quelques individus particuliers prendre en main la destinée
de la collectivité. Depuis l’aube de l’humanité, le pouvoir de changer le
monde a été laissé aux dirigeants, aux héros et aux experts. Mais
l’hypnotisme qu’Hitler, Mao ou Milosevic exerçaient sur les foules montre
tout autant le manque de consistance de leurs admirateurs que le
déséquilibre psychologique de leur héros. Hitler lui-même a désigné ses
armes principales comme étant « la confusion mentale, les sentiments
contradictoires, l’indécision et la panique ». Tant que chaque individu
n’aura pas compris qu’il possède lui aussi le pouvoir de changer le monde,
les choses ne pourront pas évoluer.
Pour cela, il
faut être capable d’observer notre quotidien d’une manière neuve et
totalement différente. Réfléchir à nos actes coutumiers comme si on les
pratiquait pour la première fois. Voir les couleurs de nos actions et de nos
décisions quotidiennes. Introduire dans notre vie de tous les jours une
dimension poétique au sens étymologique du mot, c'est-à-dire un pouvoir de
création et de transformation.
Réinventer
le quotidien
La condition
première pour changer le monde est d’agir soi-même en être libre :
-
Repérer les bifurcations, les carrefours dans notre vie, les
possibilités de faire un choix qui influencera la suite des événements. Tout
homme est confronté à ce type de décisions, pas seulement dans le choix d’un
métier ou d’un conjoint, mais dans la banalité de son quotidien.
-
Oser les pourquoi, qui nous permettent d’échapper aux routines
et aux automatismes.
-
Devenir moins prévisible, être capable de modifier de manière
inattendue sa façon de penser ou d’agir face à une situation nouvelle ou une
bifurcation dans sa vie.
Comment
pouvons-nous alors agir ? En tant que consommateurs, notre pouvoir tient en
une question : « Pourquoi acheter tel article plutôt qu’un autre ? ». En
tant que citoyens, notre pouvoir individuel ne se trouve pas en priorité
dans l’élaboration de nouvelles lois, mais dans la manière d’utiliser au
quotidien celles qui existent. Qu’il s’agisse de refuser ou non l’ordre
d’arrêter des Juifs ou de torturer des Algériens, qu’il s’agisse d’écrire ou
non une lettre à un prisonnier d’opinion, la question à se poser est alors :
« Mon attitude envers les lois, les ordres, ou les sollicitations que je
reçois me rend-elle les autres hommes proches ou lointains ? »
Nous pouvons
enfin agir dans le domaine de nos relations avec nos proches. Notre manière
d’exercer notre pouvoir sur nos proches, ou de le subir, peut nous aider à
changer le monde, dans la famille, dans l’entreprise, à l’école. D’où
l’importance de la communication non-violente et de la gestion positive des
conflits interpersonnels.
Une éthique
non-violente
Il y a des
méthodes simples pour vivre mieux au niveau personnel : chercher à habiter
le moment présent, prendre trois minutes trois fois par jour pour se relier
à soi-même, ressentir de la gratitude pour ce qui va bien afin d’affronter
mieux ce qui va mal, soigner son acuité de conscience et de cœur, développer
l’estime de soi etc. De même pour mieux coopérer dans les groupes : cultiver
la confiance en soi et en l’autre, accueillir la différence, s’ouvrir aux
désaccords, prendre soin de nos colères, apprendre à dire non et à
accueillir le non de l’autre sans soumission ni agression, partager ses
propres valeurs, expliquer le sens et le bien fondé des règles.
Ce dynamisme
personnel, appelé empowerment en anglais, se fonde sur
l’estime de soi, le sentiment de sa compétence, la participation à l’action
collective et la conscience critique. L’individu relié à ses forces de vie
et à ce qui le nourrit intérieurement (et que chacun appelle à la façon :
Dieu, l’Univers, la Transcendance etc.) est alors apte à s’approprier ou à
se réapproprier son pouvoir tant au niveau social que psychologique.
« Ce qui fait vraiment la
démocratie, disait Henry-David Thoreau, ce n’est pas le type de bulletin de
vote que je glisse tous les cinq ans dans l’urne, c’est le type d’individu
que je glisse tous les matins hors de mon lit ».
Etienne
Godinot, membre du Mouvement pour une alternative non-violente (MAN)
et de l’Institut de recherche sur la résolution non-violente des conflits (IRNC)
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Mes conseils pour
voir l’autre
1-
Cultiver le silence
En lui seul se
révèle le fond de l’âme, de la sienne propre et de celle de la personne
rencontrée. Pour l’enraciner en soi, il importe à la fois de se protéger des
verbiages dont notre monde est saturé et de s’accorder chaque jour des temps
de silence. Silence de la parole mais également silence des pensées
délétères qui virevoltent sans cesse en nous.
2-
Mettre entre parenthèses ses préjugés
Toute personne
est habitée par une quête intime : la regarder uniquement en fonction d’une
quelconque étiquette, c’est s’empêcher de percevoir la réalité qui l’anime
profondément. La vie de l’âme est au-delà de toutes les options
idéologiques.
3-
Etre
dans l’admiration
Pour aller vers
le mystère, il faut une certaine virginité, une nudité du regard, cultivés
dans le silence intérieur. On confond trop souvent la naïveté –ce qui est
près de la naissance- avec la crédulité, et, en réaction, on adopte une
posture cynique ou désabusée. Pourtant seules la bienveillance et la
capacité à s’émerveiller nous offrent de voir la beauté que cache celui ou
celle que nous rencontrons, homme, femme, enfant, paysage.
4-
Relire notre route à la lumière de nos rencontres
Elles nous
révèlent ce vers quoi nous allons. La rencontre d’un être est toujours
révélatrice de ce que nous sommes. « On va toujours, en fin de compte, vers
où l’on pèse », écrivait Saint-Exupéry. Découvrir le mystère d’une personne
nous révèle en retour notre propre mystère et l’objet de la marche
Alain
Vircondelet, écrivain
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ETRE
AVEC LES AUTRES EN RESTANT SOI-MEME
... Mais revenons aux besoins. Nous pouvons donc
souvent nous couper totalement de nos sentiments et de nos besoins, c'est-à-dire
interdire de les ressentir, de les écouter, et bien les « bétonner ». Toutefois,
nous ne pouvons pas être dépourvus de sentiments et de besoins, même si souvent
nous n’en sommes pas du tout conscients.
Cette conscience est précieuse parce que je crois
de plus en plus que le fait de ressentir et de partager est ce qui nourrit le
plus profondément notre nature humaine.
Ainsi notre bien être le plus intime et le plus
essentiel naît de la qualité de la relation que nous entretenons avec nous même,
avec les autres et avec les choses qui nous entourent.
N’est ce pas quand nous communiquons clairement
avec nous même et avec nos proches , quand nous sommes bien reliés à nous et à
ceux que nous aimons, quand les rapports se vivent dans l’estime et la
confiance, dans ce que j’appelle le « bien-être-ensemble » que nous ressentons
les plus grandes joies ? A l’inverse, n’est-ce pas quand nous ne voyons plus
clair en nous même, quand nous nous sentons coupés de nous et quand nous ne
voyons plus clair dans une relation, que nous nous sentons coupés d’une
personne que nous aimons que nous éprouvons les plus grandes peines ?
Ainsi notre bonheur, notre bien être ne vient pas
de ce que nous possédons, ni de ce que nous faisons, mais de comment nous vivons notre relation avec les êtres, les activités et les
choses.
Depuis que je cherche à comprendre et à trouver un
sens à la difficulté d’être, je constate que les personnes qui dégagent un bien
être profond, une joie d’être au monde, sont celles qui privilégient non pas la
multiplication des activités, des possessions, des rencontres, mais la qualité
de la relation qu’elles entretiennent avec les êtres, les objets et les choses à
faire, en commençant par la qualité de relation qu’elles entretiennent avec
elles-mêmes.
Ces personnes ne
cherchent pas à remplir leur vie de choses à faire ou de gens à voir, mais à
remplir de vie les relations qu’elles nourrissent et les choses qu’elles font.
Extrait de « Cessez d’être gentil, soyez vrai » de
Thomas d’Ansembourg
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SILENCE et PAROLE
... Le
silence est l'absence de bruits et de mots, mais, tu le sais, il recouvre une
réalité plurielle : le silence peut être exigé dans certains lieux en certaines
circonstances... Si certains silences sont lourds, d'autres sont nécessaires et
fonctionnels. En effet, par bonheur, il existe des silences positifs, auxquels
on ne saurait renoncer : le silence de respect devant la parole de l'autre; le
silence que l'on choisit, car il est "un temps pour parler et un temps pour se
taire" (Qo 3,7); le silence de l'amitié et de l'amour, où le langage non verbal
permet au silence de devenir parole; le silence de la présence et de la
plénitude, lorsqu'on est bien ensemble et que cela suffit; le silence qui est
écoute amoureuse, attentive, contemplative, recueillie; le silence "d'une brise
légère", qui se fait voix ténue comme pour Elie sur le mont Horeb (1R19, 12-13);
et puis, il y a le silence intérieur, qui habite le coeur de chacun de nous, qui
permet de faire place à la présence des autres et de Dieu...
Mais
pourquoi faire silence, pourquoi apprendre progressivement le silence ? Avant
tout parce que dans le silence nous faisons l'expérience d'énergies qui génèrent
une activité intellectuelle plus féconde : le silence stimule notre mémoire, il
affine nos facultés de raisonnement et d'imagination. Oui, dans le silence, nous
devenons plus réceptifs aux impressions transmises par nos sens : nous voyons,
nous écoutons, nous sentons, nous touchons mieux ! Ainsi, lorsque nous voulons
faire une caresse -ou la recevoir- le silence se fait tout naturel...
Tu peux
tenter l'expérience de la solitude. Tu verras que les heures durant lesquelles
tu ne parles pas et n'écoutes ni mots, ni bruits te rendent différent; elles
t'aident à écouter ce qui t'habite au plus profond de toi.
Ainsi,
nous prenons peu à peu conscience des raisons qui nous font parler. Nous faisons
connaissance de réalités insoupçonnées: nos mots sont souvent des instruments de
conquête ou de séduction, qui permettent à notre "moi" de gagner en puissance,
d'acquérir un certain succès. Nous nous apercevons que nos paroles sont
agressives ou intéressées, qu'elles visent un but non déclaré, qu'elles sont des
outils de manipulation. Alors, dans le silence, nous apprenons à parler, à
veiller toujours plus attentivement sur le style de notre communication afin
que, dans le dialogue, nos mots soient toujours davantage source de communion et
de paix...
Enzo Bianchi (Panorama)
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HOMMAGE A Christiane
SINGER
Le 4 avril dernier, l’écrivaine Christiane Singer est morte d’un
cancer. Un médecin lui avait annoncé le 1er septembre qu’il ne lui
restait que six mois à vivre et elle a décidé de noter ses derniers fragments
de vie, son expérience de la maladie car dit-elle "Je n’ai pas d’autre
choix que de la partager. Rien qui m’appartienne en propre. Rien. Tout est
expérience qui nous concerne tous".
Son livre
Derniers fragments d’un long voyage
paru chez Albin Michel m’a beaucoup
touché et j’aimerais en guise d’hommage à une amie de cœur lui redonner la
parole, car elle a tenu à saisir le flot de ses pensées les plus intimes pour
les rediriger vers ses lecteurs. Elle a reçu le prix de la Langue Française pour
l’ensemble de son œuvre, cette langue dont elle fit sa patrie et qu’elle maniait
si bien.
A son éditeur, elle écrivait le 2 mars 2007
"Comme promis et dans la joie…
Je crois que ce livre a vraiment sa lumière propre!
Quelle grâce j’ai reçu de lui livrer passage!!
Prends en soin, je t’en prie. Mon rêve serait qu’il paraisse
le plus tôt possible. Ce serait une manière très forte d’entrer dans un espace
neuf - peu importe où - mais neuf".
Cet espace neuf
dont elle parle m’apparait dans son journal de bord comme l’acceptation vécue de
chaque instant présent à vivre pleinement ce que la vie lui offre, que ce soient
les affres de la douleur dont elle dira "j’ai été battue à plate
couture", le mystère de l’enfer de la souffrance, "cette
souffrance qui m’a abrasée, qui m’a rabotée jusqu’à la transparence, calcinée
jusqu'à la dernière cellule", la joie et le bonheur de la rencontre de
personnes admirables et aimantes, "toute cette foule amoureuse, toute cette
foule d’êtres qui me portent" et enfin ses explorations d’autres
mondes dont elle revient avec effort "pour témoigner auprès de ses frères
humains" et dont elle nous dit "Je vous le jure. Quand il n’y a plus
rien, il n’y a que l’Amour, Il n’y a plus que l’Amour".
Cet amour qui vit en elle et qui est l’essence de ses livres précédents :
La
Passion, Seul ce qui brûle, entre autres et dont elle dit "la seule
mesure de l’amour est sa démesure. L’amour exagéré, l‘amour démesuré, l’amour
immodéré". Toute une invitation "comme un grand appel à
être vivants, à être dans la joie et à aimer immodérément".
A 64 ans,
Christiane Singer fait le deuil de sa vie de façon sereine et lucide avec une
gratitude totale pour tout ce qu’elle a vécu, "une vie pleine à ras-bord",
aux côtés de ses fils, de son mari, de ses amis car pour elle, la mort n’est
pas la fin de la vie. "Tout est entier, il ne manque rien. Si je dois
aller tout est parfait. Ma dernière prière Ne soyez pas déçus que la mort ait
en apparence vaincu; ce n’est que l’apparence, la vérité est que tout est Vie.
Je sors de la vie et j’entre en vie. Par un sombre ravin, j’ai passé de la Vie
à la Vie. Je ne suis qu’une VIVANTE qui voyage entre les mondes".
Parce qu’elle ne pouvait plus lutter, ni se dérober, elle rend les armes.
Soulagement de celle qui n’a plus à lutter. "J’ai cru avec ravissement
l’instant du passage venu. Une journée durant, j’étais dans l’extase du seuil.
Et puis je suis revenue, Je vous demande avec une tendresse immense d’ôter de
mon cœur toute pression par un souhait trop fort de me voir parmi vous".
Respect du mystère qu’est le passage, qu’est l’agonie. Cette agonie qui peut
être apaisée par la prière, la lecture de paroles saintes et par cette foi
démesurée qui l’habite, foi commune a toutes les religions, "autant de
chemins de compassion pour donner forme, rite et matière à l’Invisible qui nous
fonde".
Respect de l’expérience intime que vit le malade, le mystère que lui seul vit. "N’est
respectueux que le non-savoir radical. C’est à ce prix que peut avoir lieu la
rencontre quand le visiteur s’abstient de tout conseil, savoir théorique
facilement acquis et surtout de la tentation d’aider".
Le 1er
mars 2007, madame Singer pose la plume. Elle a tout dit. Elle a pris le temps de
nommer chaque personne rencontrée, de les remercier, de leur dire son amour, de
partager sa gaieté, son bonheur, d’un bonheur sans fin, illimité qui ne veut
rien, qui n’attend rien sinon l’émerveillement de chaque rencontre, de chaque
seconde.
"Sachez que la manière dont je vis cette aventure est difficile à faire
percevoir. Je suis habitée d’une liberté infinie.
De la où je suis, où je serai, je suis et je serai avec vous.
La main sur le cœur, je m’incline devant chacun de vous."
Je tenais à rendre hommage à Christiane Singer qui me
touche au cœur et me nourrit par ses livres et que j’ai eu le privilège de
rencontrer à une conférence à Montréal il y a quelques années.
Michel Demougeot
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ECOUTER
L' AUTRE
"Entendre ne veut pas dire écouter
car l'ouïe est un sens mais l'écoute est un art."
Écouter est peut-être le
plus beau cadeau que nous puissions faire à quelqu'un. Ce simple geste démontre
à une personne qu’elle est importante pour nous et que ce qu’elle dit nous
intéresse. Voici des approches qui favorisent une meilleure écoute:
1.
Savoir se
taire
Avez-vous remarqué que
les conversations sont remplies d'expressions du genre: "C'est comme moi
quand..." ou bien "Ça me rappelle ce qui m'est arrivé..."? Bien souvent, nous
recherchons dans ce que nous entendons des occasions de parler davantage de
nous-mêmes. Écouter, c'est avant tout savoir se taire.
2.
Se
concentrer sur l’autre
Écouter, c'est laisser
tomber tout ce qui nous préoccupe pour donner son attention entière à l'autre.
C’est le laisser diriger totalement la conversation. Essayez de vous concentrer
sur ce que votre interlocuteur dit plutôt que de penser à ce que vous allez
répondre. Écouter, ce n'est pas de chercher à répliquer, mais plutôt laisser
l’autre trouver réponses à ses propres questions.
3.
Favoriser
la confiance
Écouter c’est créer un
environnement relationnel dans lequel l’autre se sent en confiance. Votre
interlocuteur doit savoir que ce qu’il vous dit sera traité avec respect, et que
les choses confidentielles resteront entre vous deux. Ceci crée un environnement
favorable aux confidences et permet à votre interlocuteur, s’il le veut,
d’aborder des sujets très personnels.
4.
Être
ouvert
Écouter c'est accueillir
l’autre avec respect tel qu'il se voit lui-même. C'est être ouvert sans juger à
tous les sujets, à tous les comportements, à toutes les expériences et à toutes
les solutions. Écouter, c’est surtout laisser à l'autre le temps et l'espace de
trouver la voie qui est la sienne. Ne vous attendez pas à ce que les gens
réfléchissent comme vous et soient sensibles aux mêmes choses que vous. Nous
devons accepter comme une richesse les différences de l’autre. Écouter, ce n'est
donc pas vouloir que l’autre soit comme nous et pense comme nous, c'est plutôt
apprendre à découvrir les qualités de l’autre. C’est être attentif à ses
préoccupations non pas aux nôtres.
5.
Comprendre
et partager
Écouter c’est comprendre
et autant que possible partager les sentiments de l’autre. Afin de réaliser ce
partage, remémorez-vous une situation similaire à celle que votre interlocuteur
décrit. Par exemple, si un ami nous raconte un évènement qui l'a embarrassé,
remémorez-vous la dernière fois que vous avez été humilié. Puis, au moment
opportun, décrirez brièvement ce que vous pensez comprendre de ses sentiments.
Par exemple, vous pouvez lui dire: “Est-ce que tu te sentais sévèrement
humilié?“. Évidemment, il est capital de poser ce genre de questions avec
parcimonie et délicatesse.
Conclusion La pratique de l’Écoute peut devenir une ouverture sur le monde parce qu’elle
permet de comprendre ce que les autres vivent vraiment. C'est une expérience
enrichissante sur le plan humain et personnel. Lorsque que vous avez un élan de
générosité et que vous vous demandez quoi donner; alors donner de votre temps en
écoutant les gens autour de vous. L’écoute nécessite du respect, de la
persévérance, de la patience, et énormément d'ouverture d'esprit; mais en
revanche, elle permet de recevoir beaucoup.
"Écouter, c'est permettre à l’autre
de s’exprimer afin qu’il trouve lui-même son propre chemin."
Ce texte a été publié dans le
magasine "Vie & Santé" (Canada) de mai-juin 2005.
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MORT
et DEPENDANCE
Mort et
dépendance sont le sujet de conversations, de lectures, de discussions
passionnées avec des ami(e)s de ma génération. Nous avons peur de peser sur nos
enfants, peur de la maison de retraite, vue tout à la fois comme un lieu
d’entassement et de solitude, de discipline et de torture aseptisée parfois et,
dans les meilleurs cas, d’une attente sans fin qui n’attend rien. Le lieu du
désir impossible. La mort nous apparaît plus souhaitable, mais, si nous n’avons
pas peur de la mort, en revanche, nous avons peur de mourir, parce que nous
avons peur de souffrir. C’est du moins ce que nous disons.
Je ne suis pas
sûre que les choses soient aussi simples. Le passage et l’après restent un
mystère, et tout mystère est inquiétant. S’il est une réalité que nous ne
pouvons pas maîtriser, c’est bien celle-là. Certains se savent, se sentent entre
les mains de Dieu et font confiance ; d’autres s’en tirent en se faisant, à
partir de leur Foi, des représentations en image d’Epinal ; d’autres, enfin,
refusent délibérément d’y penser, et quelques-uns se croient immortels. Il me
semble, quant à moi, que ma seule « porte de sortie », ce soit d’accepter sans
me résigner ; une acceptation positive, en quelque sorte. Cela me renvoie à des
souvenirs d’adolescence : pendant les premiers bombardements, je me suis dit que
si j’acceptais de mourir, je n’aurais plus peur. Et comme cela a marché, et
même m’a permis, non pas d’admirer, mais de me laisser subjuguer par l’aspect
dantesque du ciel, j’ai pensé que c’était une attitude constructive. Alors,
aujourd’hui, j’essaie de retrouver cette attitude d’acceptation positive en
vivant pleinement le jour qui passe, en acceptant de ne pas savoir ce que sera
mon lendemain, tout en le préparant de mon mieux ; c’est ce que j’appelle l’espérance.
J’essaie de vivre la fraternité pour aller à la rencontre de l’Amour absolu. Je
suis consciente de ma fragilité, mais fragilité n’est pas impuissance. La
maladie d’Alzheimer qui a accablé mon mari pendant quinze ans a été l’occasion d’apprendre à lâcher prise sans renoncer à vivre. Le dépouillement
n’est pas forcément signe de mort. Il peut être l’occasion d’une vie plus
intériorisée. Je parlais, au début de ce texte, de la nécessité de porter une
attention soutenue à ce que nous sommes en train de faire, sous peine de faire
des bêtises parce que notre tête ne fonctionne plus aussi bien et que les
sollicitations extérieures paralysent la marche de notre pensée. C’est une
difficulté qui peut être source d’un bien. Nous avons là l’occasion de creuser
notre sillon, d’approfondir notre recherche spirituelle. Le temps qui passe nous
invite à réfléchir sur notre propre parcours. Si nous le faisons dans
l’honnêteté de la lucidité, nous deviendrons plus indulgents pour les autres.
Nous accéderons à la possibilité de pardonner au lieu de réchauffer les
vieilles rancunes. Un vrai pardon, qui dit oui à la vie de toutes ses forces.
La sagesse qui
serait l’apanage des vieux n’est pas le fruit naturel de la vieillesse. Je
connais de vieux messieurs qui sont amers et de vieilles dames qui sont
mesquines. La sagesse est le fruit d’un travail sur soi. Elle naît du
dépassement positif des frustrations. Pourquoi, alors, fait-on souvent rimer
vieillesse et sagesse ? Eh bien ! Sans doute parce que, en vieillissant, les
frustrations, on connaît bien ; pas besoin de les chercher... Elles se
présentent en rangs serrés ; et si nous ne faisons pas l’effort de nous
adapter, c’est la loi du jeu de quilles. Chaque nouvelle frustration, c’est la
boule qui va démolir un peu plus l’édifice. Mais, en revanche, chaque fois que
nous aurons retrouvé un équilibre nouveau après avoir vacillé, nous nous serons
enrichis d’une expérience. La sagesse n’est pas l’ennemie du désir ; elle nous
permet de le canaliser et de le rendre efficient. La société attend des vieux
une sagesse qui ressemble à une forme d’absence ; elle en choisit un qu’elle
loue à grand bruit, pour pouvoir discrètement faire taire les autres. La sagesse
ne demande pas d’adopter profil bas, elle demande une certaine discrétion, ce
qui n’est pas la même chose. La sagesse n’interdit pas les questionnements et
les contestations ; elle laisse une part au doute. Elle ne propose pas de vérité
monolithique et rassurante. Elle est ouverte à l’imprévu, mais elle sait que
l’homme est inscrit dans une chaîne, avec un avant et un après.
Le tombeau vide de Pâques est une invitation à se
mettre en route vers l’amour, plutôt qu’une réponse. Le sage, le vieux sage, est
donc en route dans son propre chemin, qu’il débroussaille peu à peu en marchant
vers sa mort, dans l’espérance que ce jour-là, Dieu aura du talent.
Denise Lallich-Domenach
Etudes Sept.2002
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DE
QUI NOTRE BEBE SERA L'ETRANGER ?
Une histoire (vraie) de Noël.
« D’un jour à l'autre, je vais
donner naissance à un bébé, un petit garçon. Son père et moi attendons sa venue
dans une sorte de coton vertigineux, étrange et indicible.(…) Car cet enfant va
avoir du mal à entrer dans les catégories pré-établies qu’on lui propose.
Anatole Leclerc sera français, né de deux parents français, eux mêmes nés
français. Et j'espère qu'il en sera fier. Mais évidemment, si on remonte
jusqu'aux grands parents, ça se corse. Sa grand-mère paternelle était une enfant cachée, elle a porté l'étoile jaune et
ses parents sont morts d'êtres nés juifs sans avoir pu élever leurs filles.
Pendant ce temps, ses arrières grands-parents maternels étaient résistants
communistes. Son grand-père maternel (mon père) Algérien (depuis naturalisé)
était un sans papier quand il a épousé sa grand-mère, (ma mère) française, et eu
des enfants. En Algérie, pendant la guerre d'indépendance, les français ont
fusillé tous les hommes de sa famille de plus de 17 ans, sans procès ; pendant
ce temps, son grand-père paternel faisait la guerre d’Algérie en tant qu'appelé
français du contingent Son grand père maternel fait le ramadan et s’intéresse au
soufisme et à l’hindouisme, sa grand-mère maternelle est mystique et
sophrologue, ses grands parents paternels sont athées, ses parents sont athées,
tendance bouffeur de curés, imams, rabbins. Son grand père paternel est
ingénieur retraité du nucléaire, et sa grand-mère maternelle est une
soixante-huitarde écolo antinucléaire, sa grand-mère paternelle née juive
grecque est une fan de Brassens tout comme son grand père maternel qui est parti
d'Algérie, il y a trente ans, sa guitare sur le dos pour seul bagage.
Et c’est, entouré de cette famille tout ce qu¹il y a de plus française,
qu’Anatole, Magyd, Woody, Leclerc fêtera son premier Noël(…). Aujourd’hui le racisme existe toujours, l’injustice existe toujours, mais les
grandes idées nous glissent entre les mains comme le sable du désert. Seul le
mélange fait qu'on ne regarde plus l'autre comme un étranger mais qu’on voit
chez lui ce qui nous lie à lui. Malheureusement nous vivons dans un pays où le
manque cruel de mixité sociale pousse les gens à se cramponner à ce qui leur
semble être le plus grand dénominateur commun. Et horreur, je constate que ce
dénominateur est souvent la couleur, l’origine, la religion ou les trois à la
fois Les français de souches, les français noirs, les français maghrébins, les
français musulmans, les français juifs ; chacun d’entre nous en acceptant de
nous soumettre à ces étiquettes grossières, ouvrons la porte au pire des
racismes. Nous donnons à Sarkozy, à le Pen et à tous les français qui ont peur
de la différence, ce qu'ils demandent. Nous disons oui, nous sommes différents,
acceptez-nous différents, donnez des quotas à nos différences, rendez-nous nos
droits de victime de l'histoire ! Et nous tombons dans le piège que l'humanité
semble incapable de dépasser, siècle après siècle. Et ce, malgré le fait
scientifique qui fait de nous, toutes origines confondues, des êtres identiques
de chair et de sang.
" Est-ce que je préfère ma sœur à ma cousine, ou ma cousine à sa copine la
voisine ? " chante Magyd Cherfi, chanteur français, digne héritier de Brassens.
Non ! Il faut leur rappeler que la naissance est une chose, mais que le choix de
vie et les convictions en sont une autre. Non, je ne préfère pas forcément ma
sœur à ma cousine, je ne suis pas constituée que de mon héritage familial, mais
aussi de ce que j'ai appris et aimé toute ma vie et de ce que je choisis d'être
! Cessons de nous identifier à une couleur plutôt qu'à une autre, à une
souffrance plutôt qu'à une autre
Si communauté il doit y avoir, c’est la communauté des Hommes et des Femmes
libres.
Anatole, Magyd, Woody Leclerc va naître. Son père et moi ferons tout ce que nous
pourrons pour lui éviter d'avoir un jour à souffrir de ce qu'il est. Mais je ne
peux pas m'empêcher d'avoir peur (ce sentiment qui fait tant de mal) quand je
pense à lui. De qui notre bébé sera l'étranger ? De personne, je
l’espère.
Extraits d’un
texte de Baya Kasmi écrit pendant la révolte des « Quartiers »,
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LE BONHEUR
Avec la
permission de Gérard, cet extrait de son courriel qui a permis à tous les
membres du groupe EP1 d'"écouter et de partager" sur le bonheur :
Gérard a perdu
la vue suite à une grave maladie. Il est né en 1955 et a édité son premier
conte pour enfant en janvier dernier (l’Harmattan, éditeur).
Dis, c’est quoi le
bonheur ?
C’est une vaste
question que pourrait poser un enfant à son papa. Si je veux l’aborder ici c’est
que j’ai peut être une vision différente du bonheur.
Le bonheur je l’ai
connu et le connais encore. Je l’ai connu tout le temps que j’ai été élevé par
ma grand-mère. Tout était beau avec elle, tout, même les devoirs qu’elle me
faisait faire en plus de l’école.
Le bonheur je le
connais encore avec ma mère. Je lui dois beaucoup, tu sais, et je crois t’en
avoir déjà parlé, mais je résumerais à ceci : elle m’a donné la vie trois fois.
La première en me mettant au monde, la seconde lorsqu’elle à dit au chirurgien,
en mars 1961, de m’opérer alors qu’il venait de lui apprendre que je n’en avais
plus que pour douze jours et que je mourrais sur la table d’opération. Elle a
quand même dit d’opérer et ce fut une réussite formidable, inattendue, non
prévue, presque un miracle. La troisième fois ce fut ce jour de 1982 où je suis
sorti de mon premier coma profond, très profond même, ce jour où j’ai entendu
une petite voix appeler « Gérard,Gérard.. » sans cesse alors que mon corps était
maintenu en vie sur le lit avec des tas d’appareils, et que moi j’étais une
petite bille jaunâtre qui avançait lentement, si lentement vers cette voix qui
appelait sans cesse « Gérard, Gérard ». La voix devenait de plus en plus
audible. La petite bille jaunâtre avançait lentement vers la voix. Soudain la
voix est devenue toute proche. La petite bille jaunâtre a dit « tu es là
maman ? » . La voix a dit « oui, c’est maman je suis là ». Alors la petite bille
jaunâtre a réintégré le corps et celui-ci s’est assoupi.. Je me suis alors remis
à vivre. (../..)
Si je ne quitte pas
ma mère, c’est que je lui doit tant et que nous serions malheureux, l’un sans
l’autre. Ma mère et mi formons une famille à nous deux seulement puisque il n’y
a plus personne autour de nous, ni grand-mère, ni grand père, ni oncle ni tante
ni frère, ni sœur, rien , rien du tout. Alors pourquoi casser cette fragile
famille monoparentale. Nous vivons presque comme un couple, avec des bas quelque
fois, mais si rares, plutôt des hauts et j’aime faire rire ma mère, le rire
c’est du bonheur et j’aime donner du bonheur.
(puis Gérard parle de sa maladie ,
son reste de vue qui lui fait voir des choses extraordinaire et qui prête à rire
ou à sourire..)
Ces « vues »
souvent inattendues me rappellent cette vérité que je veux oublier : je suis
amblyope profond. Mais mon envie de vivre heureux domine et m’aide à surmonter
ces moments difficiles.
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EXPERIENCES DE VIE PERSONNELLE
Quand ce groupe
devient un lieu d’expression où il est possible de déposer des expériences de
vie personnelle :
Nous livrons ici
deux moments forts vécus autant par celui qui a amené le sujet que par ceux qui
l’ont reçu.
La maltraitance d’une
personne âgée
Lors d’une
tentative de dénoncer un tel acte, comment être cru et entendu par les
professionnels du médico-social qui se couvrent ou ne veulent pas toujours voir
la réalité ?
La question était
alors de dépasser la culpabilité ressentie face à cette situation bloquée, où
celui qui dénonce se retrouve seul.
Il semble important
d’entretenir notre capacité à dire, à s’indigner, à s’opposer et résister pour
protéger les autres.
Etre conforté dans
cette position est nécessaire à un moment donné, dans une action que l’on mène
seul pour l’un de nos proches. Se relier à des associations d’usagers peut aussi
aider.
Intimidation dans une cave,
vol de 50 euros et tentative de racket d’un jeune de 18 ans par deux de ses
copains d’origine étrangère.
Toute la
difficulté résidait dans « quelles actions et réactions avoir dans cette
situation ? »
Ces jeunes
gens avaient été ses amis, venaient chez lui, connaissaient bien ses parents.
La question de
la protection de la victime se pose: le jeune de 18 ans est touché, a peur et
subit surtout une incompréhension totale.
Lors du
partage de cet événement, le groupe « Ecoute et Partage » a pu contenir à ce
moment toutes les idées à mettre en œuvre pour faire face à cette situation :
elles étaient multiples et parfois opposées. Cela mettait bien en évidence la
difficulté de trouver « la bonne façon de réagir ».
D’une part, la
question de l’intervention de la loi a été largement évoquée.
D’autre part,
même si nous étions tous persuadés qu’elle est une richesse, la dimension de la
différence de valeurs et de culture abordée ce soir là, a ouvert sur la
compréhension de modes de fonctionnement qui ne nous sont pas accessibles
naturellement.
Cet échange a
permis certainement de trouver un entre deux et de ne pas répondre de façon
extrémiste (comme l’a d’ailleurs été ce méfait).
Même si
l’option de faire une main courante à la police a été retenue, elle s’est
accompagnée par une tentative d’échanger avec les jeunes, de les interpeller sur
leurs agissements qui dépassaient notre entendement.
Il est vrai
que la discussion n’a pas été simple comme si l’accès à la nuance, à la distance
par rapport aux mots prononcés n’était pas possible.
Les mêmes mots
ne semblent pas avoir le même sens. Le rappel à la loi a été mal perçu, comme
impossible à entendre. Ceci dit, il a quand même eu le mérite d’être prononcé.
Tout est
amplifié, excessif.
Le discours le
plus entendu, a été celui du côté de l’affectif, celui du cœur…Heureusement
peut-être… Sinon, tout cela aurait pu être sans issue ou en réponse à l’excès et
la gravité des faits, dans quelque chose du « tout du côté de la loi » (une
plainte). C’était cependant difficile d’oublier que ces trois jeunes étaient
encore des copains un mois avant les faits.
La vie d'Ecoute
et partage
Le groupe a
pour chacun d’entre nous cette capacité d’accueillir les « paroles des uns et
des autres ». Le temps d’une pause et le temps d’y déposer ce qui nous anime,
qui nous traverse l’esprit, qui nous entame, qui nous dérange et même qui nous
fait souffrir.
Ce groupe nous
semble peut-être à chacun une force dans notre parcours de vie ; force puisée
dans la relation à l’autre, « aux autres » dans la richesse de leurs paroles
énoncées ; force trouvée à l’intérieur de chacun dans le désir d’adresser des
paroles pour les partager…
Il apparaît
d’ailleurs que les thèmes amenés ces derniers temps évoquent bien notre
condition humaine dans cette dimension d’être relié aux autres hommes, de
l’ajustement permanent que cela nécessite, de la place si souvent questionnée de
l’homme dans différent groupe.
Chacun se livre ou
livre une petite part de lui :
La parole… dire
ce que l’on pense…comment est entendue ma parole par l’autre…elle peut être
violente, génératrice de conflits…
Et puis, l’écoute des paroles des autres, les propos prennent du sens ou ne valent
pas la peine … la capacité du retrait…
La transmission,
donner, le bonheur à transmettre
Etre avec
les autres, et non pas tout seul, ressentir cette force en nous
(existence de Dieu ?) et percevoir le potentiel en l’autre.
Responsable
de notre comportement, accepter nos limites, les reconnaître.
C’est en mettant au
milieu du groupe tout ce beau matériel de paroles, de pensées, de
réflexions et c’est en saisissant chacun à notre mesure
cette
nourriture pour l’intérioriser qu’Ecoute et Partage chemine. Nous sommes
entraînés dans une aventure où alternent des moments de fermeture, puis
d’ouverture, des moments vides qui se remplissent.
Pascale et Jean-Paul Mourot
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ECOUTE et PARTAGE
Les préoccupations des femmes, des hommes -et des jeunes- d’aujourd’hui sont
souvent très concrètes : les conditions d’existence suffisent à mobiliser
leurs énergies. Beaucoup parmi eux, nous semble-t-il, sont cependant
très sensibles aux besoins des autres à travers leurs propres difficultés. La
solidarité ou les combats pour la justice les interpellent. Ils sont soucieux
d’authenticité et savent s’engager dans des actions précises.
Si, pour beaucoup d’hommes actuels,
l’interrogation religieuse n’a guère de place et si le clivage entre croyants
et agnostiques s’estompe, certains de nos contemporains sont toutefois
interpellés par celui qui a faim, celui qui souffre, l’étranger, le malade,
les sans papiers et sont attentifs au monde dans lequel ils vivent. Affrontés
à la souffrance, aux épreuves, ils apprécient d’être accueillis, écoutés,
visités et ils entendent facilement cette parole :
« Chaque fois que vous avez donné à manger à ceux qui ont
faim, visité celui qui est malade, accueilli l’étranger, chaque fois que vous
l’avez fait à l’un de ces petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous
l’avez fait » Matthieu 25- 34 à 46.
Même si beaucoup ne se préoccupent guère de
religion, certains essaient de vivre ce qu’ils croient. Si beaucoup ne
« pratiquent » pas –c'est-à-dire ne fréquentent pas les offices religieux-,
certains pratiquent en réalité l’essentiel en assumant personnellement la voie
de l’autonomie pour répondre à leurs interrogations et en se construisant dans
la réflexion et le dialogue.
Chaque fois que quelqu’un fait en effet
l’expérience d’une écoute attentive et d’une mise en
commun loyale, il découvre étonné, émerveillé que les approches
diversifiées viennent enrichir sa propre perception. On peut avoir des
appréciations différentes sur des sujets brûlants (par exemple l’euthanasie,
l’avortement, l’accueil des immigrés, l’aide des plus démunis), l’écoute vraie
et le respect des convictions de l’autre n’estompent pas ou ne réduisent pas
nos propres convictions mais peuvent les fortifier en nous interpellant et en
nous invitant à les expliciter.
Les femmes et les hommes de notre groupe
souhaitent utiliser leur autonomie, leur liberté et leur responsabilité pour
vivre une véritable cellule d’écoute et de partage. Le message évangélique et
d’autres textes prophétiques nous permettent d’essayer d’incarner dans la vie
les valeurs vivantes qui nous animent et de les vivifier. Nous savons qu’il ne
faut rien attendre du ciel - « Pourquoi regardez vous le ciel ? » (Actes de
apôtre 1 , 11) – mais qu’il importe d’empoigner à pleines mains notre terre et
notre chemin en humanité. Nous n’écoutons plus les « commandements », les
vérités toutes faites et infaillibles, les réponses toutes données qui ne
permettent pas un dialogue véritable. Nous sommes ouverts aux questions, aux
appels et aux aspirations de l’humanité en recherche. Mais nous fuyons le
fanatisme, les intégrismes des Ayatollahs ou des Bush qui utilisent Mahomet ou
Dieu pour satisfaire en réalité leurs intérêts. Nous croyons que « vos fils et
vos filles prophétiseront » comme l’annonçait le prophète Joël et
qu’aujourd’hui l’Esprit continue à souffler où il veut (Jean 14.12).
Les
membres d’Ecoute et Partage
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